13 Novembre : un vigile du Stade de France raconte la soirée où il a «évité le carnage»

Le vendredi 13 novembre 2015, il a vu un terroriste se faire exploser juste devant lui, tuant un père de famille. Omar Dmoughi, vigile au Stade de France, a raconté mercredi devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats la soirée au cours de laquelle il a «évité le carnage».

«C’était un jour normal […] un jour comme tous les autres», a raconté Omar Dmoughi, 32 ans. Ce soir-là, soir de match amical entre la France et l’Allemagne (match gagné 2-0 par la première), il se trouve devant la porte G, gardant l’entrée du stade. «La première explosion, c’était à ma droite. J’ai rien vu, mais j’ai vu le camion qui était à côté du café qui a bougé à cause de la puissance de l’explosion. Après, je suis sorti pour évacuer du monde. La porte était ouverte pour les retardataires, on pouvait rentrer facilement, et là ça va être le carnage.»

Les policiers se dirigeant vers les lieu de la première explosion, Omar Dmoughi se retrouve «tout seul». Devant lui, il a repéré plus tôt «un jeune, maximum 23 ou 24 ans, qui [le] regarde dans les yeux». C’est en fait un autre terroriste, qui va tenter d’entrer dans le stade, après avoir fait plusieurs allers-retours. Il s’interpose : «Je lui ai dit « arrêtez, vous allez où ? Poussez-vous, poussez-vous ». Il m’a regardé dans les yeux, il a fait deux pas en arrière, il a explosé sa ceinture. Après il y avait un monsieur derrière, il est décédé, c’est un papa, 52 ans, type européen. Il m’a demandé de l’aide, tout le temps je le vois lui, quand je dors je le vois. Même là je le vois devant moi.» L’homme s’appelait Manuel Colaço Dias, et était âgé de 63 ans.

«J’ai évité le carnage», dit Omar Dmoughi, qui a ensuité été amené à l’hôpital, d’où on l’a laissé partir en lui demandant de revenir une semaine plus tard s’il avait un problème. «Je n’ai pas bien été pris en charge. […] Je ne suis pas bien. Je suis trop stressé. Je serre les dents jusqu’à ce que ça saigne».

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Le 29 février de cette année, son titre de séjour expirera. «Je ne comprends pas si je suis une victime ou pas», souffle ce père d’une petite fille «française».

LIBERATION avec AFP