Le Plan B fait l’unanimité au Parti de gauche

Sur les coups de 14h30, ce samedi après-midi, l’amphithéatre 9 se remplit en quelques minutes. Les retardataires restent debout pour écouter un débat qui passionne au sein du Parti de gauche. Le sujet ? Le Plan B. Ou que faire en cas d’échec des négociations face aux institutions européennes. C’est un des moments forts de l’université d’été du PG, qui se tient tout le weekend à Toulouse, à l’université Jean Jaurès.

Le débat réunit Eric Coquerel, coordinateur politique du PG, Statis Kouvelakis, membre de la direction du parti grec d’Unité populaire, issu de la scission de Syriza et Lucas Macec, leader du groupe parlementaire de la gauche unie slovène. Souhaitant tirer les conséquences de l’échec de Tsipras, ces membres de la gauche alternative plaident pour menacer de sortir de l’Euro en cas d’impasse dans les discussions.

Eric Coquerel est le premier à prendre la parole. «Le problème dans les négociations sur la Grèce c’est que l’Allemagne avait un Plan B, le Grexit, alors que Tsipras est arrivé sans Plan B, regrette-t-il. En disant qu’il n’a été pas été élu pour sortir de l’Euro, il s’est retrouvé coincé.» Il décrypte ensuite la philosophie de ce processus : «Le Plan B et son sommet recoupent deux choses : la revendication de l’indépendance – oui le peuple a le droit de prendre des mesures unilatérales – et la dimension internationaliste. Il y a la question de la construction d’une alternative géopolitique internationale qui se pose.»

«Résistance, résistance !» 

Vient ensuite le tour de Statis Kouvelaki, transfuge de Syriza. Si selon lui la victoire de la gauche radicale Grecque en janvier a représenté «un immense espoir notamment en France», la signature des accords du 12 juillet imposant de nouvelles mesures d’austérité a été «une capitulation» d’Alexis Tsipras. Il se montre particulièrement virulent envers le premier ministre grec démissionnaire : «Sa stratégie politique de départ a été fausse. Il fallait des mesures unilatérales pour instaurer un rapport de force, les négociations ne marchent pas.» Il cible également des institutions européennes à ses yeux impossibles à réformer de l’intérieur. Standing ovation. «Résistance, résistance !» crient les quelques 300 personnes présentes dans l’amphithéâtre.

La question de ce sommet du Plan B va rythmer la rentrée du Parti de gauche. Un débat est déjà prévu à la Fête de l’Humanité entre Jean-Luc Mélenchon, l’ancien ministre grec des Finances qui a rompu avec Tsipras Yanis Varoufakis et Oskar Lafontaine, fondateur du parti de gauche radicale allemand Die Linke.

Au sein des militants du PG, cette question fait également l’unanimité. Il est nécessaire, selon eux, de faire peser la menace d’une sortie de l’Euro, si «l’Europe allemande» ne veut pas évoluer.

En pleine lecture d’un texte de l’économiste Frédéric Lordon, Jeanne, militante au PG depuis 2014 approuve la position de son parti : «Il faut tirer les enseignements de l’échec de Tsipras. On ne peut pas lancer une politique de relance dans le cadre des traités européens». Mais pour cette etudiante en économie, issue du MRC de Jean-Pierre Chevènement, la sortie de la zone euro «ne peut pas être une fin en soi. C’est une condition nécessaire mais pas suffisante pour mener une politique de gauche ensuite.»

«L’euro est un outil pour éviter qu’un pays fasse une politique de gauche»

A quelques mètres de là, Christian est venu en tant que sympathisant. Il s’est rapproché du parti justement grâce à l’évolution de plus en plus euro-sceptique du PG : «Depuis le problème avec le Grèce, le Parti de gauche mène enfin une réflexion sur la sortie de l’Euro. Jusque là, ils n’en parlaient pas du tout, c’était un frein à mon adhésion à leurs idées.» Comme une majorité de militants interrogées, Christian est favorable à une monnaie commune, notamment avec les pays du sud : «Ça permettrait de pouvoir dévaluer, d’avoir un contrôle sur les capitaux…»

«Le Plan B, ça va passer à la vitesse supérieure au dernier trimestre, c’est une bonne chose, abonde Philippe, militant dans le Gard. L’euro est devenue un outil pour éviter qu’un pays fasse une politique de gauche. La Grèce a été complètement piégée sans Plan B.»

Si tous sont favorables à une possible sortie de l’euro, le rejet est aussi unanime quand on évoque la proposition de l’économiste Longtemps proche du PG Jacques Sapir de constituer un «front de libération nationale» entre le FN, Debout la France et le Parti de gauche «C’est très grave ce que dit Sapir, il y a une ligne rouge claire vis à vis du FN, peste Jeanne. Quand on est un parti de gauche, vouloir sortir de l’euro c’est très difficile à porter. Là Sapir ne nous aide pas du tout…»