Pourquoi Patek Philippe rend-elle fous les collectionneurs ?

Les collectionneurs de Patek Philippe ne sont pas des collectionneurs comme les autres. Capables de dépenser des centaines de milliers d’euros, voire des millions, pour une pièce rare, ils livrent des batailles acharnées, parfois sur plusieurs années, pour acquérir les raretés de la manufacture suisse. Un Graal qui confère un respect unique dans le sérail horloger. Pas besoin d’acheter un modèle tape-à-l’oeil ou plusieurs garde-temps, la discrète élégance des montres Patek Philippe témoigne du trésor que le collectionneur porte au poignet. Quiconque en possède une a conscience d’être habillé de ce qui se fait probablement de mieux en matière de travail manufacturé, héritage historique et design.

Voici quatre raisons pour lesquelles les collectionneurs de Patek Philippe apprécient tant leurs montres, au point de parfois perdre la raison.

  • La rareté

On raconte que moins d’un million de Patek Philippe ont été fabriquées depuis 1839, date de création de la maison. C’est moins que ce que peuvent produire en une année certaines des plus prestigieuses manufactures suisses aujourd’hui. La production des montres Patek Philippe est si méticuleuse et si contrôlée que les modèles les plus basiques nécessitent près de neuf mois de réalisation. Une attente aussi excitante qu’insoutenable pour l’acheteur, qui patiente parfois deux ans avant de voir sortir des ateliers certaines montres à complications. D’ailleurs, la demande, grandissante, de garde-temps Patek Philippe est tellement plus importante que le nombre de pièces produites par la manufacture que la marque a mis en place un système de liste d’attente et de candidature pour déterminer et prouver que l’acheteur est suffisamment connaisseur d’horlogerie pour « mériter » d’acquérir l’une de ses montres.

© DR

Le caractère exclusif de Patek Philippe réside également dans l’adage « l’exception qui confirme la règle ». Ses pièces étant déjà rares en raison de leur production, imaginez lorsqu’une « exception » vient se glisser dans la chaîne…, comme lorsqu’on découvre que la marque a fabriqué une poignée de modèles en acier dans une référence connue pour n’exister qu’en or. Un phénomène qui fait grimper de manière exponentielle la cote d’une montre.

  • Le design

Souvent associé aux termes « classique » et « raffiné », Patek Philippe sait pourtant jongler entre détails et designs inattendus pour surprendre et créer la passion des collectionneurs. Parmi les modèles notables qui sont ainsi sortis des sentiers battus, on peut relever la très asymétrique référence 3422 conçue dans les années 60 par Gilbert Albert ; la cultissime Nautilus dans les années 70 ; l’Aquanaut dans les années 90 ou encore la Calatrava Pilot Travel Time inspirée des montres d’aviateur du début du XXe siècle. En matière de pièces plus traditionnelles, la manufacture tire son épingle du jeu dans le soin qu’elle apporte aux finitions. En écho aux cadrans habillés d’index bâton facettés, aiguilles polies et autres subtils détails qui révèlent qu’une Patek Philippe est bien une Patek Philippe, chacun des composants du mouvement est fini et décoré à la main avec une obsession déconcertante. Le plus souvent, on ne se rend pas compte visuellement de ces petits éléments, mais, associés ensemble, ils confèrent à la montre ce petit quelque chose qui fait que son allure est harmonieuse et juste au poignet.

© DR

  • Un investissement sûr

C’est un fait (presque) incontestable. La revente d’une Patek Philippe rapporte de l’argent. Aucune autre marque – si ce n’est Rolex dans certains cas – ne peut se vanter de voir la cote de ses garde-temps grimper de manière significative année après année, sur le marché aussi bien du vintage que du neuf. Sauf rares exceptions, dès l’instant où une montre sort du magasin, elle perd d’office 20 % de sa valeur en raison de la TVA, avant de perdre encore près de 30 % correspondant à la marge du revendeur. Ce produit de spéculation ou de capitalisation que l’on cache soigneusement au coffre aura donc perdu près de la moitié de sa valeur au cours de son trajet entre la boutique et votre domicile… Patek Philippe incarne parfaitement ces rares exceptions à la règle. Ainsi, pour célébrer son 175e anniversaire, la manufacture a lancé une collection spéciale dont les pièces se sont retrouvées sur le second marché à des prix extraordinaires, seulement quelques mois après leur mise en vente. Ultra-limités, prestigieux, techniques, ces garde-temps étaient prisés par de nombreux collectionneurs qui n’ont pas hésité à les racheter à des prix nettement supérieurs aux sommes déboursées par les premiers acheteurs. C’est le cas de la référence 5131 Émail cloisonné, à peine sortie de boutique et qui a immédiatement vu sa valeur doubler aux enchères.

© DR

Dans une perspective plus historique, d’une certaine manière, on pouvait acquérir une Calatrava pour l’équivalent, en euros constants, de 300 euros dans les années 50, alors qu’aujourd’hui il faut compter environ 20 000 euros pour en acquérir une. De même que les quantièmes perpétuels chronographes – telles les séries 2499/100 – valaient près de 20 000 euros dans les années 80 et s’arrachent aujourd’hui aux alentours de 400 000 euros. Sans oublier bien évidemment les modèles originaux de la Nautilus, qui se vendaient 3 000 euros dans les années 70 et qui désormais s’échangent pour 50 000 euros.

© DR

  • Un patrimoine inestimable

Pour n’importe quel collectionneur ou acheteur, la traçabilité d’un objet est primordiale. Malheureusement, dans le milieu de l’horlogerie, les archives sont des assurances précieuses qui se trouvent très difficilement. Entre les différentes crises, fermetures, rachats, guerres et autres mouvements, de nombreuses manufactures ont perdu une grande partie de leur patrimoine historique et plus particulièrement leurs archives. Chez Patek Philippe, chaque montre, sans aucune exception, possède un extrait attestant sa fabrication. De 1839 à nos jours, la manufacture genevoise est en mesure de retracer la production, la vente et la « véracité » de toutes les pièces qu’elle a fabriquées. Un extrait des archives est à la fois un morceau d’histoire et de confiance. En effet, en plus de conférer un caractère historique et spécial à la montre, il rassure l’acheteur et augmente parfois de son tiers la valeur d’une pièce.

© DR

Acheter une Patek Philippe, c’est également transmettre l’héritage d’une vie. Si la marque joue énormément sur le côté transmission familiale dans ses publicités, la plupart de ses collectionneurs ont en effet vécu d’importants événements avec l’une de ses montres au poignet. On ne compte plus les membres de famille royale, les politiciens, les acteurs, les hommes d’affaires, les soldats, ayant célébré la fin d’une guerre, un mariage, une naissance, ou révolutionné un domaine, avec comme seul point commun la marque de leur montre. Il suffit d’assister à n’importe quelle vente aux enchères pour constater la passion des collectionneurs devant une Patek Philippe au destin lié à l’histoire exceptionnelle d’une personne. Présenté lors de la vente Sotheby’s du 14 juin 2012 à New York, un garde-temps Patek Philippe était venu mitrailler les prévisions des experts. Le choix du verbe n’est pas anodin ! Cette montre possédait un boîtier dans un platine très lourd qui servait dans la fabrication des munitions durant la Seconde Guerre mondiale. Ce métal considéré comme stratégique était devenu si rare qu’il fut interdit pour la production de bijoux et de montres. Estimée dans une fourchette entre 25 000 euros et 40 000 euros, elle a finalement trouvé un acquéreur pour la somme de 286 950 euros.

© DR