eBay fait rayonner les Puces de Saint-Ouen

Ennemis d’hier, alliés de demain ? eBay France et l’association de Développement et promotion des Puces de Paris Saint-Ouen ont noué un partenariat stratégique et exclusif pour une durée de trois ans. L’objectif ? Faire désormais rayonner à l’étranger le plus grand marché d’antiquités au monde.

« Plus besoin de venir à nous, nous venons au monde »

La renommée mondiale des puces franciliennes attire près de 6 millions de visiteurs par an à Saint-Ouen, pour un chiffre d’affaires avoisinant les 350 millions d’euros annuels. Alors que 70 % de ses ventes se faisaient déjà à l’export, il était grand temps de se mettre à l’heure du Net. Et quitte à le faire, autant se rapprocher de l’un des plus grands sites marchands de la planète… « Nous devions nous transformer », reconnaît en toute franchise Nicholas Moufflet, président de l’association. La baisse de la fréquentation, liée tant à la mutation des modes de consommation qu’au ralentissement du tourisme, a malmené la pérennité financière du marché. Outre l’ouverture au monde, la digitalisation de leur offre va permettre aux commerçants d’optimiser leurs horaires d’ouverture, qui passent ainsi de trois jours par semaine à 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. »

eBay x Puces de Saint-Ouen © DReBay x Puces de Saint-Ouen © DR
Interface de la vitrine virtuelle des Puces de Saint-Ouen sur eBay. © DR

162 millions d’acheteurs sur eBay

Bien qu’eBay soit la « marketplace préférée des français », son alliance avec les Puces n’avait rien d’évident. L’ennemi juré d’hier, partenaire de demain ? Pour séduire les « puciens », le géant américain a dû mettre les bouchées doubles. Gratuité des services Premium pendant un an, aide logistique pour familiariser des commerçants pas toujours rompus au e-commerce, possibilité de marchander via un chat et surtout, la garantie d’un accès privilégié aux 162 millions d’acheteurs du site ont permis aux deux parties de trouver un terrain d’entente.

Officiellement, la multinationale se félicite « de mettre en avant des commerçants qui le méritent, et de soutenir les TPE françaises ». Mais, en apposant la marque « Puces de Paris », gage de sérieux, le géant du e-commerce se défait aussi de son image parfois négative, entre vrais-faux professionnels non déclarés et contrefaçons. Pour leur part, les marchands bénéficient d’une visibilité sans précédent. « Quand je voyais défiler cinquante personnes le week-end dans ma boutique, j’étais content. Maintenant, grâce à eBay, mes objets sont vus par plusieurs milliers de personnes par jour », constate Gérard Tatin, l’un des deux responsables de l’association de Développement et promotion des Puces de Paris Saint-Ouen.

Seulement 40 pionniers

Si le partenariat a tout de l’opération gagnant-gagnant, sur les 1 200 professionnels installés à Saint-Ouen, seule une quarantaine ont pour l’instant accepté de verser 6,5 % du montant de leurs transactions à eBay. Il est pourtant crucial de se mettre à la page. Les Puces de Saint-Ouen représentent 20 % du chiffre d’affaires du marché de l’art. De leur dynamisme, dépend la santé financière de nombreux corps de métiers, au premier rang desquels se trouvent les commissaires-priseurs de provinces. Fournisseurs privilégiés des Puces, ces derniers doivent du reste leur salut à la digitalisation de leurs activités qu’a permis Interencheres.

Dans les allées du marché, un antiquaire, déjà convaincu de la nécessité de s’adapter aux nouvelles pratiques d’une clientèle de plus en plus connectée, explique que, malgré une baisse de fréquentation incontestable, son chiffre d’affaires a bondi de 80 % depuis qu’il a une vitrine sur la Toile. Il a d’ailleurs profité de l’épanouissement de son chiffre d’affaires pour ouvrir de nouvelles boutiques sur les allées du marché Paul-Bert. « Où est la crise, je vous le demande ? » conclut-il, un brin provocateur.