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François Hollande bienfaiteur de… Vincent Bolloré !

Vincent Bolloré sauvé par François Hollande ? C’est le président de la République qui s’en targue dans Un président ne devrait pas dire ça. L’homme d’affaires breton était, en effet, dans une phase difficile au printemps 2014. Propriétaire de Vivendi, donc de Canal+, Bolloré redoutait l’appel d’offres de la Ligue de football et la redoutable surenchère de beIN Sports, la chaîne du Qatar.

C’est là que François Hollande intervient. Il dit avoir reçu secrètement Bertrand Meheut et Rodolphe Belmer, les deux dirigeants de Canal+, venus demander un coup de main. Bonne pâte, le chef de l’État s’exécute. « On a sauvé Canal », lâche-t-il à Gérard Davet et Fabrice Lhomme, les auteurs du livre. Et Hollande de raconter son coup de pression : « J’ai appelé l’émir du Qatar, je lui ai dit : Vous allez venir en France en juin, on vous a défendus par rapport aux Saoudiens, on est à vos côtés, mais là, qu’allez-vous faire sur les Rafale ? Il y a aussi l’histoire du foot… Je souhaite qu’il y ait un partage. » Sous-entendu : un partage des droits TV.

Et de fait, c’est exactement ce qui s’est passé : Canal+ a conservé les meilleures affiches de la Ligue 1 pour 726,5 millions d’euros et les Qataris ont pris le reste pour 186,5 millions d’euros et la Ligue 2 pour 22 millions d’euros… Que le chef de l’État exerce une diplomatie parallèle n’est pas choquant en soi. Qu’il défende les intérêts d’un fleuron français de l’audiovisuel est même très estimable. Il est dans son rôle. Mais qu’il le dise à des journalistes et explique – s’en rend-il compte ? – qu’il a truqué un appel d’offres de la LFP laisse une fois de plus pantois…

Hollande : « Il faut sortir de l’imaginaire complotiste »

L’exercice du pouvoir exige, à ce niveau de responsabilités, une part de secret irréductible et qui ne souffre aucune exception. François Hollande n’a pas de respect pour sa fonction et se place ainsi dans une situation délicate. La LFP, en découvrant ses propos – page 305 du livre –, pourrait très bien remettre en cause cet accord avec Canal+ et beIN Sports en exigeant un dédommagement… Il est probable qu’aucune plainte ne sera déposée contre François Hollande qui jouit dans ses fonctions de l’immunité présidentielle. Mais, une fois de plus, il est insensé qu’il se laisse aller à de telles confidences… Dans dix ans, dans un ouvrage mémoriel, pourquoi pas ? Mais pas aujourd’hui en plein mandat…

On notera qu’il vient en aide à Vincent Bolloré sans esprit partisan. Bolloré, c’était « l’homme du yacht », celui sur lequel Nicolas Sarkozy avait pu se reposer quelques jours après sa victoire en 2007. Certains le décrivent comme un allié politique de l’ancien président, un homme qui aurait mis Canal+ au pas pour éviter qu’elle ne soit ce foyer anti-sarkozyste notoire… Hollande n’entre pas dans ce genre de considérations et c’est plutôt à son honneur. « Il faut sortir de l’imaginaire complotiste, dit-il aux auteurs du livre par lequel le scandale arrive. Il n’est pas vrai que les proches de Nicolas Sarkozy contrôleraient, comme ça, mécaniquement… Ça ne se passe pas comme ça. Ou alors ça s’est passé comme ça, il y a quelques années, qui ne sont pas si lointaines, mais aujourd’hui, ça ne se passe pas comme ça. » Naïveté ? Il faisait allusion aux nombreux bras de fer engagés entre 2007 et 2010 par Patrick de Carolis, l’ancien président de France Télévisions, avec Nicolas Sarkozy. Et qui ont nourri autrefois la chronique de l’auteur de ces lignes.

Plus de milliardaires en 2015, mais ils sont moins riches

Les milliardaires sont un peu plus nombreux sur le globe, mais leur fortune totale a reculé sous l’effet d’une économie mondiale morose, selon un rapport de la banque UBS.

« Les milliardaires sont-ils sous pression? » Le sous-titre de la dernière étude UBS/PricewaterhouseCoopers sur le club des ultra-riches annonce la couleur. D’après ses chiffres, leur fortune totale a reculé d’environ 6% en un an. Si elle reste colossale, à 5100 milliards de dollars, soit près de deux fois le produit intérieur brut de la France, « (…) l’âge d’or connaît un coup d’arrêt », écrivent les auteurs.

Une fortune moyenne de 3,7 milliards de dollars

Ce mauvais cru 2015 s’explique, selon eux, par les « vents contraires » qui pèsent sur l’économie mondiale, telles que la faible croissance et la chute des cours des matières premières. Les déboires des milliardaires restent relatifs: leur fortune moyenne s’élève à 3,7 milliards de dollars, quand près 800 millions de personnes vivent, selon la Banque mondiale, avec 1,90 dollar pour jour.

Le club accepte également les nouveaux venus. L’année dernière, 210 personnes y sont entrées, ce qui porte le nombre de milliardaires à près de 1400 membres, dont près d’un tiers (538) d’Américains. La région Asie-Pacifique et ses 520 milliardaires arrivent en deuxième position, grâce à l’Asie qui voit éclore un nouvel ultra-riche tous les trois jours. L’Europe ferme le peloton avec 339 heureux élus.

Bientôt l’arrivée des milliardaires juniors

Le rapport d’UBS pointe par ailleurs l’imminence du plus « grand transfert de fortune de l’Histoire » qui se produira quand les milliardaires actuels légueront leur fortune. Dans les vingt prochaines années, quelque 2100 milliards de dollars, l’équivalent du PIB indien, changeront de main. En Asie, il s’agira « du premier transfert de la richesse des milliardaires », assure le document. Bienheureux héritiers.

Dix choses à savoir absolument sur Omega

Omega fait partie de ces marques horlogères qu’on ne présente plus. Des Jeux olympiques à la Nasa, en passant par James Bond, l’histoire de la maison suisse est liée à des personnages et événements ancrés dans la conscience collective. Ses modèles les plus prisés, Speedmaster, Seamaster et autres Constellation, lui ont bâti une réputation qui traverse les âges aussi bien en matière d’innovation que de design. Et si aujourd’hui Omega est redevenue aujourd’hui l’Omega des années 1960 en se focalisant sur les collections-clés qui ont forgé son ADN, voici les dix choses à savoir absolument sur la marque suisse avant de craquer pour l’une de ses montres…

1) Ainsi est née Omega

En 1848, Louis Brandt fonde sa manufacture à La Chaux-de-Fonds en Suisse, rejoint en 1877 par ses fils Louis-Paul et César. En 1894, le mouvement Calibre 19, dit Omega, sort de leurs ateliers et devient rapidement un succès mondial grâce à sa précision. Sa renommée devient si forte que la manufacture familiale adopte le nom de Louis Brandt & Frère-Omega Watch Co.

2) La montre des pilotes britanniques

En 1917, la British Royal Flying Corps signe un contrat avec Omega afin d’équiper ses pilotes. Plus de 50 % des montres de navigation utilisées par la Royal Air Force au cours de la Seconde Guerre mondiale étaient des Omega. La marque suisse a également répondu à de nombreuses offres militaires, on compte parmi ses clients les États-Unis, la Suède, le Pérou, l’Italie, le Canada, le Pakistan et bien d’autres encore. Pour la petite histoire, les officiers et soldats américains ayant appartenu à l’expédition chargée d’explorer les îles Philippines en 1899 portaient sur eux une montre de poche spécialement conçue par Omega.

3) Jeux olympiques

En 1932 à Los Angeles, Omega devient la première marque à être nommée chronométreur officiel de toutes les disciplines des Jeux olympiques. Bien plus qu’un partenariat d’image : un métier, qui mobilise à chaque nouvelle édition des centaines de collaborateurs avant, pendant et après les épreuves.

Retrouvez notre interview de Raynald Aeschlimann, « Nous venous à Rio pour y laisser une trace ».

4) Le temps exact à vie

Au XIXe et début du XXe siècle, bien avant le quartz et les GPS, les industriels se fiaient à la précision des montres mécaniques. Pour pousser les manufactures horlogères à développer des mouvements toujours plus précis, de nombreux concours étaient organisés par différents observatoires. Ces « Coupes du monde » chronométriques aux épreuves drastiques offraient ainsi une belle publicité et de nombreux contrats juteux aux vainqueurs. En 1931, Omega remporte la première place dans les six catégories du concours organisé par l’Observatoire de Genève et adopte le slogan pour ses campagnes publicitaires : « Omega – Exact time for life », « Omega, le temps exact à vie ».

5) Roi du COSC

Selon le Contrôle officiel suisse des chronomètres (COSC), Omega est le deuxième producteur de montres certifiées chronomètres avec plus de 550 000 pièces par an. Entre 1958 et 1969, la marque suisse sortait de ses ateliers plus de garde-temps certifiés COSC que quiconque.

6) À la conquête de l’espace

À l’automne 1962, un groupe d’astronautes mené par Walter Schirra et Leroy « Gordo » Cooper passe la porte d’une boutique de montres à Houston avec en tête l’idée de trouver un garde-temps capable de les accompagner lors du projet Mercury. Quelques minutes plus tard, ils ressortent avec une Speedmaster. Le 3 octobre 1962, Walter Schirra emmène dans l’espace sa propre Speedmaster et c’est ainsi que débute la conquête spatiale d’Omega. L’année suivante, les astronautes réclament au directeur des opérations de la Nasa, Deke Slayton, des montres pour compléter leur équipement aussi bien à l’entraînement qu’en vol. Un timing parfait puisque la Nasa vient tout juste d’engager des ingénieurs dont la mission était de tester et de certifier l’intégralité de l’équipement des astronautes.

Le 1er mars 1965, la Speedmaster référence ST105.003 sort vainqueur d’une série de tests brutaux qui l’oppose à des montres Rolex et Longines. La Nasa déclare alors cette Omega « Flight Qualified for all Manned Space Missions » (homologué par la Nasa pour toutes les missions spatiales habitées), et entame une collaboration avec l’horloger suisse qui donnera naissance à des garde-temps désormais iconiques, testés et certifiés par les astronautes eux-mêmes. Le 21 juillet 1969, Buzz Aldrin marche sur la Lune avec au poignet une Speedmaster Professional, la première montre jamais portée sur l’astre.

7) La montre de 007

En 1995, dans le film GoldenEye, James Bond apparaît pour la première fois à l’écran avec une montre Omega, la Seamaster Quartz Professional. Depuis, le plus célèbre des agents secrets ne quitte plus la marque. Au cours de ses récentes aventures, James Bond défend les intérêts de Sa Majesté la reine d’Angleterre en alternant sur son poignet une Seamaster Planet Ocean et une Seamaster Professional 300M.

8) Ils portent une Omega

Parmi les personnalités collectionnant des garde-temps Omega, on peut citer John F. Kennedy, qui arborait fièrement sa montre lors de son investiture à la Maison-Blanche, Gorbatchev, Tom Hanks, George Clooney, Rory McIlroy, Elvis Presley, Mao Zedong, le prince William, Michael Phelps, ou l’explorateur Reinhold Messner, qui a grimpé en solo l’Everest sans supplément d’oxygène.

9) Antimagnétique

Garantir la précision et le fonctionnement irréprochables d’une montre, quelles que soient les conditions de l’environnement dans lequel évolue son porteur. C’est dans cet état d’esprit qu’Omega et l’Institut fédéral de métrologie suisse (METAS) ont annoncé en fin d’année 2014 la création d’une certification basée sur une nouvelle norme de qualité pour les montres mécaniques. Ses critères ? Ils se basent sur les performances des montres Omega Master Co-Axial dévoilées en 2013, à savoir : une précision quotidienne moyenne – dans diverses positions et à différentes températures – ne s’écartant pas de 0/+ 5 secondes/jour avant et après une exposition à des champs magnétiques de plus de 15 000 gauss ; un mouvement résistant à une exposition de champs magnétiques supérieurs à 15 000 gauss (soit l’équivalent d’une IRM) ; une montre résistant à une exposition de champs magnétiques supérieurs à 15 000 gauss ; une réserve de marche et une étanchéité respectant rigoureusement les critères définis selon le modèle de la montre.

Découvrez notre test de l’Omega Globemaster Master-Crhonometer.

10) À l’heure des trains

Historiquement, aucune profession ne se repose autant sur la précision des montres que les compagnies ferroviaires. Un train qui arrive à l’heure, c’est l’essence même du métier. Ingénieurs et conducteurs ont depuis toujours des horaires stricts à respecter et donc besoin de garde-temps extrêmement fiables et précis. Au XIXe siècle, avant la création des montres hautement précises à quartz, les horlogers se livraient une bataille acharnée pour équiper les professionnels des chemins de fer. Omega a été récompensée par la Chine, les États-Unis, le Canada et de nombreux pays européens à la fin du XIXe siècle, faisant de ces montres les premières références de la marque, bien avant les Jeux olympiques et la Nasa.

Alain Juppé se défend sur sa condamnation judiciaire

Alain Juppé ne lâche rien. Attaqué sur son passé judiciaire par plusieurs candidats, le maire de Bordeaux a lâché lundi soir sur BFM TV, au détour d’une réponse, qu’« en matière judiciaire il vaut mieux avoir un passé qu’un avenir », tout en assurant que ces propos ne visaient personne. Il était interrogé sur sa condamnation de 2004, un an d’inéligibilité pour « prise illégale d’intérêts » et quatorze mois avec sursis, dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.

Un propos « général »

Il a dit que, « naturellement », il se sentait visé par la proposition de Bruno Le Maire ou celle d’Emmanuel Macron d’avoir un casier judiciaire vierge quand on est candidat. « Tout le monde connaît ma situation, je me suis exprimé, et je crois que les Français m’ont compris et qu’ils m’ont relégitimé à plusieurs reprises », a-t-il dit. « Vous savez, en matière judiciaire, il vaut mieux avoir un passé qu’un avenir », a-t-il lancé. Pressé de dire à qui il pensait, il a assuré : « Non, non, c’est un propos général. » Le parquet de Paris a demandé début septembre le renvoi de l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy devant le tribunal correctionnel dans l’affaire Bygmalion pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012.

Prix Nobel d’économie: la théorie du contrat expliquée en un simple exemple

L’académie des Nobel a attribué le prix de sciences économiques à l’Américano-Britannique Oliver Hart et au Finlandais Bengt Holmström, récompensés pour leurs travaux sur la théorie du contrat. L’Express vous explique en quoi cela consiste.

La théorie du contrat concerne tout le monde: travail, banque, assurance et même abonnement à la salle de sport. Mais sur le papier, les travaux primés sont un brin compliqués. Voici ce qu’il faut en retenir.

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Cette théorie est un outil, qui vise à mieux comprendre comment les contrats doivent être conçus pour être profitables aux deux parties qu’ils engagent l’une envers l’autre. Elle part du principe que les agents économiques (individus, entreprises, Etats…) qui signent un contrat ont -à la base- des intérêts divergents. Elle vise à comprendre comment structurer économiquement le contrat pour qu’il soit profitable aux deux parties et qu’il fasse converger leurs intérêts.

Un exemple avec le marché du travail

Ces travaux sont applicables dans de nombreux domaines, les économies modernes étant régies par d’innombrables contrats. « La théorie du contrat concerne tout ce qui va structurer la relation entre un donneur d’ordre et un exécutant, explique ainsi Cécile Aubert, professeure à l’école d’économie de Toulouse (TSE)*. En économie du travail, elle va par exemple permettre de mieux comprendre comment le contrat modifie le comportement des salariés d’une entreprise. Quel contrat permet à l’entreprise d’obtenir d’un salarié qu’il s’investisse au mieux dans son travail? Dans quelle mesure inclure une part de rémunération variable va influer sur le comportement des salariés? Et sur quels critères baser ces bonus (satisfaction des clients, nombre de ventes…)? ».

Le même type d’exemple s’applique à d’autres sphères de l’économie, qu’il s’agisse des contrats passés entre actionnaires et cadres dirigeants d’une entreprise, entre une compagnie d’assurance et les propriétaires de voitures, entre une autorité publique et ses fournisseurs, etc. Le raisonnement étant toujours le même: comment structurer un contrat pour qu’il soit le plus favorable possible aux deux parties.

Comprendre les effets pervers des contrats

« Les nouveaux outils théoriques créés par Hart et Holmström sont précieux (…) pour éviter les pièges potentiels dans la conception des contrats », note l’Académie des Nobel.

Concrètement, leurs travaux permettent par exemple de montrer les effets pervers de la rémunération des patrons (stock options…) ou de mettre en évidence que rémunérer un fonctionnaire de police ou un enseignant en fonction d’une efficacité statistiquement mesurable aura des effets néfastes. Cela ne va pas augmenter son efficacité, mais le policier aura tout intérêt à accroître la part mesurable de son travail, au détriment de la qualité. Autrement dit, il fera du chiffre. Ca vous rappelle quelque chose?

« La théorie du contrat est donc un outil très utilisé, explique Cécile Aubert. Elle permet de comprendre et prévoir les comportement des agents économiques dans des champs variés. Son domaine d’application est très vaste ». Et sa compréhension (un peu) moins difficile maintenant?

*et à l’Université de Bordeaux

Laura, version originale

J’avoue ce travers : faire immédiatement de quelqu’un de réel un personnage de fiction. Prenons Laura. Je pensais parler avec la Laura du dernier roman de Nabokov, un personnage qu’imagine un romancier à partir de rien : son nom, ce qu’on dit d’elle. Ou celle du film de Preminger, incarnée par la troublante Gene Tierney dont l’image fascine à distance l’enquêteur. Qui allais-je rencontrer ? Comment faire le portrait d’une ombre laissée par l’éclat des projecteurs ? Non que cette Laura bien réelle qui aujourd’hui pose pour Le Point soit un être de fiction ou manque de lumière : des ombres, il y en a de claires. Mais parce qu’on perçoit chez elle quelque chose d’inachevé. Elle se cherche encore. Faiblesse, failles, fragilités ? C’est sa force de ne pas s’être laissé enfermer dans l’histoire qu’on avait projetée sur elle et de vouloir l’écrire elle-même. Elle est en tournage. Après quatorze films. Elle interrompt une séance d’essais d’habillage et de maquillage pour répondre à nos questions. Laura par Laura. Écoutons.

Le Point : Qui voyez-vous le matin dans votre miroir ?

Laura Smet : Ce matin, je vois Solange, que je vais interpréter dans le prochain film de Xavier Beauvois. Le cinéma, ça sert à ça, changer de rôle en rôle. Mais je reste moi-même et les cinéastes, depuis le début, m’ont choisie pour ça. Pour moi. Aucune allusion à mes parents [elle dit « illusion », joli lapsus]. Mais, au début, c’était une souffrance de ne pas pouvoir décrocher du cinéma. Maintenant, sauf quand le personnage est trop prenant, quand je rentre chez moi après le travail, je me retrouve bien. Je n’ai pas besoin de rôles pour exister. À 33 ans, j’ai cessé de foncer tête baissée. Je prends mon temps. Je ne renie pas mon passé. J’ai fait ce que j’ai pu. Mon métier m’est tombé dessus à 17 ans. Maintenant, je l’assume. Je l’aime. Sereinement.

Voulez-vous changer d’identité, comme la femme qui sort de prison dans La Bête curieuse de Laurent Perreau ?

Non, jamais de la vie. Le regard des autres ne me fait pas peur. Leurs mots, parfois, oui, ça fait mal. Quand on me traite comme une bête curieuse, justement. La prison, elle est dans la vie, ce qu’on dit de moi, ce qu’on écrit sur moi. Ça, ça fait mal. Actrice ou chanteuse ou modèle, ce sont des rôles, mais qui vous permettent de montrer une part de vous-même que vous ne connaissiez même pas.

Le film où vous vous préférez ?

Les Corps impatients de Xavier Giannoli. On se rappelle toujours la première fois, que ce soit en amour ou dans la vie d’actrice.

Modèle ou actrice, vous préférez quoi ?

C’est très différent. J’aime beaucoup les photos parce que je n’ai pas confiance en moi physiquement. J’aime la mode, les tissus, les vêtements, les transformations. Dans une photo, on ne vous prend pas votre image, c’est une composition. Ce n’est pas vous. Mais, comme comédienne, on vous demande d’exprimer quelque chose de vous, de traverser vos émotions propres. Bonnes ou mauvaises. Au début, pour pleurer au cinéma, j’ai été obligée de tuer père et mère en pensée. On invente des scénarios tristes pour se protéger de ce qu’on a vraiment vécu. Maintenant, j’ai envie d’être aussi autre chose : j’aimerais passer derrière la caméra.

Diriez-vous que vous êtes normale ?

Naître dans le cinéma, ce n’est pas normal, mais quand on est enfant, ça vous paraît normal. Mais j’ai toujours su qui j’étais, et il y a pire que d’avoir été élevée dans ce monde artificiel.

Le bonheur, c’est quoi ?

Il ne faut pas essayer de le chercher. C’est ce qui est là quand on ne l’attend pas. Tous les jours.

Ce qu’il y a de bien dans les entretiens avec une personnalité connue, c’est qu’on y découvre toujours une personne inconnue, tout autre que son personnage. Les gens d’image sont de drôles de corps. Ils donnent à voir pour masquer ce qu’ils auraient à dire. Être vu pour ne pas être entendu ? Discrète, secrète, ses rêves, ses angoisses, ses désirs, ses souffrances, ses pensées, Laura les recouvre par l’image qu’elle abandonne aux regards publics. Elle assume cette image, mais sait que ce n’est qu’un reflet, et qui passe. Pas une fois au cours de notre entretien elle n’a prononcé le nom de son père, ni de sa mère, auprès de qui elle jouera pourtant le rôle d’une paysanne dans la guerre de 14 dans le prochain film de Xavier Beauvois,  Les Gardiennes. Loin du glamour. Ce qui n’empêche pas les médias people toujours attachés à l’essentielle vérité d’un artiste de s’interroger : brune, comme dans son dernier film, ou de nouveau blonde ? Laura qui ?

Photographe : Arno Lam, assisté de Sandro Volpe

Réalisation : Fabrice Léonard

Make up : Miky @B Agency

Hair : Patrice Delaroche @ B Agency

L’Espagne et l’autre vision du lobbying

Dernièrement, j’ai assisté à un congrès économique à Madrid où, entre deux séances de travail, j’ai eu une discussion particulièrement intéressante avec quelques intervenants. L’un d’eux nomtamment décrivait de quelle façon les groupes de pression réussissent à mettre à mal l’intérêt général. Et comme vous pouvez vous en douter, je partageais son sentiment à ce sujet. Les groupes de pression sont selon moi une vraie chienlit. La raison en est à la fois simple et tragique : ils se soucient uniquement d’eux-mêmes et non pas de l’ensemble de la société. Et au vu de l’influence qu’ils peuvent avoir, ce manque de considération est tout simplement catastrophique. En effet, durant leurs tractations avec l’Etat pour grapiller des subventions ou des mesures en leur faveur, ils ne s’intéressent qu’à leurs intérêts, et les défendent souvent aux dépens de ceux du reste de la société. C’est que les groupes d’intérêt sont bien mieux organisés et leurs demandes sont par conséquent mieux représentés que celles de l’ensemble de la société. Ils réussissent plus facilement à imposer leurs exigences, et cela est d’autant plus dommageable pour le citoyen que ces groupes sont très nombreux (cela va des avocats aux chauffeurs de taxis ; en fait, presque chaque profession est un lobby en puissance). Tous ces groupes d’intérêt n’hésitent pas à interpeller les médias pour influencer la décision politique, et savent se faire entendre, alors que le reste de la société, nécessairement moins organisé et donnant moins de la voix, est systématiquement spoliée dans la décision finale. Voilà pourquoi, au final, chaque groupe d’intérêt réussit assez facilement à obtenir des gains qui se retrouvent financés, en dernier ressort, par le contribuable. Dans ce système où c’est celui qui crie le plus fort qui gagne, les lobbies ont un avantage considérable pour pourrir la vie des citoyens. Cette situation aboutit à une surabondance absurde d’incitations financières et de statuts d’exception qui forcent les citoyens à débourser un peu plus pour chaque groupe ayant eu gain de cause. N’eût été le sujet, ce congrès à Madrid a en tout cas été un enchantement, en particulier pour l’organisation remarquable avec laquelle il a été organisé. Voilà le site de l’agence qui a organisé ce séminaire en Espagne. Suivez le lien pour le programme de l’événement.

Mortalité routière : la rechute du mois de septembre

Un mois de septembre trop clément cette année par rapport à celui, très orageux, de l’an dernier qui avait dissuadé de prendre la route, ce serait l’une des explications à la hausse soudaine de la mortalité routière. Selon les statistiques provisoires de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 335 personnes ont en effet perdu la vie sur les routes de France métropolitaine le mois dernier, contre 257 en septembre 2015, soit 78 personnes tuées en plus. Ce chiffre correspond, hélas, à une augmentation de 30,4 % de la mortalité par rapport à septembre 2015.

Selon les spécialistes de l’ONISR cités dans le communiqué, « cette hausse de la mortalité routière est à mettre en regard de la comparaison statistique avec un mois de septembre 2015 exceptionnel qui avait connu une baisse très forte du nombre de personnes tuées sur les routes, en partie en raison de conditions météorologiques très défavorables, marquées par de fortes pluies et inondations ».

Les autres indicateurs de l’accidentalité routière sont cependant en baisse :

– Les accidents corporels diminuent de 1,2 % : 5 136 en septembre 2016 contre 5 200 en septembre 2015, soit 64 accidents en moins

– Le nombre de personnes blessées sur les routes diminue de 3,4 % : 6 312 personnes le mois dernier contre 6 534 en septembre 2015, soit 222 personnes blessées en moins.

Sur les neuf premiers mois de l’année, le nombre de personnes tuées est désormais supérieur de 3,1 % aux neuf mois correspondants de l’année précédente, soit 76 décès supplémentaires, alors que le volume d’accidents reste en baisse (- 0,8 %). Cette augmentation enregistrée au mois de septembre fait suite à trois mois de baisse continue de la mortalité routière et indique une aggravation des accidents.

S’attendre à un coup de vis après d’aussi mauvais chiffres, même s’ils sont partiels sur le mois de septembre et provisoires car ils ne concernent que la France métropolitaine, est à redouter. C’est ce qui se passe depuis 1974 à chaque inflexion de la décrue des statistiques de mortalité.

Cette fois, la Sécurité routière a déjà la réponse adaptée dans le tuyau puisqu’elle exhorte le gouvernement dans sa détermination à mettre en œuvre l’ensemble des mesures décidées en 2015, notamment celles prises par le Comité interministériel de la sécurité routière. « Ces mesures sont plus que jamais nécessaires », dit-elle. Onze d’entre elles seront examinées la semaine prochaine à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de modernisation de la justice du XXIe siècle.

Pourquoi Gérard Filoche n’ira (sans doute) pas à la primaire

Gérard Filoche l’a dit et redit, encore mercredi : « Je suis candidat à la primaire. » L’ex-inspecteur du travail, trublion de l’aile gauche du PS, laissait planer le doute jusqu’alors, puisqu’il ne souhaitait concourir qu’à une primaire élargie, au-delà du seul Parti socialiste. Il semble avoir désormais les garanties que ce sera le cas, d’où sa décision.

Mais a-t-il les garanties de pouvoir s’y inscrire ? Filoche affirme qu’il a d’ores et déjà les parrainages requis. Les règles ont été établies lors d’un conseil national le 2 octobre : pour participer à la primaire des 22 et 29 janvier, le candidat doit réunir les signatures de 5 % des parlementaires socialistes, ou 5 % des membres titulaires du conseil national, ou 5 % des maires des villes de plus de 10 000 habitants répartis dans dix départements et quatre régions, ou 5 % des conseillers régionaux et départementaux de dix départements et quatre régions.

La majorité des candidats potentiels (Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann et Arnaud Montebourg, sans compter François Hollande) devrait sans difficulté atteindre l’un ou l’autre de ces quotas. C’est beaucoup plus incertain pour Gérard Filoche, même s’il assure le contraire.

Yalta

L’homme n’a qu’un « mandat », celui de membre du bureau national du PS, l’organe politique du Parti socialiste. Son influence est donc réduite. Il lui est quasi-impossible de réunir les 5 % de signatures de parlementaires, ce qui représente 19 élus, tout comme le soutien d’une dizaine de maires de grandes villes ou de près de 65 élus locaux (conseillers généraux et régionaux). Reste le « vivier » du conseil national. La barre des 5 % fixée par le PS représente une quinzaine de membres. Ceux-ci sont désignés en fonction du résultat de chaque motion au dernier congrès, celui de Poitiers (2015) en l’occurrence. Filoche est issu de la motion B, mais son sous-courant est ténu puisqu’il ne dispose que de trois sièges. « On avait négocié un Yalta après le congrès de Poitiers : trois sièges pour Filoche, vingt pour Lienemann, vingt et un pour Hamon, etc. », détaille un des leaders de la motion B, dite des frondeurs. Avec ses trois soutiens, Gérard Filoche est donc loin de remplir le quota des quinze membres du CN.

En attendant la clôture des candidatures, le 15 décembre, Gérard Filoche fait comme s’il se présentait. « Il a tout intérêt à se montrer ! » raille un rival. Avant, sans doute, de se rallier à un autre candidat. Les trois autres représentants de l’aile gauche à la primaire (Hamon, Lienemann et Montebourg) prennent d’ailleurs garde de modérer les attaques entre eux, afin de préparer déjà les ralliements de second tour. Ce sera l’heure de Filoche.

Chute de la livre britannique: la faute de François Hollande et des algorithmes?

Les ordinateurs auraient surréagi à des déclarations de François Hollande sur le Brexit, faisant chuter la livre britannique à un plus bas jamais atteint depuis 1985.

Les ordinateurs ont-ils joué un rôle dans la brutale chute de la livre britannique au début des échanges en Asie dans la nuit de jeudi à vendredi? C’est ce que croient les spécialistes, selon lesquels les ordinateurs se seraient emballés… du fait notamment de déclarations de François Hollande sur le Brexit.

Jeudi soir, la devise britannique a chuté à 1,1841 dollar, soit un plus bas depuis mars 1985. En deux heures, la monnaie a ainsi perdu 6,1%. Elle s’est finalement redressée ce vendredi à 1,2466 dollar pour une livre. La Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé qu’elle « examinait ce qu’il s’est passé »

François Hollande pour la « fermeté » face à Londres

Or, au moment de cette diminution, « les marchés de New York étaient sur le point de fermer, ceux de Tokyo sur le point d’ouvrir, l’activité était faible, dans ce cas on bouge généralement peu », explique Yuji Saito, responsable du département des changes du Crédit Agricole à Tokyo.

Selon ce spécialiste, « il est tout à fait possible que les algorithmes aient réagi » aux propos du président français François Hollande, plaidant pour la « fermeté » face à Londres dans les futures négociations sur le Brexit. Le quotidien britannique Financial Times, parmi les premiers à rapporter les déclarations du chef de l’Etat français, a lui-même mentionné cette piste. « De nombreux courtiers incluent dans les paramètres le suivi des sites d’information. A la minute où l’article a été publié, le mouvement de descente de la livre a débuté », a commenté le journal.

Des technologies qui peuvent perturber les échanges

Le recours à des ordinateurs super-puissants et programmes informatiques complexes est devenu monnaie courante en matière de transactions financières, en particulier sur le marché des changes qui fonctionne en quasi permanence. L’objectif pour les courtiers: prendre des positions sur les marchés 24 heures sur 24, sans avoir besoin d’être présents.

Cette méthode, dite de trading automatique, vise aussi à diminuer les coûts de main-d’oeuvre et réduire la charge émotionnelle pour les salariés. Conçus pour réagir à toute information notable selon des critères pré-établis par l’investisseur, les algorithmes analysent des milliers de données en un temps record. Ils peuvent par exemple acheter des actions ou monnaies quand les cours reculent en anticipant sur leur rebond.

Mais l’utilisation croissante de ces technologies dernier cri est controversée pour les risques de perturbations des échanges qu’elle implique. L’incident de ce vendredi pourrait être un nouvel argument en leur défaveur.