Pour François de Rugy, pas si facile de soutenir le gouvernement

C’est ballot… Un peu plus de deux mois après avoir quitté Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) pour être libre de son soutien au gouvernement, voici que le député de Loire-Atlantique François de Rugy doit faire, depuis samedi, le tour des médias pour… s’opposer au gouvernement.

La faute au retour d’un dossier qui (tiens, tiens) empoisonnait les relations entre écologistes et socialistes du temps où ils étaient ensemble au gouvernement : le projet d’aéroport du Grand-Ouest sur le site de Notre-Dame-des-Landes. «Alors que la France organise la Conférence mondiale de lutte contre le changement climatique […] personne ne comprendrait que l’Etat relance ce projet d’aéroport, a critiqué de Rugy dans un communiqué du nouveau parti qu’il préside, Ecologistes !, Ces annonces contradictoires créent un climat de tension et de crispation regrettable.»

Le député peut bien invoquer François Hollande et une interview datant de fin septembre, expliquant que «les travaux ne démarreraient que lorsque tous les recours seraient épuisés et a tenu à préciser que tous les recours n’étaient pas épuisés», le voilà dans la même galère que lorsqu’il portait les couleurs d’EE-LV : devoir supporter l’obstination du gouvernement dans ce dossier.

A cinq semaines des régionales, comment justifier désormais que les siens se soient embarqués dans une alliance de premier tour avec les socialistes en Pays-de-la-Loire quand la préfecture du département annonce une reprise des travaux pour 2016 ? Comment François de Rugy peut-il aujourd’hui expliquer aux militants écologistes qu’ils peuvent avoir confiance sur les questions écolos avec un gouvernement qui s’entête sur ce dossier ? Voire fait de la provocation, quand le Premier ministre, Manuel Valls, se précipite en juillet pour annoncer la reprise des travaux ? Comment justifierait-il d’entrer, fin 2015, dans un gouvernement qui ordonnera l’évacuation des militants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes un mois plus tard, au risque de connaître un nouveau drame comme à Sivens l’an dernier ? Difficile de convaincre.

Lilian Alemagna