France 2 fait le ménage dans ses après-midis pour doper l’audience

Paris – Les après-midis de France 2 seront entièrement renouvelées à partir de lundi, la chaîne espérant dynamiser son audience avec de nouvelles émissions et se démarquer de ses concurrentes qui diffusent séries et téléfilms étrangers.

Désormais chaque après-midi sur France 2, les téléspectateurs pourront regarder « Mille et une vies » animé par Frédéric Lopez, « Visites privées« , présenté par Stéphane Bern, et les talk-show « Amanda » de la comédienne Amanda Scott et « Actuality » de Thomas Thoroude.

Chaque jour à 14H00, dans le cadre d’une maison à l’atmosphère campagnarde, Frédéric Lopez accueillera « des héros du quotidien » qui viendront témoigner « de leur résilience« .

« Des gens viendront simplement me raconter leur vie, on n’est pas dans les concepts, on s’intéresse juste à des gens super sympas qui font des choses hyper sympas« , a expliqué l’animateur à la presse.

De son côté, Stéphane Bern, traitera à partir de 15H30 de thèmes contemporains (le tatouage, le vin…) éclairés par l’histoire. « C’est la première fois qu’une chaîne premium change ses après-midis de fond en comble. C’est un pari risqué« , assure-t-il à l’AFP.

A cet horaire pas de pression pour l’animateur: « le tout est d’être à la fois divertissant et dans le mieux-disant culturel« .

Alors que sur cette tranche horaire TF1 et M6 diffusent séries ou téléfilms, la mission de service public de France 2 n’autorise pas « un empilement de séries« , explique Vincent Meslet, directeur de France 2.

Ce choix répond « à une stratégie globale« , selon lui, afin « de repenser et d’essayer de trouver un ton France 2 dans les deux prochaines années » avec ces émissions qui accompagnent un déploiement de la fiction française.

– « La télé de papa » –

Il s’agit aussi de redresser l’audience des après-midis, de 6 à 10% en moyenne, un taux nettement inférieur aux 14% en moyenne pour l’ensemble de la chaîne.

Il ne doit pas y avoir « de différences de qualité entre une première partie de soirée et de journée« , argue Vincent Meslet. Le téléspectateur doit toujours se sentir sur « une grande chaîne« , d’autant que ce sont les émissions quotidiennes qui imposent l’identité d’une chaîne, ajoute-t-il.

Contenter le public de l’après-midi n’est pas aisé car c’est une audience complexe et instable, composée de femmes au foyer, de retraités, de chômeurs, d’âges très variables, de parents et de jeunes pendant les vacances scolaires.

Pour s’y adapter, la Deux a cherché « des formes intergénérationnelles« , précise Vincent Meslet, « l’on gagne en qualité, on gagne aussi en modernité« .

Pour Virginie Spies, universitaire spécialiste des médias, « il était temps de prendre ce risque sur le service public« .

Avec Lopez et Bern, la chaîne « cherche à rajeunir l’audience mais ça reste la télévision de papa« , nuance-t-elle, « ils ne vont pas attirer les lycéens. Ce n’est pas NRJ 12« .

Le côté « feel good » de ces émissions est un atout pour séduire les annonceurs, estime-t-elle, avec « la promesse d’être associés à des programmes rajeunis, qui font plaisir« .

« La télévision traverse une crise de fond, réelle, liée à la concurrence du numérique, à la difficulté de faire venir les jeunes sur les vieux écrans, et aux problèmes de financement« , relève de son côté Isabelle Veyrat-Masson, historienne des médias et chercheuse au CNRS.

« Stéphane Bern et le patrimoine sont des valeurs sûres qui captent une audience réelle et mesurable« , estime-t-elle.

Quant à Frédéric Lopez et ses bonnes nouvelles, « la recette revient régulièrement, surtout en période électorale où l’on considère qu’il faut redonner le moral aux électeurs« .

France 2 aurait été « bien plus audacieuse avec des projets ambitieux de séries à la française pour l’après-midi« , note-t-elle toutefois, mais cela coûte beaucoup plus cher.