Montréal, la bouillonnante

Vous aimez New York ? Mais vous ne parlez pas bien anglais ? Osez Montréal ! Il y a dans son âme et son architecture un je-ne-sais-quoi de la Grosse Pomme. Comme sa grande sœur américaine, elle est une ville aux mille visages. Une diversité qui s’exprime partout : de ses plus petites ruelles à ses spécialités culinaires en passant par ses galeries d’art… Mais Montréal, malgré ses buildings et maisons victoriennes, conserve un air de « village gaulois », comme en plaisantent ses habitants à l’accent inimitable. Découverte en 1535 par Jacques Cartier, le célèbre navigateur malouin, la plus grande ville du Québec connaît un boom immobilier au XIXe siècle sous l’impulsion des mêmes architectes et urbanistes que sa rivale américaine.

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Les maisons victoriennes du plateau Mont-Royal en bordure du carré Saint-Louis.  © DR

Des ruelles vertes, du street art et des vélos

Pour sentir la vie québécoise, on enfourche un BIXI, le Vélib’ local. Aux beaux jours, c’est un million de cyclistes – presque 60 % de la population de la ville – qui dévale les 700 kilomètres de pistes cyclables. Si vous n’êtes pas un adepte, une autre option tout aussi écologique s’offre à vous : les scooters électriques (avec guide, s’il vous plaît).

Pour saisir Montréal, il faut commencer par explorer le boulevard Saint-Laurent, la Broadway Avenue montréalaise. Cette artère, qui séparait à l’origine les francophones des anglophones, reflète aujourd’hui les vagues d’immigrations successives. Chaque été, elle se mue en musée à ciel ouvert et permet de découvrir les œuvres de la crème des street artistes invités au Festival d’art mural, un événement d’envergure international.

N’hésitez surtout pas quitter ce boulevard parfois trop bruyant, pour explorer les « ruelles vertes ». Situées entre les blocs d’immeubles, ces artères permettaient autrefois aux charbonniers de livrer leur marchandise. Depuis une dizaine d’années, les copropriétés les réinvestissent. Mêlant parterres de fleurs champêtres, haut-vents de glycines et sculptures de jasmins, ces petits poumons de verdure s’épanouissent entre les briques souvent grisâtres des immeubles. De là, on rejoint le carré Saint-Louis. Le quartier connu pour ses belles villas victoriennes est aussi le lieu de villégiature de la bourgeoisie francophone. Comme Greenwich Village, avant de s’embourgeoiser, il a aussi été l’épicentre de la contre-culture dans les années 70. C’est aujourd’hui le point de ralliement des 180 000 étudiants qui donnent son nouveau souffle à la cité canadienne.

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Vue de la ville depuis la colline du Mont-Royal. Haute de 234 mètres, aucun building ne peut la dépasser.  © DR

Bagel, poutine et « marie-jeanne »

Plus loin, Mile-End et son atmosphère bohème rappellent pour sa part l’âme de Brooklyn. Tout juste couronné du titre ronflant de « quartier le plus branché du monde », il concentre sur quelques kilomètres carrés : cafés à la mode, friperies vintage, cantines bio, micro-brasseries, galeries d’art ou encore labels de musique pointue.  UbiSoft, fleuron français du jeu vidéo, y a implanté ses gigantesques bureaux. Attirés comme des mouches par tant d’atouts, gays, poètes, geeks, cinéastes et musiciens, à l’instar de Leonard Cohen ou Xavier Dolan, y ont élu domicile.

Le week-end venu, cette faune écolo branchée pédale jusqu’au parc du Mont-Royal, façonné comme Central Park par le paysagiste Frederick Law Olsmsted. Là, après avoir fait des emplettes dans les boutiques environnantes, ces nouveaux hippies filent tout droit aux « Tam-tams ». Jusqu’au coucher du soleil, ce détonnant melting-pot y danse au rythme des percussions, et fume de la « marie-jeanne » puisque le législateur le permet. Les fans de Game of Thrones apprécieront une tout autre spécificité locale : le larping. Un drôle de jeu consistant à se battre en duel. Le tout en tenue moyenâgeuse.

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Chaque année, Saint-Viateur Bagel et Fairmount Bagel se disputent le titre de « meilleur sandwich roulé du monde ». © DR

Mais parler de Montréal sans évoquer sa cuisine serait un sacrilège. Il n’y a pas que la poutine, encore que… Cette spécialité à base de frites, fromage filant et greavy (une sauce épaisse à la viande) se décline aujourd’hui dans des versions aux accents plus gastronomiques. À l’image de celle au foie gras et graines germées proposée par le chef Jérôme Ferrer, un frenchie qui dirige les fourneaux du meilleur restaurant de la ville. Tout aussi régressif, les amateurs de poulet n’hésiteront pas à pousser la porte de Romados, l’une des nombreuses rôtisseries portugaises du plateau.

Même sur la nourriture la rivalité entre Montréal et New York perdure. L’objet de la guerre ? Le bagel. Du nom de ce petit pain rond que l’on ne présente plus. Les Québécois défendent mordicus que leur recette est incomparable. Une histoire de cuisson, paraît-il.

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Y aller. Air Transat propose 7 vols directs Paris-Montréal par semaine. Aller-retour à partir de 439 € en classe éco, 1 019 € en classe club.

Se loger. Entre 20 et 30 ans, Hôtel Renaissance. Entre 30 et 40 ans, Hôtel William Grey. 40 ans et plus, Hôtel Gault.

Se restaurer. Moleskine : bistrot de qualité dans un décor raffiné. Graziella : cantine italienne de qualité. Boris Bistro : cuisine française servie dans un agréable patio. Europea Mobile : Food truck du célèbre chef Jérôme Ferrer. La Poutine au foie gras est à se damner. Cuartet : brunch incontournable.  Olive et Gourmando : sandwiches et pâtisseries de haut vol à consommer sur place ou à emporter. Cremy : réputé pour servir les meilleurs beignets de la ville.

Visiter. Dyad, tours guidés et location de scooters électriques. Toursdelatable, découverte des restaurants et producteurs écoresponsables à vélo et autres circuits culinaires. Office du tourisme.