Grève des avocats : un accord a été trouvé

La grève des avocats devrait prendre fin, après la signature du protocole d’accord (lire ci-dessous) entre le ministère de la Justice et certains des représentants des robes noires, mercredi en fin d’après-midi. Il y avait en jeu l’aide juridictionnelle, qui permet aux plus démunis des justiciables de s’offrir les services d’un défenseur. La Chancellerie renonce formellement à financer le dispositif en puisant dans la caisse de garantie des avocats – fût-ce partiellement –, à hauteur de 15 millions d’euros sur un budget total de 400 millions de l’aide juridictionnelle : «La réforme ne sera pas financée par un prélèvement ou une taxe spécifique sur la profession.»

Ce point était déjà acquis, mais l’ampleur du mouvement (156 des 162 barreaux français en grève partielle ou totale) avait débouché sur une autre revendication : l’augmentation du tarif (entre 21 et 24 euros la demi-heure) des avocats mandatés au titre de l’aide juridictionnelle des justiciables disposant d’un revenu inférieur à 1 000 euros par mois. «Inchangé depuis 2007, il sera revalorisé de 12,6% en moyenne», se félicite le ministère. Soit entre 26 et 28 euros la demi-heure, quand les représentants des avocats évoquaient un point mort à 41 euros…

Seuls les bâtonniers – représentants légaux et/ou professionnels des avocats – ont signé le compromis en compagnie du directeur de cabinet de Christiane Taubira : le Conseil national des barreaux, la Conférence des bâtonniers et le bâtonnier de Paris (qui représente à lui seul la moitié des avocats français). Mais le Syndicat des avocats de France (SAF), plus représentatif des robes noires de banlieue et de province, lesquels sont plus souvent mobilisés au titre de l’aide juridictionnelle, leurs homologues parisiens étant plus concentrés sur l’avocature d’affaires, a refusé de parapher le protocole d’accord. «OK, il y a revalorisation du barème, mais correspondant seulement à un rattrapage du passé sans aucune garantie pérenne pour l’avenir», souligne son président, Florian Borg. Un simple «statu quo», selon le SAF, qui appelle à poursuivre le mouvement sous d’autres formes que la grève pure et simple.

Renaud Lecadre