Attentats de Bruxelles, les dernières avancées de l’enquête

Trois des auteurs des attentats de Bruxelles ont été formellement identifiés grâce à leurs empreintes digitales : il s’agit des frères El-Bakraoui et de Najim Laachraoui. Ibrahim El-Bakraoui s’est fait exploser à 7h58 à l’aéroport en compagnie de Najim Laachraoui. Khalid El-Bakraoui a déclenché sa charge explosive peu après 9 heures dans le métro, à la station Maelbeek.

Qui sont les frères El-Bakraoui ?

Montage de deux photos d'archives fourni le 23 mars 2016 par Interpol de Khalid et Ibrahim El BakraouiLes kamikazes belges du 22 mars étaient déjà connus de la justice. La police les recherchait depuis la fusillade à Forest le 15 mars (qui avait précédé l’arrestation de Salah Abdeslam vendredi), affirme la Libre Belgique. Ibrahim, 30 ans, était connu pour des faits de banditisme. Selon un responsable turc, il aurait en outre été arrêté en Turquie en juin 2015 puis expulsé du pays en juillet. En octobre 2010, rapporte la Dernière Heure, le tribunal correctionnel de Bruxelles l’a condamné à neuf ans de prison pour avoir ouvert le feu, à la kalachnikov, sur des policiers, en blessant un. Les faits remontent au 30 janvier 2010 : après avoir commis un braquage avec un complice, il aurait tiré à deux reprises sur les policiers.

Khalid, 27 ans, n’est pas en reste : en février 2011, il a écopé de cinq ans de prison pour des car-jackings. «Lors de son arrestation à l’époque, il détenait des kalachnikovs avec ses complices», précise la Libre Belgique. C’est lui qui a loué sous une fausse identité l’appartement du 60, rue du Dries à Forest, où a eu lieu la fusillade du 15 mars avec la police. Il est également soupçonné d’avoir loué l’appartement de Charleroi où auraient été préparés les attentats de Paris.

Qu’ont révélé les perquisitions ?

Cinq perquisitions ont été menées à Bruxelles depuis les attentats, a indiqué le procureur fédéral. Dans l’appartement des kamikazes de l’aéroport, 15 kilos de TATP (l’explosif utilisé par les terroristes) ont été retouvés, ainsi qu’une grande quantité de matériel de chimie : «150 litres d’acétone, 30 litres d’eau oxygénée, des bacs en plastiques, des ventilateurs, des détonateurs, des clous et des vis.»

Dans une poubelle à proximité du logement, les enquêteurs ont également déniché un ordinateur appartenant à Ibrahim el-Bakraoui. Un message «testament» dans lequel il se dit «recherché de partout» et où il affirme «ne plus savoir quoi faire» y est enregistré, a annoncé Frédéric Van Leeuw.  

Qui est Najim Laachraoui ? 

Agé de 24 ans, Najim Laachraoui(photo DR) était jusqu’à lundi connu sous le pseudonyme de Soufiane Kayal. La veille des attentats de Bruxelles, le parquet fédéral belge annonçait l’avoir identifié comme étant l’un des complices des terroristes de Paris. Mardi, il s’est fait sauter à l’aéroport de Bruxelles.

Photo non datée fournie le 21 mars 2016 par la police fédérale de Najim LaachraouiAvec Mohamed Belkaïd, qui a été tué le 15 mars lors de la fusillade à Forest, il est soupçonné d’avoir coordonné la logistique des attentats de Paris, depuis Bruxelles. Il aurait également été l’un des artificiers des attaques parisiennes, son ADN ayant été identifié sur plusieurs ceintures d’explosifs, et retrouvé dans une maison à Auvelais (près de Namur, dans le sud de la Belgique), perquisitionnée le 26 novembre. L’habitation aurait servi de planque pour préparer les attentats. On sait par ailleurs qu’il a voyagé avec Salah Abdeslam et Mohamed Belkaïd, puisqu’ils ont été contrôlés ensemble le 9 septembre à la frontière austro-hongroise, de retour de Hongrie. Autre élément : son ADN a aussi été retrouvé dans un appartement de Schaerbeek, rue Henri-Bergé, où des explosifs auraient été préparés.

Spécialiste du terrorisme pour Europe 1, Didier François a estimé ce matin que Laachraoui était l’un des rares cadres de l’Etat islamique identifiés «ayant certainement connaissance de filières, voire de cellules clandestines implantées en Europe et en France» par l’organisation jihadiste. Najim Laachraoui était, selon lui, une personnalité «brillante» et «très organisée». En février 2013, il avait interrompu ses études d’électromécanique pour se rendre en Syrie, rapporte la Libre Belgique. Il a été jugé en février par contumace dans le procès d’une filière de recrutement de combattants pour la Syrie.

Des médias belges avaient annoncé pendant quelques heures ce mercredi matin son arrestation, le présentant comme le jeune homme à la veste blanche et au bob repéré sur les images de vidéosurveillance de l’aéroport, avant de faire marche arrière. L’homme arrêté mercredi matin à Anderlecht, qui refuse de livrer son identité, n’est donc pas Najim Laachraoui. Mercredi soir, il a été identifié comme le deuxième kamikaze de l’aéroport de Bruxelles.

Quel est le rôle du chauffeur de taxi qui a conduit les kamikazes à l’aéroport ?

Le chauffeur de taxi qui a déposé les terroristes à l’aéroport aurait livré aux enquêteurs des éléments clés, selon le média belge la Dernière Heure. «Alors que les médias et sites d’information diffusaient la photo des trois suspects photographiés avec des chariots et faisaient état de trois sacs de voyage, le chauffeur était certain qu’il avait sorti de son coffre un nombre de sacs plus important. C’est ce qui a déclenché de nouvelles fouilles à l’aéroport, lesquelles allaient permettre la découverte de la troisième bombe qui n’avait pas explosé. Les démineurs ont pu neutraliser le dispositif grâce au témoignage du chauffeur de taxi», écrit le journal. Il s’agissait de la charge explosive la plus puissante, a indiqué le procureur fédéral.

Le chauffeur de taxi a aussi indiqué aux policiers l’adresse où il avait été prendre ses passagers. Le logement a immédiatement été perquisitionnée par la police. Deux autres véhicules sont par ailleurs recherchés : une Renault Clio et une Audi S4 noire «appartenant à un Limbourgeois de 22 ans fiché depuis l’an passé en terrorisme par la sûreté de l’Etat». 

Célian Macé , Kim Hullot-Guiot