Zone euro: brutal déclin de 0,2% des prix à la consommation

Bruxelles – Le spectre de la déflation est revenu dans la zone euro, dont les prix à la consommation ont brutalement décliné de 0,2% en février, augmentant la pression sur la Banque centrale européenne (BCE) pour qu’elle soutienne davantage l’économie.

Cette baisse des prix, annoncée lundi par Eurostat, l’Office des statistiques de l’UE, dans une première estimation, fait suite à une hausse de 0,3% en janvier.

C’est la première fois depuis septembre 2015 que les prix à la consommation reculent: ils avaient alors baissé de 0,1%. Le chiffre de lundi est en deçà du consensus des analystes donné par le fournisseur de services financiers Factset, qui tablaient sur une inflation nulle.

« Ce retour en territoire négatif accroît la pression sur la BCE pour qu’elle annonce des mesures supplémentaires décisives de soutien à l’économie après sa réunion » le 10 mars, a estimé Jennifer McKeown, analyste de Capital Economics.

« Il est inutile de dire que c’est une mauvaise nouvelle pour la BCE. Ce taux d’inflation est très loin de son objectif d’un peu moins de 2% dans l’union monétaire« , a renchéri Johannes Gareis, économiste de Natixis.

L’institut de Francfort s’échine depuis des mois à relancer l’économie et l’inflation, sans grand succès jusqu’ici. Il fournit entre autres des prêts géants quasi-gratuits aux banques et inonde le circuit financier de liquidités.

Le risque d’une faible inflation est de voir les entreprises intégrer les prix bas dans leurs prévisions et cesser d’augmenter les salaires. Ce qui pèse sur la demande et par ricochet sur les profits et l’investissement des entreprises. Si la situation dure, cela peut déclencher une spirale déflationniste, où l’on anticipe une baisse des prix et reporte ses achats.

– Allemagne, France et Italie en territoire négatif –

Le 15 février, le président de la BCE, Mario Draghi, avait déclaré que son institution « n’hésitera pas » à agir lors de la prochaine réunion de son conseil des gouverneurs, le 10 mars, en cas d’augmentation des risques pour la stabilité des prix. Il n’avait pas précisé sous quelle forme la BCE agirait.

Début décembre, la BCE avait déjà décidé de prolonger de six mois son programme de rachat de dettes lancé en mars 2015, le « QE« , et d’abaisser l’un de ses taux directeurs.

Dans un entretien ce week-end dans la presse allemande, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, avait estimé qu’un rachat d’actifs plus massif que les 60 milliards d’euros par mois du programme actuel, « était une possibilité, parmi d’autres » pour la BCE.

« Nous sommes prêts à agir, mais nous devrons d’abord regarder les données économiques« , avait ajouté le gouverneur de la Banque de France, qui participera à la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE le 10 mars.

En février, l’Allemagne, la France et l’Italie ont rejoint le club des pays en passe de « déflation« , a pointé Horward Archer, analyste de IHS economics. Dans la première économie de la zone euro, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPHC) a viré en territoire négatif, avec un recul de 0,2% sur un an, dans la seconde et la troisième, les prix à la consommation ont reculé de respectivement 0,2% et 0,3% sur un an.

En l’Espagne, ils ont poursuivi leur baisse de 0,9% sur un an.

Sans surprise, ce sont les prix de l’énergie qui ont tiré vers le bas en février cet indicateur très attendu pour les 19 pays de la zone euro: ils se sont affichés en recul de 8% sur un an, après -5,4% en janvier.

L’inflation sous-jacente (hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac), plus révélatrice de la tendance, est tombée à +0,7% contre 1% en janvier. Depuis juillet, elle évoluait dans une fourchette comprise entre 0,9 et 1,1%.