A quoi ressemble la campagne des régionales sur le Web ?

Présence sur les réseaux sociaux

Chose surprenante, certains candidats n’ont pas de site. Ou alors, il est caché au fond de Google et difficile à trouver. Les candidats misent tout sur les réseaux sociaux. Facebook, Twitter ou Instagram sont mis en avant plus encore que le site. Claude Bartolone a même ajouté un bouton Snapchat sur son site, mais hélas, celui-ci ne mène à rien (sur mobile, ça fonctionne).

En fait ça marche le compte Snapchat de Bartolone : avecbarto. J’attends les snaps. pic.twitter.com/o6N15heLyK

— Alexandre Léchenet (@alphoenix) 3 Novembre 2015

Tous les principaux candidats ont leur page Facebook, chacun a son compte Twitter. Tout le monde tweete, au risque de l’illégalité. Chez Christian Estrosi, on fait savoir que le candidat va faire un «porte-à-porte numérique», en répondant à des internautes sur les réseaux sociaux. Valérie Pécresse affiche, elle, au tout début de son site le hashtag propre à Twitter pour clamer son slogan : #jaichoisivalerie. On aurait préféré #jaimeraistropquellemaime.

Mentions légales et logos

Parmi les autres leçons retenues d’une visite systématique, les mentions légales, dont l’absence peut coûter 12 000 euros. Elles semblent dispensables pour les candidats : sur douze sites visités, dont tous ceux du Front national, aucune information n’était disponible sur l’hébergeur, le responsable de la publication ou d’autres informations obligatoires. Au rang des dispositions légales, sachez que Xavier Bertrand vous autorise à faire des liens vers son site, mais pas Hervé Morin si vous ne l’informez pas que vous faites un lien.

Avant de faire un lien vers le site de @Herve_Morin, il faut lui demander l’autorisation. pic.twitter.com/o1NG348s03

— Alexandre Léchenet (@alphoenix) 3 Novembre 2015

En se penchant sur ces mentions légales, on peut remarquer que les candidats socialistes ont plus souvent des prestataires locaux que les candidats LR et FN. Ainsi, les candidats frontistes ont quasiment tous le même site, réalisé par e-politic, une entreprise animée par des proches de Marine Le Pen, comme l’indiquait le Monde.

Parmi les choses qu’on apprend d’une simple visite, le compte Google Analytics, qui permet de conserver des informations sur les visiteurs, peut être partagé par plusieurs sites. Ainsi, grâce à cet identifiant, on apprend que les sites de Claude Bartolone, Carole Delga et Marie-Guite Dufay, respectivement candidats socialistes en Ile-de-France, Languedoc-Rousillon – Midi-Pyrénées et Bourgogne – Franche-Comté, partagent certainement le même prestataire (UA-58844582). Et que Xavier Bertrand partage le même prestataire que La Cave du Sénat (UA-43643601). Ces informations peuvent être retrouvées avec l’outil SpyOnWeb.

Je crois que le meilleur sur ces sites, ce sont tous les logos de micropartis pour faire comme si c’était l’unité. pic.twitter.com/xjZs9nuXSj

— Alexandre Léchenet (@alphoenix) 3 Novembre 2015

Une chose qui ne change pas avec ces sites, ce sont les logos de parti. Pour bien montrer que la liste rassemble au-delà de son parti, ces petites icônes se multiplient. Parfois même s’ajoute un logo «société civile», qui n’est pas un parti, mais met bien en avant le fait que la liste n’est pas composée que de personnes vivant de la politique.

Konami code

On a testé sur tous les sites, le Konami code (un cheat code présent dans de nombreux jeux sur console édités par Konami, qui est depuis utilisé comme une blague et qui consiste en une combinaison de touches : haut-haut-bas-bas-gauche-droite-gauche-droite-b-a) ne fonctionne que sur un seul : celui de Christian Estrosi. Le visiteur pourra alors faire monter le candidat le plus haut possible, en s’aidant d’enveloppes et de likes et en évitant les autres candidats perchés sur des avions. «On s’est inspiré de Doodle Jump», explique son équipe de campagne, fière de son site.

Une fois ce panorama fait, on ne sait pas trop combien de voix tout cela va apporter. Un des principaux dilemmes des outils numériques de campagne, c’est de savoir si leur but est de convaincre les électeurs ou simplement d’attirer l’attention des journalistes, et donc faire plus d’articles dans la presse traditionnelle.

Alexandre Léchenet