Pourquoi Gérard Filoche n’ira (sans doute) pas à la primaire

Gérard Filoche l’a dit et redit, encore mercredi : « Je suis candidat à la primaire. » L’ex-inspecteur du travail, trublion de l’aile gauche du PS, laissait planer le doute jusqu’alors, puisqu’il ne souhaitait concourir qu’à une primaire élargie, au-delà du seul Parti socialiste. Il semble avoir désormais les garanties que ce sera le cas, d’où sa décision.

Mais a-t-il les garanties de pouvoir s’y inscrire ? Filoche affirme qu’il a d’ores et déjà les parrainages requis. Les règles ont été établies lors d’un conseil national le 2 octobre : pour participer à la primaire des 22 et 29 janvier, le candidat doit réunir les signatures de 5 % des parlementaires socialistes, ou 5 % des membres titulaires du conseil national, ou 5 % des maires des villes de plus de 10 000 habitants répartis dans dix départements et quatre régions, ou 5 % des conseillers régionaux et départementaux de dix départements et quatre régions.

La majorité des candidats potentiels (Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann et Arnaud Montebourg, sans compter François Hollande) devrait sans difficulté atteindre l’un ou l’autre de ces quotas. C’est beaucoup plus incertain pour Gérard Filoche, même s’il assure le contraire.

Yalta

L’homme n’a qu’un « mandat », celui de membre du bureau national du PS, l’organe politique du Parti socialiste. Son influence est donc réduite. Il lui est quasi-impossible de réunir les 5 % de signatures de parlementaires, ce qui représente 19 élus, tout comme le soutien d’une dizaine de maires de grandes villes ou de près de 65 élus locaux (conseillers généraux et régionaux). Reste le « vivier » du conseil national. La barre des 5 % fixée par le PS représente une quinzaine de membres. Ceux-ci sont désignés en fonction du résultat de chaque motion au dernier congrès, celui de Poitiers (2015) en l’occurrence. Filoche est issu de la motion B, mais son sous-courant est ténu puisqu’il ne dispose que de trois sièges. « On avait négocié un Yalta après le congrès de Poitiers : trois sièges pour Filoche, vingt pour Lienemann, vingt et un pour Hamon, etc. », détaille un des leaders de la motion B, dite des frondeurs. Avec ses trois soutiens, Gérard Filoche est donc loin de remplir le quota des quinze membres du CN.

En attendant la clôture des candidatures, le 15 décembre, Gérard Filoche fait comme s’il se présentait. « Il a tout intérêt à se montrer ! » raille un rival. Avant, sans doute, de se rallier à un autre candidat. Les trois autres représentants de l’aile gauche à la primaire (Hamon, Lienemann et Montebourg) prennent d’ailleurs garde de modérer les attaques entre eux, afin de préparer déjà les ralliements de second tour. Ce sera l’heure de Filoche.