Otan : Obama réaffirme l’amitié transatlantique

C’est un discours d’amitié et de solidarité que Barack Obama a lancé à la tribune lors de son allocution à Varsovie durant le sommet de l’Otan. Alors que son pays vient d’être frappé par une tuerie de cinq policiers à Dallas, le président américain a voulu faire preuve d’unité, notamment dans son approche de l’alliance transatlantique. L’Europe pourra « toujours » compter sur les États-Unis, a clamé ce samedi Barack Obama à l’issue de cette rencontre qui a affiché un front uni face au défi du terrorisme et à la Russie. « Dans les bons comme dans les mauvais jours, l’Europe peut compter sur les États-Unis. Toujours », a assuré Obama, sur le départ pour la Maison-Blanche.

Mais il n’a pas manqué de rappeler aux alliés qu’ils ne devraient pas se reposer complètement sur les États-Unis pour leur sécurité. « Chacun doit se prendre en main et faire mieux », a-t-il souligné, dans un avertissement voilé à tous ceux qui traînent les pieds pour augmenter leur budget défense.

Unité comme mot d’ordre

Deux ans après le sommet de Newport (Pays de Galles), qui avait pris acte de la nouvelle donne en Europe après l’annexion de la Crimée, l’Otan a parachevé à Varsovie sa nouvelle posture stratégique à l’Est. Les 28 chefs d’État et de gouvernement ont décidé de déployer quatre bataillons dans les États baltes et en Pologne, soit environ 4 000 hommes, un défi sans précédent envers Moscou depuis la guerre froide.

Cependant, tout au long du sommet, l’Otan et ses leaders ont réaffirmé leur volonté de dialogue avec Moscou, estimant que la Russie ne représentait pas de « menace immédiate ». « Nous sommes unis », a déclaré le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg. « D’habitude, les sommets de l’Otan, c’est 99 % d’ennui et 1 % d’hystérie. Là, rien de tel, ça a été un sommet assez consensuel », a confirmé un diplomate français.

Le renforcement de l’Otan repose aussi sur une série d’exercices – 240 cette année – et l’instauration d’une force « fer-de-lance » déployable en 48 heures, autant de manières de montrer le muscle après les agissements russes en Ukraine. Cependant, « on doit garder un dialogue ouvert avec la Russie parce qu’on doit débattre de la Syrie, de l’Irak, de pas mal de dossiers à travers le monde », a relevé le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders.

Engagement en Afghanistan

Le Brexit a continué aussi de susciter des interrogations. Barack Obama a balayé toutefois les hypothèses d’un éventuel retour en arrière, notant qu’il fallait se résoudre à le voir « entrer les faits ». De son côté, le président français François Hollande s’est inquiété d’une potentielle « remise en cause » du lien entre les États-Unis et l’Europe à l’issue de la présidentielle américaine à l’automne 2016. « Les élections qui vont avoir lieu aux États-Unis ne doivent pas remettre en cause ce lien », a-t-il déclaré dans une allusion au candidat républicain Donald Trump et ses promesses populistes.

Le Premier ministre britannique démissionnaire David Cameron a réaffirmé l’attachement de son pays à l’Otan, nullement affecté par le référendum en faveur de la sortie de l’UE. Il a notamment annoncé que le Parlement britannique voterait le 18 juillet sur le renouvellement des quatre sous-marins nucléaires Trident. « La dissuasion nucléaire demeure à mon avis essentielle, non seulement pour la sécurité de la Grande-Bretagne, mais […] pour la sécurité globale de l’Otan », a-t-il observé.

Par ailleurs, l’Otan a confirmé samedi la prolongation de sa mission Soutien résolu (Resolute Support, 12 000 hommes) en Afghanistan en 2017. Ses États membres se sont engagés aussi à soutenir financièrement jusqu’en 2020 les forces de sécurité de ce pays, confrontées aux rebelles talibans et aux djihadistes d’Al-Qaïda et du groupe État islamique. Sur le front sud, l’Otan va aussi s’associer à la lutte contre le groupe État islamique en formant des soldats irakiens en Irak et en fournissant des avions de surveillance AWACS.

Dans le centre de Varsovie, quelque 200 militants pacifistes de gauche ont manifesté contre l’Otan au mot d’ordre « Oui à la paix, non à l’Otan », sous une importante surveillance policière. Le prochain sommet de l’Alliance se tiendra en 2017 à Bruxelles, au nouveau quartier général de l’organisation.