Non, les syndicats allemands ne sont pas opposés à l’immigration

INTOX. Mardi 29 septembre 2015, alors invitée de l’émission Mardi Politique sur RFI, la présidente du Front national a voulu joindre à elle les syndicats allemands dans sa lutte contre l’arrivée des réfugiés en Europe en affirmant que «beaucoup de syndicats [de ce pays] s’opposent à l’immigration massive, qui sert de main-d’œuvre à bas coût».

« Beaucoup de syndicats allemands s’opposent à l’immigration massive, qui sert de main-d’œuvre à bas coût. » #MardiPolitique

— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 29 Septembre 2015

DESINTOX. Ce qui est sûr, c’est qu’en Allemagne, l’arrivée de centaines de milliers de personnes a été bien accueillie par le patronat, qui voit déjà en elle, une main-d’œuvre jeune, prête à occuper les postes vacants de ce pays vieillissant. En novembre 2014, le patronat a d’ailleurs obtenu du gouvernement un assouplissement de l’accès au travail pour les réfugiés. La Confédération du patronat (BDA) souhaite aussi que les migrants reçoivent des cours d’allemand, spécialisés sur la langue du travail.

En revanche, il est inexact de dire que les syndicats se sont opposé à ces mêmes arrivées massives. En se rendant sur les sites internet de ces organisations, il n’y a aucune trace de discours contre l’immigration. Bien au contraire, la Confédération des syndicats allemands (DGB), la Fédération des fonctionnaires (DBB) ainsi que la Confédération chrétienne des syndicats (CGB), les trois principales fédérations de syndicats (7,7 millions de travailleurs à elles trois), affichent toutes leur soutien et leur solidarité pour les réfugiés.

En septembre 2015, IG Metall, le plus important syndicat allemand et membre du DGB, a appelé ses 2,3 millions d’adhérents à venir en aide aux réfugiés en créant des programmes de formation et de parrainage.

Ce qui ne veut pas dire que l’inquiétude de voir apparaître une main-d’œuvre peu chère n’existe pas… Elle a notamment été provoquée par certains hommes politiques comme Reiner Haseloff (CDU), le président du Land de Basse-Saxe et membre du parti chrétien-démocrate qui proposait le 23 septembre 2015 de payer les migrants peu qualifiés en dessous des 8,50 euros de l’heure prévus par le «Smic» allemand, «pour leur permettre de s’intégrer sur le marché». La proposition du ministre président de Basse-Saxe a été vivement critiquée par le vice-chancelier et ministre de l’économie Sigmar Gabriel, ainsi que par la ministre du Travail Andrea Nahles, dont la porte-parole assure que «le salaire minimum est sans exception».

Sans surprise, les syndicats allemands partagent cette préoccupation. Ainsi le 29 septembre 2015, suite à une rencontre avec le patronat et le gouvernement, le président du DGB, Reiner Hoffmann a salué «le fait que les organisations patronales partagent notre avis, que le salaire minimum vaut aussi bien et sans concessions pour les réfugiés»

En clair : les syndicats allemands sont vigilants sur les conditions d’emploi des réfugiés… mais en aucun cas opposés à leur venue.

Jacques Pezet