Banque de France : trois ex-gouverneurs soutiennent Villeroy de Galhau

Après les critiques formulées par 150 économistes et universitaires le 15 septembre dans le Monde, voici le soutien apporté par les trois derniers gouverneurs de la Banque de France à François Villeroy de Galhau, auquel François Hollande a choisi, malgré la polémique, de remettre les clés de l’institution, régulateur français du système bancaire. Selon une information du quotidien économique les Echos, Michel Camdessus, Jacques de Larosière et Jean-Claude Trichet ont adressé une lettre de soutien, datée du 17 septembre, à l’ancien directeur général délégué de BNP Paribas, qui fut aussi le directeur de cabinet de DSK à Bercy.

Dans leur tribune, les 150 économistes et universitaires s’insurgeaient contre le risque d’un «grave conflit d’intérêts» entre les anciennes fonctions privées de Villeroy et ses futures responsabilités de gouverneur. Rappelons qu’un vote négatif, très improbable à l’Assemblée, des trois cinquièmes des membres des commissions des Finances des deux chambres du Parlement obligerait l’Elysée à changer de candidat. Les trois anciens gouverneurs écrivent, eux : «rien de nous paraît s’opposer, sous réserve de l’appréciation du Parlement, à ce que vous puissiez assurer avec une pleine compétence et indépendance, après un parcours mixte, cette mission essentielle».

François Villeroy de Galhau a mené sa carrière chez BNP-Paribas de 2003 à avril 2015 et sa démission de la banque. A ce propos, Camdessus, Larosière et Trichet ajoutent que si, eux, ont été nommés «après un parcours de pur service public», «plusieurs exemples étrangers […] montrent au demeurant clairement » que des «parcours mixtes» et vertueux existent. A l’instar d’un Mario Draghi (gouverneur de la Banque d’Italie puis de la BCE) ou de Mark Carney (gouverneur de la Banque d’Angleterre après avoir dirigé celle du Canada), l’un comme l’autre des anciens de chez l’Américain Goldman Sachs.

L’affaire illustre aussi les luttes d’influence pour le poste entre l’Inspection des Finances – dont le secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet, est issu, tout comme Trichet, Larosière et Galhau – qui cherche à le garder dans son giron, et le monde universitaire, notamment, qui soutenait la candidature de Benoît Cœuré, l’actuel adjoint de Mario Draghi à la BCE. «Les engagements que vous avez pris nous paraissent […] de nature à prévenir le risque de conflit d’intérêts et à garantir votre indépendance dans l’exercice de vos fonctions», écrivent à Villeroy de Galhau les anciens gouverneurs français. On attend de savoir ce qu’en pensent les parlementaires.

LIBERATION