Hollande à Séoul : «Nous aurons besoin de la Corée» pour la COP21

Après Chongqing et Pékin, François Hollande a choisi de faire un détour par Séoul pour une étape éclair. Comme en Chine, cette visite présidentielle au pays du matin calme, la première depuis quinze ans, était placée sous le signe de l’environnement. Mais aussi de l’économie créative, le slogan phare de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye.

Si François Hollande a tenu à souligner que l’économie n’était pas le but principal de sa venue, celle-ci s’est tout de même conclue par la signature d’une série d’accords de coopération en tout genre : en matière de recherche, d’innovation ou encore commerciaux, avec la commande de 55 avions Airbus par les compagnies Korean Airlines et Asiana. La journée avait par ailleurs démarré par une rencontre avec des start-up coréennes dans les locaux de D.Camp, un incubateur niché au cœur du riche quartier de Gangnam.

La Corée, très en avance sur les outils numériques, tente depuis quelques années de créer un écosystème favorable aux PME. Elle a notamment développé 17 centres d’innovations à cet effet. Mais dans une économie dominée par de puissants conglomérats ou «chaebols», la tâche n’est pas facile. «Beaucoup de jeunes Coréens n’osent pas dire à leurs parents qu’ils ne souhaitent pas travailler pour un grand groupe. Mais les mentalités sont clairement en train de changer», analyse Olivier Mouroux, cofondateur d’Asiance, une agence de communication digitale à Séoul. 

Un médiateur entre pays développés et émergents

Laurent Fabius et François Hollande ont chacun à leur tour chaussé des lunettes futuristes pour tester la réalité virtuelle pensée par une équipe franco-coréenne, l’une des entreprises invitées à démontrer leur savoir-faire pour l’occasion. Quant à Ségolène Royal, elle a posé aux côtés des jeunes chanteurs bien coiffés du boys band Block B. Si ce groupe de k-pop, la pop coréenne, était de la partie, c’est parce qu’il a joué dans la salle de concert parisienne le Bataclan, en février. Un concert à l’initiative de MyMusicTaste, autre start-up coréenne présentée ce mercredi, qui organise des concerts à la demande des fans.

Après un petit bain de foule au milieu des étudiantes de l’université féminine de Ewha, l’une des plus prestigieuses du pays, François Hollande et son équipe ont poursuivi leurs efforts diplomatiques pour préparer la COP21 qui s’ouvre à la fin du mois à Paris. «Après la Chine, c’est la même logique qui nous amène ici : nous aurons besoin de la Corée», a expliqué le président français lors d’une table ronde en présence du président du Giec, le Sud-Coréen Lee Hoesung, élu début octobre. Hollande a notamment insisté sur la nécessité pour les pays développés de partager les technologies avec les pays en développement. Le Fonds vert, organisme onusien basé en Corée qui vise à aider les pays émergents à combattre le changement climatique, était également représenté. La Corée, qui a annoncé en juin un plan de réduction de 37 % de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à un scénario constant, entend se poser comme une sorte de médiateur entre économies développées et émergentes sur les questions du réchauffement climatique.

La journée s’est conclue, en fin d’après-midi, par une rencontre au sommet entre les deux chefs d’Etat. Le président a été accueilli en grande pompe à la Maison Bleue, le palais présidentiel, par une cérémonie militaire millimétrée, au son des trompettes traditionnelles et des drapeaux des deux pays agités par un groupe d’enfants. La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, et le sénateur Jean-Vincent Placé, accueillis comme des enfants du pays à Séoul, étaient également du voyage.

Eva John Correspondante à Séoul (Corée du Sud)