Les «réfugiés-Merkel» en route vers un logement durable

C’est le «laboratoire» censé faire la démonstration que la France peut accueillir d’ici deux ans 30 000 demandeurs d’asile – et probables futurs réfugiés – dans le cadre d’un mécanisme de solidarité européenne. A partir de ce jeudi matin, les 475 Syriens et Irakiens arrivés dans le pays début septembre depuis Munich quitteront les centres d’hébergement franciliens dans lesquels ils ont été répartis. Certains avaient par exemple été abrités en plein cœur de la forêt de Rambouillet, dans le monastère de Bonnelles. Ils seront progressivement orientés vers des logements pérennes, en majorité des appartements situés dans des «zones détendues», c’est-à-dire loin des grandes métropoles où le parc social est embouteillé.

Jeudi, une famille de trois adultes partira du côté de Saint-Etienne, deux amis coiffeurs prendront la direction de la Haute-Marne, d’autres iront dans le Tarn. «A la fin de la semaine, ces 475 personnes disposeront toutes du statut de réfugié», précise-t-on au ministère de l’Intérieur. Qui s’attache à coordonner l’action des pouvoirs publics pour réussir la deuxième phase de ce travail d’accueil: l’orientation vers les dispositifs de droit commun et l’intégration, sociale et professionnelle, de ces exilés.

Communes volontaires

Depuis la mi-septembre, des fonctionnaires préfectoraux sont allés à leur rencontre afin de leur faire remplir des formulaires détaillant leur niveau de français et d’études, leur expérience professionnelle et d’éventuels liens familiaux. «L’objectif, c’est d’envoyer les gens dans des endroits où ils pourraient trouver du travail, précise-t-on place Beauvau. On a par exemple le cas d’un homme ingénieur en pétrochimie. Cela n’avait pas de sens de l’héberger dans une zone rurale. Il va donc partir dans le Bordelais.» Par ailleurs, ces «réfugiés-Merkel», ainsi qu’ils ont été baptisés par le ministère de l’Intérieur, vont disposer très rapidement d’un récépissé de carte de séjour valable six mois, qui leur permettra d’accéder aux droits sociaux (allocations familiales, couverture santé, RSA…).

Ce dossier, coordonné par le préfet Kléber Arhoul, mobilise notamment la préfecture de la région Ile-de-France (pour les étudiants), la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) mais aussi les maires. Le 12 septembre, Bernard Cazeneuve avait reçu les élus de quelque 700 communes volontaires pour participer à l’accueil des réfugiés. Les logements dans lesquels vont arriver les 475 Syriens et Irakiens ont tous été fournis par ces maires. Ils ont été inspectés par des coordinateurs départementaux, qui se sont assurés de leur bon état et de la solidité juridique de l’offre. Ce travail de recensement est toujours en cours. Lundi, Kléber Arhoul réunira d’ailleurs l’ensemble de son réseau pour faire le point sur le parc disponible. Car dans les prochains mois, le mouvement va s’accélérer.

Sylvain Mouillard