Quand les couteaux tranchent dans le temps

Le monde des collectionneurs d’objets de luxe est peuplé de créatures étranges…mais qui se ressemblent. Du moins, celles qui collectionnent les jouets pour hommes, adeptes de la précision, du soin du détail qui éveille le mâle épicurien. Parmi ces fantasmes et plaisirs, se trouvent aussi bien l’automobile de luxe que l’horlogerie et, bien souvent, les couteaux. Tous aussi inutiles les uns que les autres au XXIe siècle. Donc rigoureusement indispensables  !

Couteaux mais contemporains

Un salon dédié aux couteaux de collection, le FICX (Forum International du Couteau Contemporain) en rassemble les amateurs. Pendant deux jours, à la rentrée, il dévoile le meilleur des fines lames d’aujourd’hui, dont certaines ne cachent pas leurs affinités horlogères. Il faut dire que les passerelles entre les deux univers sont évidentes, multiples, et permettent à l’amoureux de belles tocantes d’élargir son univers de collectionneur de manière cohérente.

Parmi les trouvailles détectées, trois marques sortent du lot. Alain Valette est la première. L’homme est doté d’une imagination mécanique qui frise le génie – ou la folie, au choix. Sa dernière invention  ? Eureka, un couteau dont le corps est réalisé à partir d’authentiques composants horlogers et dont la lame se déplie à l’aide d’une couronne, à l’image d’un remontoir. Ludique, technique, la pièce s’inscrit dans un vaste projet d’Alain Valette, Le Rêve de Chronos, dont le couteau lie passé, présent et avenir.

Astronomie tranchante

Alain Grangette est un autre féru de lames et d’horlogerie – ou, dans son cas précis, d’astronomie. L’homme a conçu un couteau intégrant un cadran solaire. On retrouve dans sa création toute la terminologie horlogère  : platine en titane, finition perlée, inserts en nacre, vis bleuies, etc. Au centre du manche se niche un véritable cadran solaire qui se déploie grâce à un mouvement miniaturisé et caché. On est ici proche, très proche, des automates qui ont fait les grandes heures de l’horlogerie mécanique de la fin du XVIIIe siècle, associé à un pur métier d’art niché dans la Creuse. Et le cadran solaire est évidemment fonctionnel  !

Deux derniers artisans se distinguent également par leur mariage de coutellerie et d’horlogerie. Au-delà des Alpes, il y a Corrado Moro. Sa création «  Tourbillon  » se déplie de manière traditionnelle mais sa charnière évoque, quoique de manière relativement lointaine, un tourbillon horloger. Enfin, en France, Cyrille Lièvre propose quelques intéressantes réalisations pour se faire la main (et la lame), à base de composants horlogers appliqués sur un corps façonné telle une platine. L’inspiration horlo-steampunk s’est greffée sur ce couteau piémontais à lame damas, manche laiton avec éléments d’horlogerie et anneau de bélière mobile… pour seulement 280 euros.