La première cité de la gastronomie ouvrira en 2017 à Lyon

Lyon, qui s’était vu qualifier en 1934 de « capitale mondiale de la gastronomie » par le critique culinaire Curnonsky, sera la première ville de France à ouvrir sa cité de la gastronomie ! Lancé à la suite de l’inscription par l’Unesco du repas gastronomique français au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, le label a été distribué à quatre villes françaises, Paris-Rungis, Tours, Dijon, et Lyon donc. Fin 2017, la Cité de la gastronomie de Lyon ouvrira ses portes dans l’enceinte de l’Hôtel-Dieu, célèbre pour son dôme signé par Soufflot, profitant de la réhabilitation de cet ancien hôpital monumental qui a vu en son temps œuvrer dans ses murs pas moins que Rabelais. La cité occupera 3 700 m2 des 50 000 m2 des bâtiments classés qui s’étirent le long du Rhône.

Pour les quatre villes lauréates, qui seront organisées en réseau, pas question de se faire concurrence. Chacune a dû se trouver son propre créneau. Alors que Paris-Rungis travaille sur les cuisines du monde, Tours sur l’art de vivre, Dijon sur le vin et la vigne, Lyon a choisi, dans cet ancien hôpital, de s’intéresser aux relations entre gastronomie et santé. « On retrouve ainsi la grande tradition humaniste de cette ville, considère le maire de Lyon, Gérard Collomb. On va y explorer les rapports qu’entretient l’homme avec la nature et avec lui-même. »

Parcours du goût

Le concept a été confié au chef trois étoiles de l’Auberge des Cimes de Saint-Bonnet-le-Froid (Haute-Loire) Régis Marcon. « À l’heure où les consommateurs s’interrogent sur la traçabilité des produits, il s’agit d’associer l’humain et la nature », explique-t-il. La cité comprendra un parcours du goût où le visiteur sera invité à découvrir un même produit à travers ses cinq sens et une exposition permanente retracera l’histoire de l’alimentation des chasseurs-cueilleurs à aujourd’hui. Les deux premières expositions temporaires se pencheront sur l’art de la cuisine au Japon, ainsi que sur un produit, le blé, premier produit cultivé par l’homme. L’espace se veut aussi participatif et proposera ateliers de cuisine et dégustation. Pour Martine Laville, professeur de médecine qui enseigne la nutrition à Lyon et associée à la conception de la cité, ce projet est une aubaine. « Le message nutritionnel médical a du mal à se faire entendre malgré l’accroissement de l’obésité et du diabète, et cette cité de la gastronomie doit permettre de retrouver l’intuition qu’on a à bien manger. La France a un rôle important à jouer dans ce domaine. »

Dans le futur Grand Hôtel-Dieu, qui accueillera bientôt un hôtel de luxe, des bureaux, des restaurants et des commerces, le concept de la cité de la gastronomie de Lyon est maintenant bouclé. Mais son financement pas encore tout à fait. Le projet est évalué à 19 millions d’euros. En période de disette des finances publiques, il est encore à la recherche de partenaires privés prêts à investir 11 millions pour compléter les 8 millions apportés par la ville de Lyon, la Métropole, la région Auvergne-Rhône-Alpes et le constructeur Eiffage. Les industriels de l’agroalimentaire, comme Danone ou Bonduelle ont été sollicités et la ville de Lyon ne doute pas de pouvoir boucler le tour de table d’ici le mois de mai. Gérard Collomb envisage même de présenter le projet de cité de la gastronomie à Pékin en mai prochain pour séduire des investisseurs chinois.