Piaget Polo S, un pari inattendu

Piaget joue gros. Pour sa nouvelle Polo S, la manufacture délaisse la règle de la maison établie en 1957 : n’utiliser que de l’or et du platine pour ses montres et bijoux, et concevoir des calibres toujours plus plats. Pour conquérir une clientèle plus jeune, plus sportive, sur un segment de prix plus accessible, Philippe Léopold Metzger, son directeur général, a opté pour un garde-temps en acier et un design dépouillé. Déclinée en cinq modèles unisexe, la nouvelle collection entend renouer avec le succès qu’avait remporté sa grande sœur outre-Atlantique. Créée en 1979, la Polo avait connu son heure de gloire à New York en 1985, lorsque l’équipe de polo descendit à cheval la 5e Avenue.

© Prx Prx dr

Deux mouvements

Plutôt qu’une réédition, la manufacture a choisi de repenser la montre pour lui donner davantage de modernité. Au risque de ressembler à ses concurrentes s’il n’y avait pas la « patte » Piaget : le dessin du cadran en forme de coussin lové dans un boîtier rond de 42 millimètres, un fond laissant entrevoir les deux mouvements conçus spécifiquement pour la collection et un bracelet aux maillons méticuleusement assemblés.

Une simple parenthèse dans l’histoire de Piaget ? La marque s’est construite en effet sur l’association de la joaillerie et de mouvements extraplats. Cette expertise, dès les années 60, donne aux créateurs de la maison une grande liberté esthétique. Piaget sera parmi les premières manufactures à introduire des boîtiers de forme, des pierres dures ou semi-précieuses sur ses cadrans ou à marier l’émaillage, la peinture miniature, le guillochage… Des œuvres magnifiées par la production de ses propres bracelets en or, devenus sa signature stylistique et une référence dans le monde horloger. Comme l’illustre encore cette année la Limelight Gala. La montre a été équipée pour la première fois d’un bracelet en maille milanaise. De là à la joaillerie, il n’y a qu’un pas que la maison franchit allègrement avec la sortie de pièces uniques ou de séries limitées, qu’elles aient pour nom Possession, Extremely ou Rose Passion. Au fil des années, la manufacture édifie à Plan-les-Ouates l’un des plus grands ateliers de haute joaillerie de la place de Genève.

La Polo, la première montre en acier développée par Piaget : la Limelight Gala habillée d’un bracelet en maille milanaise; et l’Altiplano, la montre mécanique la plus plate au monde.  © DR

Le maître de l’extraplat

Mais le groupe n’en délaisse pas pour autant son métier premier, l’horlogerie. A la manufacture de La Côte-aux-Fées, là où Georges-Edouard Piaget conçut dès 1874 ses premiers mouvements, le groupe mettra au point dès 1957 un calibre manuel n’affichant que 2 millimètres d’épaisseur, puis en 1960 un calibre automatique de 2,3 millimètres et, plus récemment, le tourbillon et la répétition minutes les plus plats au monde. Enchaînant les records, le maître de l’extraplat a ainsi conçu plus de 25 calibres, dont certains ne nécessiteront pas moins de 250 heures de travail uniquement pour la décoration.