Une femme condamnée à 10 ans de prison pour avoir tué son mari qui la battait

La cour d’assises de Loir-et-Cher a confirmé jeudi en appel la condamnation à dix ans de réclusion de Jacqueline Sauvage, qui a tué son mari en 2012 après plusieurs années d’enfer conjugal fait de coups et d’abus sexuels sur elle et ses enfants.

La peine qui infligée à cette femme, âgée de 66 ans, «ne doit pas être un permis de tuer», avait lancé l’avocat général Frédéric Chevallier en demandant aux jurés de confirmer la peine prononcée en première instance. Le 10 septembre 2012, Jacqueline Sauvage, 66 ans, a tué son mari de trois coups de fusils dans le dos.

«La légitime défense n’est absolument pas soutenable. Aux violences de son mari, elle aurait dû répondre par un acte proportionné, immédiat et nécessaire. Face à un coup de poing qui se solde par trois jours d’ITT, elle tire trois balles», a dénoncé l’avocat général. «Trois coups de feu tirés dans le dos, ce n’est pas admissible», a-t-il martelé.

Pour la défense, Me Nathalie Tomasini avait au contraire demandé aux jurés de «prendre la mesure des conséquences irréversibles des violences faites aux femmes». L’avocate leur avait demandé de «repousser les limites de la légitime défense appliquée aux situations de violences conjugales» en prononçant la relaxe de l’accusée.

«Fracassée pendant 47 ans, psychologiquement et physiquement, elle présentait les syndromes post-traumatiques des femmes battues», a plaidé Me Tomasini. «Elle savait mieux que quiconque qu’il pouvait, ce soir-là, passer à l’acte et mettre à exécution les menaces de mort qu’il avait proférées toute sa vie», selon l’avocate.

«Une situation de dépendance»

Au cours du procès, Jacqueline Sauvage a longuement évoqué ses relations avec Norbert Marot, son mari, qu’elle a connu quand elle avait 14/15 ans alors qu’il sortait de maison de correction, et dont elle était «éperdument amoureuse». «Je l’avais dans la peau», a-t-elle répété à plusieurs reprises.

«Jacqueline Sauvage se trouvait dans une situation de dépendance qui s’est installée au fil des années», son mari «la dominait complètement. Elle était devenue sa chose. Elle était sous son emprise», a plaidé son autre avocate, Me Janine Bonaggiunta. Sans succès.

En 2012, au contraire de Jacqueline Sauvage, Alexandre Lange avait obtenu l’acquittement après avoir tué son mari, qui la battait.

LIBERATION avec AFP