Les jardins secrets de Paris #3 : le jardin alpin

Si le jardin du Muséum d’Histoire naturelle est bien connu, son jardin alpin l’est nettement moins. Pas étonnant. Coincé entre la Ménagerie et l’allée centrale, il faut déjà trouver l’accès à cette bande de terre où poussent de 2 500 à 3 000 plantes représentatives de la flore d’altitude… sur tous les continents. Seul un tunnel permet d’entrer dans ce qui était à l’origine une pépinière (un jardin de couche) et de découvrir les collections de plantes carnivores ou les fougères.

Il faut suivre ensuite les rails sur lesquels circulaient autrefois les wagonnets des jardiniers. Pour Michel Flandrin, le responsable du jardin alpin depuis 1989, cette parcelle de 4 000 mètres carrés est carrément « la pépite du jardin des Plantes ! ». Pousse ici une multitude de plantes de montagne : de la plus minuscule qui a mis plus de soixante ans à tapisser son rocher, au remarquable metasequoia planté en 1947, et provenant du Sichuan chinois.

Un jardin d’étude bien référencé

Aucune plante n’est arrivée ici par hasard. S’il y fait bon lire et flâner entre la parcelle des Cévennes et le Caucase, pour les scientifiques, c’est un jardin d’étude, le fruit d’échanges de graines entre jardins botaniques du monde entier.

Au fait, qu’est-ce qui distingue un jardin botanique d’un autre ? L’étiquetage des plantes ! C’est un atout précieux pour qui ignore tout de la flore des Alpes et de l’Himalaya. Pour l’étiqueteur en revanche, c’est une gageure que de vérifier la présence et l’emplacement des étiquettes surtout quand les corneilles s’amusent à les arracher. Les plus anciennes sont en zinc, gravées de chiffres et de lettres, presque aussi indéchiffrables qu’un message codé. Elle sont peu à peu remplacées par des étiquettes en plastique. Ou, quand les plantes ont disparu, elles sont accrochées sur les branches d’un arbre tortueux et se balancent au vent, un peu comme un arbre à rêves.

Le jardin alpin abrite bien d’autres curiosités, comme les deux premiers plants de kiwis introduits en France. C’était en 1905, on appela leur fruit « souris végétale », ce qui n’incita personne à y goûter. Au jardin alpin, la récolte à Noël fait partie des traditions, le partage de dizaines de kilos de kiwis récoltés aussi.

47 rue Cuvier, 75005 Paris. Ouvert tous les jours, accès gratuit. Visites guidées les 1er et 3e jeudis de chaque mois.