Pylônes, l’énergie positive

Jacques et Lena Guillemet, couple fondateur de Pylônes, rêvent sûrement en couleur. Leur univers de cadeaux ultra-colorés, oniriques et ludiques, ils l’ont créé faute de trouver des cadeaux à leur goût. Ainsi naît en 1985 une première collection de gadgets en caoutchouc. Elle séduit illico. D’autres idées cadeaux, sympas et pas chères, suivent, destinées à faire sourire. Depuis, ont vu le jour chez Pylônes des sonnettes de vélo à motifs, une essoreuse à salade en forme de toupie, le bavoir requin-coquin, un oiseau porte-trombones et son fameux stylo-poisson. Tous des best-sellers, lancés sans étude de marché, mais chaque fois en phase avec la tendance. Et ça continue. « On peut passer chez Pylônes comme on va acheter un bouquet de fleurs, des chocolats ou une bouteille de vin à offrir. On est une solution cadeau d’objets de qualité et gais, pour la maison ou le bureau et dont les prix vont de 3 à 120 euros », précise Jacques Guillemet, rencontré ce mois-ci au siège social de la marque, installé dans une rue pavillonnaire de Colombes.

Une usine 100 % française… à Shenzhen !

Le nom de Pylônes n’a pas été choisi au hasard. « Le pylône, c’est d’abord un vecteur d’énergie, bien sûr », indique Jacques Guillemet. « Dans la campagne, il est un peu anachronique, mais certains sont vraiment magnifiques », ajoute ce fan de design industriel, comme son épouse, et tous deux anciens brocanteurs. « On a commencé en achetant à Drouot ce que personne ne voulait. On nettoyait et rénovait, puis on revendait dans les dépôts-ventes. Cela marchait très bien ! » Après des débuts artisanaux, c’est l’acquisition en 1995 d’une usine 100 % française à Shenzhen qui va permettre le décollage planétaire de Pylônes. Le secret de fabrication ?  « Chaque couleur est déposée à la main, soit en utilisant des décalcomanies, ou de la peinture à l’aéro. « On est les seuls à faire ça, c’est une folie », assure Jacques Guillemet. « On chérit même un peu les défauts, car c’est à eux que l’on reconnaît la trace de la main, c’est ce qui donne la chaleur et le charme aux produits. On fleurit les objets. C’est une façon d’offrir des fleurs. »

De Bogotá à Hong Kong

Depuis l’ouverture de la première boutique sur l’île Saint-Louis en 1987, « avec juste une micro-collection présentée en vitrine sur des tables bistrot, Pylônes a fait des petits. De Bogotá à Hong Kong, en passant par Prague, l’enseigne est présente dans soixante pays. Le succès de Pylônes, Jacques Guillemet l’explique par le langage universel de ces gadgets. « Cela vient du fait que l’on s’inspire de la nature. Nous privilégions le design anthropomorphe, zoomorphe. Cette inspiration-là est ancestrale et remonte aux hommes préhistoriques. On est dans un design extrêmement humain. D’ailleurs, dès que l’on ouvre une boutique, c’est un feu d’artifice. »

À peine arrivé à son bureau de Colombes, Jacques Guillemet fourmille d’idées. « C’est très amusant d’avoir la liberté, le matin dans le métro, d’inventer un objet. » Ce matin-là, il a imaginé un sac de courses qui pourrait aussi servir de protection de pluie. Une idée qu’il ne tardera pas à travailler avec l’équipe de designers maison, comme auparavant la brosse à cheveux dont rêvaient ses filles, ou un coffre à secrets de format identique à celui de son enfance.

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Éphémère durable

Chez Pylônes, les bureaux ressemblent aux boutiques. La couleur est partout. Au rez-de-chaussée, à deux pas du show room et des bureaux de styles, se trouve l’atelier de fabrication de la ligne « Souffle de verre », des bijoux en verre soufflé rempli de perles, une collection-phare de la marque. Une autre porte, et voilà l’atelier de réparation où arrivent par la poste des modèles fatigués d’avoir servi. Expédiés par leurs propriétaires qui y sont très attachés, ils sont réparés sans attendre. « On est dans l’éphémère », avait pourtant assuré Jacques Guillemet. Mais quand l’affectif s’en mêle, il arrive que l’éphémère soit durable.

Une histoire de couple

À entendre Léna et Jacques Guillemet, si leurs points de vue divergent parfois, ils finissent toujours par s’entendre. Pour éviter de se marcher sur les pieds, ils se sont réparti les tâches : à elle, le design de chaque boutique, la communication visuelle, l’atelier de fabrication, la production. À lui, la direction artistique des produits et la partie administrative et financière. Ensemble, ils discutent des questions sociales, de la gestion humaine des 300 salariés de l’entreprise. Une question en suspens ? La suppression ou pas de l’accent circonflexe de Pylônes. Il est pour, elle est contre. À part cela, c’est ensemble qu’ils ont réuni récemment les salariés et leurs partenaires de tous les pays au musée des Arts forains. Histoire de fêter ensemble les 30 ans de leur aventure, entre jeux d’adresse et tours de manège.

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