Pascal Praud – La terre a tremblé à Noirmoutier

Il y a eu un tremblement de terre à Noirmoutier. La page Facebook de l’association Climat Vendée rapporte qu’un séisme s’est produit dans la nuit du 21 au 22 septembre « à quelques kilomètres au large de l’île. Il a eu lieu après 3 h 57 ». Climat Vendée m’a rassuré : « La magnitude est beaucoup trop faible pour avoir fait des dégâts. Mais un séisme de 3,5 commence à être bien ressenti. »


Ouf.


J’ai quand même appelé le capitaine Gragnon :

– T’as ressenti quelque chose à 3 h 57 dans la nuit de mercredi dernier ?

– Tu te fous de ma gueule ? À 3 heures combien ?

O.K., François. Tout va bien. Et cette secousse de rien du tout me permet de donner signe de vie, de prendre des nouvelles comme ça en passant, l’air de rien, histoire de ne pas couper le fil.


Les filles ont repris leurs habitudes. On entre dans leur chambre à reculons. Y a un bordel que je ne m’explique pas. Je ne sais même pas comment il est possible d’entasser autant de jeans, de t-shirts, de pulls à même le sol sans qu’à aucun moment Lou ou Faustine se disent : « Tiens, c’est dimanche, je vais faire un truc de ouf, prendre les affaires qui sont par terre et les ranger dans le placard, ce machin en bois blanc que papa et maman ont installé, enfin surtout maman, vu que c’est elle qui a fixé les étagères et monté les tiroirs, et que même il y a des cintres avec lesquels on accroche les habits. »

« De toute façon, tu ne viens jamais dans ma chambre », m’a dit Lou.

Pas faux. Pourquoi les parents s’évertuent-ils à ce que les enfants rangent leur chambre alors qu’ils n’y vont pas souvent ? Je me méfie avec l’autorité. J’avance en souplesse. Je n’ordonne pas grand-chose. À propos d’ordonnée, ce serait bien quand même que leur chambre le soit.

« De toute façon, tu ne viens jamais dans ma chambre », Lou a dit ça aussi vite qu’elle a remis son casque sur les oreilles. Il paraît que les enfants issus de familles nombreuses avalent les mots, parlent à toute berzingue contrairement aux autres, ceux qui grandissent tout seuls dans les appartements. François Truffaut avait une théorie là-dessus et il l’a apprise à Catherine Deneuve quand ils étaient ensemble. Elle le rappelle dans la revue Schnock du mois de septembre (Lisez Schnock les amis ! Lisez Schnock !). Lou est la quatrième. Il a fallu lever le doigt pour parler, prendre son tour à table. Résultat : un débit de mitraillette. Et pas de sous-titre en direct. On comprend un mot sur deux. Bonne-maman a décroché. Estelle fait les gestes d’Herbert von Karajan, façon Concert du nouvel an : piano Loulou, piano…


La saison a recommencé et Paris est un embouteillage. Madame Hidalgo aime le vélo, les navettes fluviales, les drones, le téléphérique, le métro, la course à pied, mais pas l’automobile. Résultat, le bordel dans la chambre de mes enfants, ce n’est rien comparé à la circulation dans Paris.

À part ça, tout va bien ? La vie est belle ? L’automne a commencé. Personne ne parle de Noël, mais moi, j’y pense déjà. Chaque 1er décembre, j’entre en transe. Noël, c’est un truc spécial. T’aimes ou t’aimes pas. Je vous raconterai. Promis.

LIRE la dernière chronique de Noirmoutier de Pascal Praud.