Valls et le 49.3 : « Immense éclat de rire » au QG d'Emmanuel Macron

S’il y en a un qui a bien ri en entendant Manuel Valls sur France Inter ce matin, c’est Emmanuel Macron. « Ça l’a bien fait rire, mais ce n’est pas un rire en on [officiel, NDLR] », nous dit son entourage, qui explique que, si le candidat à l’élection présidentielle ne veut pas réagir officiellement, et eux non plus, c’est « par bienveillance » (sic). Mais au QG de campagne ce matin, « la réaction général, ça a été un immense éclat de rire », raconte un membre du staff. « En plus, on avait l’image, ce n’était même pas une caméra cachée ! » « Au début, j’ai cru que c’était un gag, c’est comme si Cahuzac disait : Je veux supprimer la fraude fiscale », s’amuse un député proche de Macron à qui « ça rappelle Sarkozy et son j’ai changé… À un moment, il faut que ce qu’on dit soit en phase avec ce qu’on a fait ».

Pour comprendre cette hilarité, retour en arrière, dans le salon Delacroix de l’Assemblée nationale, le 17 janvier 2015. C’est là, avant de rentrer dans l’hémicycle en début d’après-midi, que Manuel Valls Premier ministre annonce à Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, que sa loi pour la croissance et l’activité ne sera pas votée, qu’il dégaine le 49.3 pour passer en force, parce qu’il pense que le texte n’obtiendra pas la majorité. Macron bout intérieurement.

Des mois de travail, 400 heures de débats à l’Assemblée, 9 000 amendements étudiés, 2 000 amendements adoptés… balayés d’un coup par un chef du gouvernement inflexible. Il n’y a plus rien à faire. Les soutiens de Macron se désespèrent encore aujourd’hui de l’utilisation de ce « 49.3 de confort », utilisé comme arme par Valls contre Macron. C’est la première blessure politique du novice Macron, c’est aussi le coup de pouce qu’il manquait pour doper son ambition naissante.

« C’est dommage que le concours de la phrase humoristique de l’année soit clôt »

Deux ans plus tard, Macron et Valls sont tous les deux lancés sur la route de la présidentielle. Macron, au nom de son mouvement En marche !, Valls en tentant d’abord de remporter la primaire de la gauche en janvier. C’est dans le cadre de cette campagne-là qu’il a dégainé cette proposition du coup assez baroque de supprimer « purement et simplement » le 49.3 de la Constitution, sauf pour les textes budgétaires, certifiant avoir « appris de ses erreurs ».

« C’est dommage que le concours de la phrase humoristique de l’année soit clôt », s’amuse le porte-parole d’Emmanuel Macron Arnaud Leroy. Sur le fond, de « sa volonté de rassembler après avoir théorisé les deux gauches irréconciliables », à son envie de modifier la Constitution contre le 49.3 « après une ode à la Ve République lors de son discours de politique général », l’équipe Macron raille un début de campagne illisible de Valls, véritable adversaire de Macron pour le leadership d’une future gauche progressiste.