NDDL : « Que ce soit oui ou non, ça ne changera strictement rien »

À Notre-Dame-des-Landes, site choisi pour accueillir le nouvel aéroport de Nantes, comme à Saint-Aignan-Grandlieu, commune voisine de l’actuel aéroport, les électeurs votaient massivement dimanche par « devoir citoyen », mais avec peu d’espoir que leur voix soit entendue. « On vient voter par devoir citoyen, mais on est intimement persuadés que notre vote compte pour rien. On consulte la population pour se donner bonne conscience, mais, que ce soit oui ou non, ça ne changera strictement rien », témoigne Michel, installé depuis 1981 à Saint-Aignan-Grandlieu.

Comme lui, des dizaines d’habitants de cette commune d’environ 3 500 âmes, qui jouxte l’actuel aéroport, se sont pressés de bon matin pour s’exprimer sur ce projet controversé, décidé dans les années 1960 et déclaré d’utilité publique en 2008. Les électeurs formaient des files d’attente devant les isoloirs et, après avoir glissé leur bulletin dans l’urne, s’attardaient devant la salle municipale pour converser avec leurs voisins, parfois interrompus par le bruit d’un avion en train d’atterrir. Louis, qui réside à Saint-Aignan depuis 55 ans, avant même la naissance du projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes, regrette que l’État « ne sache pas ce qu’il veut, alors que ça fait 50 ans que ça a commencé ». L’octogénaire redoute une issue similaire à celle du référendum – national cette fois – de 2005 sur la Constitution européenne, où « c’est le non qui l’a emporté », mais où le traité a quand même été adopté.

« Dégager les zadistes »

« Ce n’est pas au peuple de choisir, c’est au gouvernement. Ils font appel à nous, car ils ne savent plus quoi faire. Ils veulent voir ce qu’on en pense, donc on donne notre avis », abonde, désabusée, Dominique, 53 ans, venue tout de même en début de matinée pour accomplir son « devoir citoyen ».

Mêmes craintes que « le gouvernement ne nous entende pas » à Notre-Dame-des-Landes, à une trentaine de kilomètres plus au nord, et pourtant, même affluence. « Je ne m’attendais pas à autant de monde et la journée n’est pas terminée. J’espère que beaucoup de gens, sur tout le département, se déplaceront suffisamment », souhaite Françoise, 46 ans. « Plein de gens sont concernés ici. Donc, c’est normal qu’il y ait du monde. L’inverse serait étonnant. Tout le monde a envie d’en découdre. J’espère qu’il y aura beaucoup de participation. S’il y a au moins 70 %, ce serait bien », renchérit Olivier, 42 ans, à la sortie d’un des deux bureaux de vote de cette commune, devenue un symbole de la lutte contre les « grands projets inutiles et imposés », selon les opposants.

« Donner la parole aux gens, c’est plutôt bien, ça peut permettre de trancher. Mais à un moment donné, il faut prendre une décision. (…) Le problème (de cette consultation, NDLR), c’est le périmètre du vote qui est critiquable. On (la Loire-Atlantique, NDLR) n’est pas les seuls concernés et les seuls financeurs. Mais que l’aéroport se fasse ou non, il faut dégager les zadistes », lance Sylvain, 36 ans, à la sortie d’un bureau de vote de Notre-Dame-des-Landes, avant d’enfourcher son vélo.

Les bureaux de vote fermeront à 18 heures dans la majorité des 212 communes du département, et à 20 heures à Nantes. Cette consultation, inédite en France, a été voulue par l’exécutif pour mettre un terme au blocage sur ce projet controversé.

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