Primaire pour un président sortant : « tout le monde » imitera le PS, selon Cambadélis

Le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a défendu samedi la primaire d’une partie de la gauche à laquelle devra se soumettre François Hollande s’il est candidat en jugeant que « tout le monde » finirait par adopter ce modus operandi dans le paysage politique. « Le Parti socialiste a inventé la primaire (pour une élection présidentielle française, en 2011, NDLR), tout le monde l’a imité. Il invente la primaire pour un président sortant, tout le monde l’imitera », a déclaré le premier secrétaire sur Twitter.

Le @partisocialiste a inventé la primaire,tout le monde l’a imité. Il invente la primaire pour un président sortant,tout le monde l’imitera

— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 19 juin 2016

À moins d’un an de la présidentielle, le conseil national du PS a validé samedi « à l’unanimité » sa proposition d’organiser une primaire avec le PS, le PRG et les écologistes pro-gouvernement les 22 et 29 janvier. Cela interviendra après la primaire de la droite et après la décision attendue en décembre du président de la République sur une éventuelle candidature à un second quinquennat. Fait inédit dans la Ve République pour un président sortant : François Hollande passera donc, selon toute vraisemblance, par une primaire s’il veut se représenter en 2017.

« Qu’y a-t-il de dévalorisant à retourner devant les Français ? »

Le « tout le monde » de Jean-Christophe Cambadélis vise la classe politique française. Le processus des primaires est une tradition américaine longuement établie, dont le PS avait été le premier grand parti français à s’inspirer, en 2011. Aux États-Unis, les présidents sortants se soumettent également à des primaires dans leur parti, tels Barack Obama en 2012, George W. Bush en 2004 et Bill Clinton en 1996. Si aucun poids lourd démocrate ou républicain n’a affronté un président sortant ces dernières années, faisant de l’exercice une formalité, il est arrivé par le passé qu’un sortant se qualifie au prix d’une rude compétition dans son parti, avant de perdre la Maison-Blanche.

À la question de savoir si, dans l’hypothèse où François Hollande serait bel et bien candidat, la primaire ne dévaloriserait pas sa fonction de président, le Premier ministre a répondu dans un entretien au JDD : « À aucun moment ! » « Qu’y a-t-il de dévalorisant à retourner devant les Français, à défendre ses idées, à expliquer son action ? C’est cela, la démocratie ! », a plaidé Manuel Valls.

Un président qui « revient dans sa petite case de départ »

À droite, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (LR) y a vu pour le président sortant « la manifestation de son échec », lors du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro. François Hollande « devrait être le candidat de la France, il va être le candidat d’une fraction de sa majorité », a critiqué ce sénateur et soutien d’Alain Juppé, moquant un président qui « revient dans sa petite case de départ ».

« Pas favorable » à une primaire systématique pour les présidents sortants, car « le président sortant est le candidat légitime » et que « dans toutes les autres démocraties, ce n’est pas le cas », Bruno Le Maire a épinglé sur France 3 « quelque chose de pathétique dans la politique politicienne de M. Cambadélis, de M. Hollande ». « Dans le fond, la seule chose que sait faire François Hollande, c’est s’occuper du Parti socialiste », a lancé ce député et candidat à la primaire de la droite.