Mois : janvier 2017

Gouvernance mondiale: y a-t-il un pilote dans l’avion?

L’Occident n’a plus le monopole des instances de gouvernance. La Chine, notamment, s’immisce dans les lieux de pouvoir, voire en initie de nouveaux.

Personne ne connaît Kim Yong Kim. Personne, en dehors de quelques initiés du grand jeu diplomatique. Grand front dégarni et petites lunettes rondes, cet Américain de 56 ans d’origine coréenne vient de signer pour un deuxième mandat à la tête de la Banque mondiale. La Banque mondiale? L’une des deux institutions, avec le FMI, héritières des accords de Bretton Woods en 1944, et dont la mission est l’aide financière aux pays les plus pauvres de la planète.

Une nomination passée totalement inaperçue, qui en dit long sur le poids que joue désormais cette vieille dame dans la gouvernance mondiale. Le suspense n’avait rien d’haletant: depuis soixante-dix ans, l’Occident se partage sans complexes les sièges: le FMI pour l’Europe, la Banque mondiale pour les Etats-Unis.

La Chine, l’Inde ou quelques géants africains ont bien toqué à la porte pour obtenir un strapontin. En vain. A mesure que la mondialisation se complexifie, le besoin d’une action coordonnée des Etats pour relever les défis du réchauffement climatique, de l’instabilité financière ou des inégalités croissantes n’a pourtant jamais été aussi pressant.

Certes, la COP a réussi à réunir autour de la table 195 Etats. « Quant au FMI, il a commencé sa mue idéologique en admettant que la libéralisation financière pouvait contribuer au creusement des inégalités dans de nombreux pays émergents », analyse Françoise Nicolas, maître de conférences à l’université Paris Est. Une façon de faire entendre une autre voix que celle du fameux consensus de Washington.

Reste que, sous l’impulsion de Pékin, d’autres instances de gouvernance voient le jour. « Pas forcément pour supplanter les anciennes, plutôt pour les compléter », soutient Thomas Gomart, le directeur de l’Ifri. Revue de détail de ces lieux de pouvoir qui compteront dans le monde de demain.

La New Development Bank, le banquier des Brics

Lorsqu’ils se retrouvent à Fortaleza à l’été 2014, les Brics sont très remontés. En 2008, le G20 leur a promis une réforme de la gouvernance du FMI… Mais, six ans plus tard, rien n’a changé. Sur initiative chinoise, le club des cinq crée alors sa propre banque de financement des infrastructures, la New Development Bank (NDB).

Pour Jean-Joseph Boillot, « la NDB est moins une alternative aux institutions existantes qu’un outil politique permettant aux Brics d’affirmer leur solidarité ». Son premier chantier: 719 millions d’euros investis dans les énergies renouvelables.

Le comité de Bâle, le gendarme de la finance

Il est sorti de l’ombre après 2008, quand la planète bancaire a frôlé le précipice. Créé en 1974, le comité de Bâle a pour objectif de s’assurer de la solidité du système financier mondial. C’est lui qui a exigé le renforcement du niveau et de la qualité des fonds propres des banques.

Son projet de réglementation, dit de « Bâle IV », qui va encore plus loin, a déclenché l’ire de la plupart des banques, notamment européennes. Les trois têtes de l’exécutif européen menacent même de ne pas voter ce texte. Le bras de fer ne fait que commencer.

La COP, le pompier de la planète

Attaquées pendant vingt ans pour leur faible bilan, les négociations onusiennes sur le climat ont redoré leur blason avec l' »accord historique » de Paris de décembre 2015, adopté et ratifié en un temps record. Pour la première fois, les industriels et acteurs de la société civile ont été étroitement associés aux discussions. Surtout, 195 Etats se sont engagés à contenir sous les 2 degrés l’augmentation de la température mondiale d’ici à 2100.

195 Etats ont signé, en décembre 2015, l'accord de Paris sur le climat, sous l'égide de la COP.

195 Etats ont signé, en décembre 2015, l’accord de Paris sur le climat, sous l’égide de la COP.

REUTERS/Jacky Naegelen

Maintenant, comment passer des belles promesses aux actes? La question a été au menu de la COP 22 de Marrakech, fin novembre. Sans accord international sur le prix du carbone, cet objectif semble intenable.

La Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures (BAII), le financeur de l’empire chinois

C’est le bras armé de la Chine pour affirmer sa toute-puissance et sa volonté impériale. La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, lancée en 2014 et initialement dotée d’un capital de 100 milliards de dollars, est l’outil financier qui va permettre à Pékin de financer son projet démesuré de « nouvelles routes de la soie ».

« Il s’agit de créer un vaste réseau d’infrastructures capable d’innerver un empire commercial s’étendant sur tous les continents et soutenu par une puissance militaire sinon incontestée, en tout cas suffisante pour dissuader les Etats-Unis », décortique Caroline Galacteros, spécialiste des questions internationales et de défense. Alors que les Etats-Unis et le Japon la boudent, la France est entrée au capital de la BAII le 16 juin dernier.

L’Icann, le régisseur du net

A la fin des années 2000, elle a été au coeur d’une discrète bataille entre les grandes puissances mondiales. L’Icann? L’organisation à but non lucratif gère depuis 1998 l’attribution des noms de domaine. Elle a donc pouvoir de vie et de mort sur les sites Internet. C’est peu dire que les enjeux financiers et de sécurité sont considérables.

Sous la pression de l’Europe, les Etats-Unis ont accepté début 2014 d’abandonner leur tutelle sur l’Icann au profit d’une gouvernance mondiale. A l’époque, un transfert des compétences à l’ONU est envisagé, mais Washington, craignant l’influence de la Chine sur la liberté du Web, refuse.

L’Organisation de Coopération de Shanghai, le challenger de l’Otan

Ironie de l’histoire, le jour où le Royaume-Uni claquait la porte de l’Union européenne, en juin dernier, le groupe de Shanghai réuni à Tachkent accueillait en son sein l’Inde et le Pakistan.

En une quinzaine d’années, l’OSC est devenue le club des pays nucléarisés non occidentaux. Son objectif : être un pendant géostratégique et militaire de l’Otan. « Les Etats-Unis ont bien tenté de frapper à la porte de l’OSC en demandant un poste d’observateur, cela leur a été refusé. De peur de subir le même sort, l’Europe ne s’est même pas portée candidate », décrypte Thomas Gomart.

Julie de la Brosse

L’Expansion

Le Mercedes GLA dans la force de l'âge

On n’attendait guère Mercedes, champion de la grande berline, sur le SUV compact. Pourtant, il faut bien admettre que le GLA a trouvé toute sa nouvelle dimension, compensant la disparition du concept monospace de la toute première génération. Deux voitures en une, l’une basse et d’aspect jeune et sportif, la Classe A, l’autre surélevée et matinée d’une robe SUV et le tour est joué.

Pourtant, voilà la remise à jour à mi-parcours qui, pour certains clients, est le bon moment d’acheter. Toutes les maladies de jeunesse sont passées et l’on peaufine alors tout ce qui peut l’être pour reprendre de l’avance.

Mercedes GLA Mercedes GLA
Le Mercedes GLA n’a rien à envier aux Mercedes de segments supérieurs

Le GLA qui est dévoilé ce 8 janvier au NAIAS, le Salon de Détroit, révèle ces nouveaux atours avec une apparence plus virile, musclée même qui justifie tout en haut de gamme l’arrivée d’une version AMG GLA 45 4MATIC. Avec une puissance portée à 381 ch, elle mérite comme si cela ne suffisait pas une version Yellow Night Edition. Le but est d’entretenir la flamme autour d’une gamme A qui a largement contribué à rajeunir la clientèle à l’étoile.

Leader en Chine et aux États-Unis

Mercedes GLA Mercedes GLA
Mercedes GLA

Le GLA est le premier SUV de sa catégorie sur les marchés Chine, États-Unis, Allemagne et Grande-Bretagne. Mercedes y voit notamment le bénéfice de l’éventail très large des motorisations qui commencent avec la GLA 180d de base à 109 ch et culmine avec l’AMG trois fois et demie plus puissante. C’est dire la maîtrise technique acquise dans la construction d’un tel éventail de modèles, impensable il y a seulement dix ans.

Sur les GLA standards, la suspension revue pour améliorer le confort propose en option une version off road à la garde au sol augmentée de 30 mm. Les phares bi-xenon cèdent la places aux LED à la coloration proche de la lumière du jour. Les retouches de carrosserie ont permis de peaufiner encore l’aérodynamique située entre 0,28 et 0,29 selon la version. Comme chez d’autres, on se méfie du conducteur que l’on place sous surveillance avec l’« Active Brake Assist » de série. Ce système le prévient s’il n’y a pas assez de distance avec le véhicule qui précède et si nécessaire, assure un freinage approprié jusqu’à, si nécessaire, un freinage d’urgence.

Conducteur imparfait

Il y a aussi l’« Attention Assist » qui détecte les signes caractéristiques de somnolence par le comportement de la direction et d’avertir le conducteur à l’approche de micro-sommeils. Ces deux systèmes figurent en série sur le GLA. Parmi les petites attentions bien utiles sur ce véhicule, mais en option, on citera l’arrivée de la caméra à 360° situant les obstacles alentour et l’ouverture « mains libres » du hayon.

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Ambiance sportive à bord de l’AMG GLA 45 4Matic © Daimler AG – Global Communications Mercedes-Benz Cars Daimler AG – Global Communications Mercedes-Benz Cars

Du côté des moteurs, on note une nouveauté sur le GLA 220 4MATIC doté d’un 4 cylindres 2.0l de 184 ch et un couple de 300 Nm. Il comble l’écart entre les deux moteurs essence actuels de 156 ch et 211 ch. Évidemment, c’est un tout autre registre que celui du GLA 45 4MATIC dont le physique et le technique changent totalement. Le tablier avant redessiné, les nouvelles grilles d’aération pour un refroidissement plus efficace ou l’aileron de toit sont, avec les nouvelles roues aluminium en finition brillante ou gris titane de 20 pouces, autant d’éléments distinctifs. De haut perché, le GLA AMG redescend pour faire corps avec la route et augmenter le dilemme avec sa sœur de Classe, la A. Mais c’est un choix qui se pose à chaque niveau de la gamme et Mercedes a la réponse appropriée.

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La version endiablée par AMG de la Mercedes GLA fait l’objet d’une finition spéciale pour le lancement © Daimler AG – Global Communications Mercedes-Benz Cars Daimler AG – Global Communications Mercedes-Benz Cars

Assurance maladie : « Le système actuel est un non-sens ! »

Confronté à une levée de boucliers, François Fillona été obligé de rétropédaler sur sa proposition de réforme de l’assurance maladie, contenue dans son programme pour la primaire de la droite. Si bien que ses intentions restent inconnues. Sa nouvelle équipe de campagne planche sur la formulation de nouvelles propositions qui devraient être connues fin janvier ou début février. En attendant, l’économiste spécialiste de la santé Pierre-Yves Geoffard, directeur de l’École d’économie de Paris, explique pourquoi le système mérite d’être adapté. Explications.

Le Point.fr : La réforme proposée au départ par François Fillon dans son programme pour la primaire, qui consistait à recentrer l’assurance maladie sur les « maladies graves » et les « affections de longue durée », était-elle crédible ?

Pierre-Yves Geoffard © DRPierre-Yves Geoffard © DR
Pierre-Yves Geoffard, directeur de l’École d’économie de Paris. © DR

Pierre-Yves Geoffard : C’était une proposition très floue. Il faudrait entrer dans les détails. Comment définir une maladie grave ? Un problème bénin peut se transformer en une maladie grave, surtout si la personne fait face à un problème d’accès aux soins.

C’est ce qu’a révélé la phrase de Jérôme Chartier, le porte-parole de campagne de François Fillon, sur France Inter : « Ça dépend du rhume. »

Oui, en termes de communication, c’était désastreux. Et ça a révélé que cette idée du programme n’était pas très creusée, ou alors que le porte-parole n’était pas au courant… Mais il n’en reste pas moins que, de facto, l’assurance maladie obligatoire s’est concentrée, ces 15 dernières années, sur les patients atteints d’affections de longue durée (ALD). La part des dépenses de soins de la Sécu, par opposition aux complémentaires, consacrées aux 17 % de patients en ALD atteint désormais 75 % du total (un chiffre qui inclut les dépenses en rapport avec leur maladie, prises en charge à 100 %, mais aussi leurs autres soins).

Cette tendance a été masquée par la relative stabilité de la part de l’assurance maladie dans la dépense totale de soins, y compris celle des assurances privées, à 77 %. Mais cette stabilité cache plusieurs réalités. Pour les soins liés aux ALD, la prise en charge est de 100 % avec une exonération du ticket modérateur (part d’une consultation non prise en charge par la Sécu, mais par les complémentaires, NDLR). En revanche, pour les autres dépenses, le taux de prise en charge par l’assurance maladie obligatoire a baissé avec la mise en place de franchises, sur le transport médical, 1 euro sur les consultations, etc.

Les tickets modérateurs sont devenus un simple outil destiné à transférer des remboursements vers les assurances complémentaires.

Le système actuel, qui combine justement un remboursement de l’assurance maladie et des complémentaires pour chaque acte, est-il optimal ?

Non, c’est un non-sens. Au départ, les tickets modérateurs avaient été institués pour laisser une partie des soins à la charge de l’assuré. Un peu comme une franchise dans l’assurance automobile afin de pousser à des comportements plus vertueux et de limiter les petites dépenses coûteuses à traiter pour l’assureur parce qu’il faut ouvrir un dossier à chaque fois. Mais, dans le système français, les tickets modérateurs sont pris en charge par les complémentaires santé, qui couvrent désormais 95 % des gens. Ces tickets modérateurs n’ont donc aucun effet, ils ne modèrent absolument rien. Ils sont devenus un simple outil destiné à transférer des remboursements auparavant pris en charge par l’assurance maladie obligatoire vers les assurances complémentaires, et ce, afin d’équilibrer le budget de la Sécu. Ce mouvement est passé relativement inaperçu parce que les gens avaient l’impression d’être toujours aussi bien remboursés puisqu’ils étaient couverts par leur complémentaire. Mais, lorsqu’ils ne sont pas remboursés, les tickets modérateurs sont à manier avec beaucoup de précautions. En effet, ils peuvent conduire des gens à ne plus se soigner, ce qui peut générer des dépenses supérieures lorsque leur état de santé se dégrade par manque de soins.

Pourquoi ce double remboursement, par l’assurance maladie obligatoire et par les complémentaires, sur chaque consultation chez le médecin pose-t-il problème ?

Cette spécificité du système français entraîne une duplication des coûts de gestion liés au remboursement du soin. Le même dossier est ouvert à la Sécu pour le premier remboursement, puis par un assureur, chacun avec un système informatique différent, etc. La Sécu et les complémentaires ont des coûts de gestion du même ordre de grandeur, de 6 à 7 milliards d’euros par an chacun.

Cela veut-il dire qu’il y a des économies à faire ?

Le montant est très difficile à évaluer, mais il atteint sans doute une grande partie de ces 6 à 7 milliards de coûts de gestion.

Grippe aviaire: « Coup de massue » pour les éleveurs de canards

Une nouvelle campagne d’abattage massif de volailles a été lancée jeudi dans 150 communes du Sud-Ouest. 300 000 canards ont déjà été abattus dans les zones infectées.

C’est un coup dur pour les éleveurs de canards frappés par un nouveau virus fulgurant de grippe aviaire. Jeudi, une nouvelle campagne d’abattage massif de volailles dans 150 communes du Sud-Ouest a eu lieu.

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À Auch, devant la préfecture du Gers, département le plus durement touché par l’épizootie, quelques dizaines d’éleveurs et de chasseurs, réunis sous une bannière dénonçant la « mort de la filière », ont manifesté leur désarroi face à l’incertitude.

« On ne sait pas quand on va pouvoir reprendre »

« C’est un coup de massue », a fustigé Jean-Michel Duffau, gérant d’une coopérative à Riguepeu (Gers), qui va devoir recourir au chômage partiel pour ses 60 salariés. « Le gros problème, c’est qu’à ce jour, on ne sait pas du tout quand on va pouvoir reprendre. »

Depuis un mois, les cas de grippe aviaire ne cessent de grimper. Jeudi après-midi, le nombre de foyers confirmés était passé à 95, principalement dans des élevages du Sud-Ouest, et cinq cas dans la faune sauvage.

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Le virus H5N8 qui se propage de façon fulgurante depuis fin novembre dans l’Hexagone est classé « hautement pathogène ». Il est « nettement plus meurtrier » que la souche H5N1 de fin 2015, selon Jean-Luc Guérin, professeur à l’École nationale vétérinaire de Toulouse et chercheur à l’INRA.

Plus de 300 000 canards ont déjà été abattus dans les zones infectées. Mais face à l’ampleur de la crise, le ministère de l’Agriculture a décrété l’abattage d’un million de palmipèdes élevés en plein air et prêts à gaver dans l’espoir d’endiguer l’épidémie.

« Dans le flou le plus total »

C’est la première fois qu’un abattage massif préventif est décidé. Lors de la précédente crise, un vide sanitaire consistant en un dépeuplement progressif des élevages avait été mené de janvier à mai 2016.

« Un abattage qui va durer dix jours, plus un vide sanitaire qui va durer un mois, peut-être plus, le temps de remettre des canetons en place pour avoir des canards en gavage, ce ne sera pas fini avant fin juin », a expliqué Philippe Baron, président de l’Association gersoise pour la promotion du foie gras.

« On est dans le flou le plus total », « il y a des gens qui ont envie de quitter le métier », a-t-il ajouté au sortir d’un comité de suivi à la préfecture d’Auch qui a provoqué des conversations très animées parmi les manifestants.

« Le gouvernement a pris des décisions terribles pour nos éleveurs, mais probablement les seules qu’il faille prendre si on veut faire redémarrer cette filière », a estimé, au sein de la manifestation, Philippe Martin, président PS du conseil départemental et député du Gers.

Pour Christian Candelon, éleveur de canards prêts à gaver à Castillon-Debats (Gers), « la filière est plus qu’en danger ». « Aujourd’hui, c’est la seule solution » car « on a laissé pourrir la situation », a-t-il dénoncé. « Si on avait réagi un mois plus tôt, au lieu d’abattre un million de canards, on en aurait abattu 100 000. »

Poker : les 10 meilleurs joueurs français en 2016

Le site Hendon Mob comptabilise les performances des joueurs du monde entier, ce qui permet d’établir le palmarès de l’année. Sur le plan mondial, impossible de rivaliser avec les 16,6 millions de dollars remportés par le spectaculaire Fedor Holz, qui confirme la grande forme du poker allemand. L’Allemagne, probablement la nation la plus forte du moment.

Ce classement ne tient compte que des gains, avant déduction des frais d’inscription aux tournois.

1 – Sylvain Loosli : 1 109 261 dollars

En 2013, Sylvain Loosli se fait remarquer en atteignant la table finale du Main Event des WSOP. Il n’a pas remporté le précieux bracelet, mais termine tout de même à une très belle quatrième place pour un gain de 2,8 millions de dollars. En prime, il décroche un contrat de sponsoring avec Winamax. Depuis, il a eu l’occasion de démontrer toute l’étendue de son talent. En 2016, il totalise 14 places payées, dont 2 victoires. Son total de gains cumulés atteint 5,9 millions de dollars (4e meilleur Français de tous les temps).

2 – Adrien Allain : 1 106 240 dollars

Sympathique, respecté, talentueux et humble – une qualité assez rare chez les jeunes joueurs – Adrien Allain signe une année fantastique. Avec 13 places payées, dont 2 deuxièmes places (EPT Monte-Carlo et WSOP #35), ce trentenaire sponsorisé par Onpok aurait de quoi donner le sourire à son stakeur.

3 – Antoine Saout : 850 382 dollars

En 2009, en pleine effervescence, toute la France vibre pour ce jeune Breton parvenu en table finale du Main Event des WSOP. À un bad beat près, il était sans doute champion du monde. 1,7 million de dollars plus tard, à 32 ans, Antoine Saout fait toujours partie de l’élite. En 2016, il a atteint 12 places payées, dont 4 tables finales. Il est le cinquième meilleur Français de tous les temps, avec 5,2 millions de dollars cumulés.

4 – Jimmy Guerrero : 559 597 dollars

2016 a été « l’année Guerrero » puisqu’il y a réalisé environ 80 % du total de ses gains en tournois. On se souvient de cette fin de partie poignante lors de l’EPT Monte-Carlo où il bataillait en compagnie de son compagnon de team, Adrien Allain. À cette occasion, Jimmy laisse exploser son talent et se fait connaître d’un public plus large.

5 – Antonin Teisseire : 499 928 dollars

Tout comme Antoine Saout et Sylvain Loosli, c’est grâce à une table finale que l’histoire commence. En 2008, Antonin Teisseire termine à la 3e place du Partouche Poker Tour, à l’époque le plus grand tournoi de France. Gouailleur, sympathique et passionné, ce pur produit du sud de la France (il est niçois) entre alors dans le paysage du poker hexagonal. Après une période moins active, il revient en forme avec sept places payées, dont une victoire au WPO de Dublin.

6 – Mohamed Samri : 422 144 dollars

Totalement inconnu il y a encore six mois, Mohamed Samri s’illustre cet été en remportant l’Estrellas de Barcelone. Une performance qui lui rapporte plus de 400 000 dollars d’un coup. Comme quoi, au poker, le rêve existe encore.

7 – Said El-Yousfi : 405 365 dollars

Surtout habitué des tables marocaines et en particulier de Marrakech, Said El-Yousfi passe à la vitesse supérieure en 2016 avec 12 places payées (dont la moitié au Maroc). Mais c’est surtout son titre WSOP-C qui lui permet de figurer dans ce classement puisqu’il empoche d’un coup plus de 340 000 dollars.

8 – Paul-François Tedeschi : 356 681 dollars

Considéré depuis ses débuts comme l’un des grands espoirs du poker français, Paul-François Tedeschi ne déçoit pas ! L’année 2016 l’aura vu enchaîner 11 places payées, dont une deuxième place au WPT Nottingham.

9 – Jean-Noël Thorel : 317 312 dollars

Le doyen de cette promotion se hisse à la 9e place grâce à un poker spectaculaire et peu académique. Inutile de le chercher aux petites tables, il ne joue que les high-rollers et autres gros tournois. Ce pharmacien, qui semble ne jamais connaître la peur, a atteint 9 places payées dont 7 tables finales !

10 – Pierre Calamusa : 307 156 dollars   

Son talent n’a d’égal que son goût pour la fête, les deux étant sans limites ! Ancien coach sur Poker-Académie, puis candidat malheureux de l’émission La Maison du bluff sur NRJ12, il a été recruté par Winamax dans la foulée. En mai dernier, il a tenu compagnie à Jimmy Guerrero et Adrien Allain en table finale de l’EPT Monte-Carlo où il atteint la cinquième place, ce qui lui permet de figurer dans ce top 10.

Pierre Calamusa

Fillon le châtelain reste serein

Les attaques, les boules puantes ? François Fillon s’y attendait. Les attendait-il si vite ? Vu l’absence de préparation dans son entourage sur le sujet, on serait tenté de penser que non. Depuis son élection, à chaque semaine son lot de « révélations ». Les dernières en date ? La publication de l’acte notarié et d’une photo inédite de son château dans la Sarthe dans LeCanard enchaîné, un petit jour seulement après sa visite chez Emmaüs dans le 19e arrondissement de Paris pour un discours sur la lutte contre l’exclusion, érigée soudain en « priorité essentielle » (sic). Mais comment appréhender avec acuité la question de la très grande pauvreté quand on possède six hectares et quatorze chambres ?

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Le manoir de François Fillon à Solesmes dans la Sarthe. © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Gageons que ses adversaires ne tarderont pas à poser cette question haut et fort. Le patron du PSJean-Christophe Cambadélis s’est d’ailleurs empressé de donner le la en déclarant : « C’est un peu cruel que le jour où vous allez chez Emmaüs on publie dans la presse que vous avez un château caché qui vous donne une dimension de châtelain. »

Conseils payants

À cette polémique, il faut ajouter celle apparue dès son élection fin novembre. Lui, l’austère qui aurait pour seul plaisir coupable les voitures de course et la vitesse, l’ascète presque, pense-t-on en le regardant, certes toujours tiré à quatre épingles dans des costumes parfaitement taillés, mais n’arborant ni Patek Philippe au poignet, ni Ray-Ban aviateur, bref, lui, Fillon, avait déjà dû faire face aux indiscrétions du Canard enchaîné – encore – sur son argent. Grâce à « 2F Conseil », son entreprise dont il est le seul salarié et dont le chiffre d’affaires entre 2012 et 2015 s’élève à plus d’un million d’euros, l’ancien Premier ministre s’est versé, en plus de son salaire de député, un salaire net mensuel de presque 18 000 euros pendant trois ans et demi. De quoi esquisser d’un trait appuyé les contours de son image de candidat des riches déconnecté des préoccupations de l’électorat populaire.

Pas de sujet

Mais dans son entourage, personne ne semble déceler dans ces dévoilements le moindre risque. « Qu’il ait un patrimoine immobilier dont la valeur est moindre qu’un appartement à Paris avec un passé professionnel de 40 ans derrière lui ne me semble pas choquant, s’insurge Benoist Apparu, porte-parole du candidat. Je trouve ça délirant qu’il ait à se justifier là-dessus. » Quant au sujet de sa boîte de conseil, le député de la Marne et d’autres avec lui se rangent derrière la loi : « Si on ne veut pas qu’un politique gagne de l’argent avec une activité extérieure, alors il faut faire une loi pour l’interdire. »

François Fillon de son côté n’a pas prévu de réagir sur le sujet. Lors des réunions de son équipe (cellule des porte-parole, cellule riposte notamment), le sujet n’a pas été évoqué et aucun « élément de langage », comme on dit dans le jargon de la communication politique, distribué. Cela viendra peut-être, admet un « riposteur », mais pas question de mettre en place une véritable campagne de riposte. Ce serait accorder trop de place à un sujet mineur, veut-on croire au sein de l’équipe de François Fillon. « Le château marque son histoire de notable de province, est-ce un problème ? Il a gagné la primaire alors que tout le monde avait vu la photo dans Paris Match des années plus tôt », assure l’un de ses fidèles.

Vote populaire

Mais au-delà des chiffres, de l’évaluation exacte du montant de sa richesse, le manoir, les conseils rémunérés ne risquent-ils pas tout simplement d’éloigner de lui le vote populaire pourtant nécessaire pour gagner une présidentielle ? À la primaire de la droite, comme l’avait prévu l’ancien stratège de Nicolas Sarkozy Patrick Buisson, ce sont majoritairement les notables, les catégories supérieures ou moyennes qui ont glissé leur bulletin dans les urnes. La « France périphérique » chère au géographe Christophe Guilluy sur laquelle comptait Nicolas Sarkozy n’a pas fait le déplacement. Mais pour l’élection présidentielle, il en sera – espérons-le – autrement. Cette France des oubliés sera-t-elle réceptive aux discours d’un candidat dont le mode de vie est si éloigné du leur ?

Soyons honnêtes, la même remarque est possible au sujet de Nicolas Sarkozy mais étonnamment, l’ancien président parvenait à installer dans ses salles de meeting une France modeste. Quand on l’interrogeait sur ce paradoxe, il pestait bien sûr puis l’expliquait par l’usage d’un « parler vrai » qui le transformait, lui le candidat bling-bling, époux du top model Carla Bruni, en surface de projection pour un électorat populaire. Et quand on posait ensuite la question aux gens présents dans la salle, ils formulaient la même explication.

Or Fillon n’a pas ce franc-parler. Chez lui, chaque mot est pesé, chaque phrase ciselée, et voilà que son image de bourgeois sarthois-parisien est étayée par des révélations sur son patrimoine. Même si pour l’heure, il ne compte pas réagir à ces informations, il risque tôt ou tard de devoir au moins se demander : comment élargir son socle électoral dans ces conditions ?

Automobile : faut-il tordre le cou au diesel ?

Est-ce le chant du cygne ou simplement un solide rééquilibrage entre essence et diesel ? Les Français, longtemps adorateurs du gazole, s’en détachent progressivement selon un mouvement de fond qui ne semble pas près de s’inverser. S’il s’est encore vendu davantage de voitures diesel qu’à essence en France en 2016, la décrue est continue et annonce la fin de l’« âge d’or » du gazole. Celui-ci, encouragé en France en particulier par un système pervers de soutien aux ventes, au travers d’avantages fiscaux inconsidérés, a façonné une physionomie du parc automobile qui devait plus à un choix comptable que technique.

Selon le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), qui publie son bilan annuel des ventes dans l’Hexagone, 52,1 % des acheteurs de voitures particulières neuves ont choisi un modèle fonctionnant au gazole l’année dernière, une baisse de 5,1 points par rapport à 2015. Un mouvement qui se confirme nettement depuis quatre ans.

L’érosion du diesel est amorcée depuis 2012 © CCFA

L’érosion de la part du diesel est continue depuis 2012, année où elle avait atteint des sommets à 73 %. Un non-sens absolu, car entretenu par la vente de voitures urbaines réalisant des parcours fractionnés et munies de diesels qui ne lui étaient pas, par nature, destinés. Un diesel est en effet particulièrement adapté aux gros kilométrages et aux véhicules qui s’arrêtent si peu qu’ils n’ont pas le temps de refroidir, donc des véhicules de professionnels.

Érosion de l’avantage gazole

Mais la France, absolument pas freinée par ses constructeurs nationaux, a déroulé un tapis rouge au diesel et a donc séduit bien au-delà de son territoire d’élection. Les particuliers s’y sont mis massivement, alléchés par le rapport « prix du plein-autonomie ». Pour les gros rouleurs en grandes voitures, pas de problème, mais pour les autres, il s’agissait bien d’une aberration.

La perte de confiance des Français est récente. Elle a été entretenue par la publication d’études incriminant la nocivité des émissions du gazole, mais aussi par le scandale aux moteurs truqués chez Volkswagen. Il y a eu encore le resserrement des normes et des taxes, rendant ce carburant moins séduisant pour les petits rouleurs, des particuliers pour l’essentiel.

« On perd à peu près cinq points par an régulièrement, mais la tendance baissière va se confirmer, peut-être même s’accélérer en 2017 », déclare à l’AFP Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem de l’automobile. Le gazole a vu son prix croître d’environ 4 centimes à la pompe au 1er janvier, sous l’effet d’une hausse de la taxe sur les carburants (TICPE) et de la contribution climat-énergie, sans oublier la TVA. L’essence a moins augmenté, car la TICPE a baissé sur ce carburant.

Cinq ans pour changer

Mais si le particulier est échaudé, au point de ne plus représenter que 38 % des acheteurs en 2016, les sociétés restent logiquement encore très attirées par le diesel. La déduction de la TVA sur le gazole est suffisamment motivante, tant que l’essence, dans le cadre du grand rééquilibrage entre les deux carburants, n’atteindra pas le même taux de déduction, soit 80 %. Or, pour les entreprises, cela se fera par paliers selon les dispositions du budget 2017 et il faudra cinq ans pour les voitures et six ans pour les utilitaires légers pour obtenir une équité fiscale parfaite.

La Renault Zoé idéalise une image de la ville qui n’existe pas. Et les clients amateurs ont attendu la nouvelle version à capacité augmentée disponible début 2017 © Renault

« Le passage à l’essence se fait sur tous les segments », confirme Philippe Buros, directeur commercial pour la France de Renault, en évoquant 40 % d’acheteurs diesel chez les particuliers et 80 % pour les sociétés. Mais ce qui pourrait ébranler fortement le marché du diesel serait le passage à l’acte d’une interdiction totale du diesel en ville. Fin décembre, la ministre de l’Environnement Ségolène Royal s’était dite favorable à une interdiction complète à terme des voitures diesel en France, à l’image de ce que la maire de Paris Anne Hidalgo veut appliquer dans la capitale à partir de 2025.

Progrès de l’essence

« On arrive petit à petit à l’objectif d’harmoniser les prix de l’essence et du gazole. Du coup, ce sera très compliqué d’amortir le surcoût à l’achat d’un véhicule diesel », explique M. Neuvy, qui estime que « l’âge d’or du diesel est terminé ». Un point de vue que nous partageons… tant que les règles prévues sont maintenues. Mais on sait que, d’un trait de plume, elles peuvent être rapportées ou simplement différées. La dépendance tragique des constructeurs français au diesel pourrait infléchir certaines politiques actuelles très volontaristes.

En 2016, le marché français a dépassé le seuil symbolique des 2 millions de voitures, une première depuis 2011. Les immatriculations ont crû de 5,1 % à 2,015 millions d’unités. Logiquement, les voitures essence ont conquis de nouveaux acheteurs, s’arrogeant 43,8 % du marché (+ 5,3 points). Elles l’ont fait en bénéficiant à leur tour de progrès technologiques qui ont considérablement amélioré leurs performances et réduit leurs consommations. Et ce n’est pas fini (voir notre rubrique Innovation).

Effets d’aubaine

Les hybrides (carburant-électricité) constituent, en revanche, une déception. Malgré la multiplication de l’offre, elles ont marqué le pas, se contractant à 2,9 % de part de ventes contre 3,2 % en 2015, victimes d’une fiscalité moins avantageuse. C’est bien la preuve que l’effet d’aubaine joue toujours à plein. Et lorsqu’un marché commence à trop grossir pour profiter encore des aides gouvernementales, leur arrêt cause aussitôt un trou d’air dans l’essor des ventes.

Le diesel se tasse en 2016 mais ce n’est pas au profit de l’hybride essence-électrique © CCFA

Très favorisées, en revanche, par l’État, les voitures électriques ont poursuivi leur montée en puissance, dépassant pour la première fois en année pleine le seuil de 1 % des immatriculations : 1,08 % exactement, contre 0,9 % en 2015. Attention donc à ne pas grossir trop vite, car l’électrique subirait à son tour le même sort que l’hybride. De plus, le rôle de substitution au vieux diesel qu’on aimerait leur voir jouer n’a, jusqu’à présent, pas été établi. Leurs rayons d’action respectifs sont trop différents pour être confondus. Et il y a aussi l’attentisme d’une clientèle de l’électrique qui s’informe beaucoup.

« Si le marché n’a pas explosé (en 2016), on en est un peu responsables », a ainsi plaisanté M. Buros. La nouvelle Zoé, à l’autonomie quasi doublée, a été présentée début octobre au Mondial de Paris et ne sera livrée que ce mois-ci. Or cette voiture détient plus de la moitié du marché de l’électrique français.

Coignard – Montebourg, gonflé à l'hélium

« Je suis le candidat de la transformation concrète du système économique et financier, politique et européen », a déclaré avec le plus grand sérieux Arnaud Montebourg, mardi 3 janvier sur RTL. L’ancien député de Saône-et-Loire a oublié de mentionner ce qu’il entend changer à la planète, et – pourquoi pas ? – à la stratosphère. Un peu plus tard, il n’hésite pas à parler de lui comme de l’homme universel : « Les convictions sont constantes, les combats sont les mêmes. » L’usage du déterminant possessif lui paraît-il trop réducteur ?

« Je veux réorienter le système financier, le mettre au service de l’économie réelle. C’est la vision de la finance patriotique », martèle-t-il, avant de se situer dans une illustre généalogie : « Je veux rassembler l’ensemble de forces productives, ce que j’ai fait lorsque j’étais à Bercy, de la CGT au patronat, on défendait nos usines et on a eu des résultats. D’une certaine manière, Jean-Pierre Chevènement comme Dominique Strauss-Kahn sont dans cette filiation, comme d’ailleurs Colbert, Turgot, toute l’histoire de la construction de notre industrie… » Puis il choisit finalement une autre comparaison, qu’il fallait oser : « Je suis un petit peu comme, finalement, Victor Hugo lorsqu’il exaltait le travail fier… »

L’ivresse du succès

On imagine mal, toutefois, Victor Hugo, Colbert ou Turgot draguer les bas salaires en direct en proposant de rendre à chacun plus de cent euros net par mois via une baisse drastique de la CSG comme le fait Montebourg en direct. Où prend-il les six milliards que coûte cette mesure ? Dans le CICE accordé aux entreprises. Et pourquoi pas se réclamer aussi de Robin des Bois ?

L’ancien ministre du Redressement productif, il est vrai, a fait depuis longtemps de l’enflure narcissique l’une de ses marques de fabrique. Après le succès de son livre La Machine à trahir (Denoël), en 2000, il ne passe plus les portes. Dans la biographie qu’il lui consacre, Montebourg, l’homme-girouette (La Découverte), le journaliste Frédéric Charpier attribue à Pierre Joxe, son premier mentor en politique, une citation d’une grande cruauté pour commenter l’ivresse qui s’empare de son jeune protégé : « Le succès l’étourdit. Peut-être faudrait-il, comme on le fait pour les papes, lui brûler de l’étoupe sous le nez, pour lui rappeler que le succès est éphémère. »

Éphémère, peut-être, mais tellement revigorant. Durant la campagne pour la primaire de 2011, Arnaud Montebourg, raconte Frédéric Charpier, était tout content d’un immense fait d’armes : « J’ai fait la meilleure audience de la saison chez Ruquier. » On est loin de Victor Hugo !

General Motors, nouvelle victime d’un tweet de Donald Trump

Le futur président américain s’en est pris au constructeur automobile, l’accusant de fabriquer ses voitures au Mexique.

Après Boeing et Lockheed Martin, au tour de General Motors d’être ciblé par un tweet menaçant du futur président américain Donald Trump. Alors qu’il accusait les deux constructeurs aéronautiques de s’être lancés dans des programmes trop coûteux, il a ciblé GM pour ses usines au Mexique, comme il l’avait déjà fait pour Ford.

« General Motors livre des voitures Chevy Cruze, fabriquées au Mexique, à ses concessionnaires aux Etats-Unis sans payer de taxe. Fabriquez aux Etats-Unis ou payez une lourde taxe frontalière », a tweeté le président élu, qui prendra ses fonctions le 20 janvier.

La directrice de GM conseillère de Trump

L’Accord de libre-échange nord-américain (Alena), permet en effet à General Motors de fabriquer au Mexique et d’importer aux Etats-Unis hors taxe.

L’engagement de Donald Trump à rapatrier les emplois délocalisés au Mexique à la suite de cet accord conclu en 1994 lui a rapporté de nombreuses voix. Pendant sa campagne, il avait affirmé qu’il dénoncerait l’Alena et imposerait des droits de douane de 35% aux produits mexicains.

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Comme dans le cas de Boeing et de Lockheed Martin, l’action General Motors s’en est immédiatement ressentie en perdant 0,85%, avant de reprendre le terrain perdu.

Le constructeur a démenti l’accusation

Ironie du sort, la directrice générale du constructeur automobile, Mary Barra fait partie du groupe des conseillers économiques de Donald Trump qui doivent se réunir pour la première fois en février.

General Motors a démenti pour partie ces accusations en expliquant que la Chevrolet Cruze vendue aux Etats-Unis était produite sur le site de Lordstown dans l’Ohio, tandis que le modèle coupé de la même voiture produit au Mexique était destiné en priorité à d’autres marchés.

En revanche, le géant de Detroit importe depuis cet été une voiture fabriquée en Chine, la Buick Envision, et projette d’en vendre un second modèle en début d’année 2017, la Cadillac CT6 hybride. Et Donald Trump a également promis de taxer à 45% les produits importés de Chine… Où sa fille propre Ivanka fait produire des chaussures « Ivanka Trump. »

Quant à Ford, il a annoncé ce mardi annuler la construction d’une nouvelle usine de 1,6 milliard de dollars au Mexique afin d’investir dans une de ses installations dans le nord des Etats-Unis. Une décision prise en toute « indépendance », selon le PDG Mark Fields.