Motion de censure : ces quatre frondeurs qui ont renoncé

Deux signatures. Il leur a manqué deux petits gribouillis pour déposer une motion de censure à l’Assemblée. Même si elle n’avait aucune chance d’aboutir (pour renverser le gouvernement, la motion doit être votée par 290 députés), le symbole aurait été fort. Une gauche qui se retourne contre son propre camp, quand la droite ne prend même plus la peine de réunir les 58 signatures nécessaires. Cela s’est joué à peu. Curieusement, quatre signataires socialistes de la première motion de censure du 11 mai dernier ont refusé de réitérer l’expérience. Il s’agit de Yann Galut, Isabelle Bruneau, Alexis Bachelay et Laurent Kalinowski.

Pour se justifier, ils invoquent la décision du conseil national d’exclure du parti les députés votant la motion. « Nous avons réuni les signataires de la première motion mardi après-midi. Dès le départ, j’ai dit que je ne signerais pas. Valls veut nous exclure du PS. Il aurait été trop content : la motion n’aboutissait pas et en plus il nous virait du parti. Je n’ai pas voulu lui donner de gages. Je veux rester au PS », affirme Yann Galut. Pour Isabelle Bruneau, la situation est différente de celle du 11 mai. « Ma première signature était une réponse institutionnelle face à la brutalité institutionnelle, le 49.3. L’objectif était de forcer le Premier ministre au dialogue avec ses parlementaires. Cela n’a pas marché. Cette fois-ci, c’est un coup d’épée dans l’eau. Cela n’aurait eu aucun impact. » La députée se défend de toute pression subie : « Je n’ai pas été achetée. Mais il est hors de question qu’on me vire ! »

Un candidat de La Fabrique à la primaire

Les parlementaires sont remontés contre Manuel Valls, qui est rendu coupable de tous les maux de la gauche. « Pour moi, Valls, c’est Monsieur 5 %. Il a fait un coup d’État au sein du PS », s’agace Yann Galut. Isabelle Bruneau renchérit : « Il est dans un storytelling de destin présidentiel, il ferait mieux de démissionner. » Pour résumer, pour Alexis Bachelay, choisir de ne pas signer était en fait… l’attitude la plus mature : « On ne veut pas entrer dans l’analyse de deux gauches irréconciliables. Le Premier ministre cherche à casser et à cliver. On a voulu sortir de ce bras de fer et reposer le débat dans une logique plus constructive. Tout ça est violent et mortifère, la gauche mérite mieux. »

Chacun leur tour, ils martèlent qu’ils feront entendre leur voix lors de la primaire organisée en janvier. « La réponse au 49.3, ce n’est pas la motion, mais la primaire. Je ne soutiendrai pas François Hollande », explique Yann Galut. Alexis Bachelay dit vouloir que « le débat se règle devant les citoyens, et pas dans les couloirs de l’Assemblée ». Sa motion, La Fabrique, se refuse à soutenir François Hollande. Il glisse : « Peut-être que l’on présentera un candidat… »