Coignard – Ségolène Royal, candidate virtuelle

Tout seul, devant son plateau-repas. C’est ainsi que les deux auteurs du livre Un président ne devrait pas dire ça… décrivent le chef de l’État dans son palais de l’Élysée. Depuis la parution de l’ouvrage, c’est encore plus vrai. Les courtisans semblent évanouis, comme si la situation fâcheuse dans laquelle François Hollande s’est placé en étalant ainsi ses confidences sur la couleur de ses cheveux comme sur l’exercice du pouvoir était contagieuse. Tous ses amis, les faux mais aussi les vrais, sont désormais trop occupés à tenter de trouver un plan B pour la primaire de la gauche, tant une candidature Hollande ressemblerait à un suicide en direct.

C’est ainsi que le nom de Ségolène Royal resurgit depuis quelques jours. « J’écoute, j’observe. Ça m’amuse. Je remercie tous ceux qui me propulsent », commente l’intéressée dans Le Journal du dimanche. « On cherche quelqu’un pour se sacrifier, il faut que la situation soit vraiment désespérée pour que ceux qui m’ont combattue me redécouvrent », ironise-t-elle. « Si c’était gagnable, on ne viendrait pas me chercher. » Mais à aucun moment elle ne dit non.

Même attitude dans Dimanche en politique sur France 3. Elle tente de détourner la conversation : « Je vais tout vous dire pour sauver la planète et gagner la bataille du climat », répond-elle à Francis Letellier. Mais le journaliste ne se laisse pas enfermer dans ces réponses pré-empaquetées. À propos du succès de la COP21, il lui demande si François Hollande peut en exciper lors d’une candidature : « Je ne pense pas qu’on puisse instrumentaliser les réussites de la France », répond la ministre de l’Écologie. À bon entendeur…

Plus rassembleuse que Valls

D’ailleurs, la candidate de 2007 se contente de temporiser : « Le moment n’est pas venu, assure-t-elle. Pour l’instant, c’est François Hollande qui est candidat. Je l’ai dit aux entourages qui poussaient : il faut arrêter de lancer la campagne avant l’heure. »

Elle tire déjà des plans sur la comète : « Quelle que soit la décision, ensuite il faudra rassembler », lance-t-elle, toujours sur le plateau de France 3. Et boum pour Manuel Valls, dont le caractère clivant, à gauche, n’est pas le moindre des handicaps. Et pour ceux qui n’auraient pas compris, elle enfonce le clou à propos de ses divergences avec le Premier ministre sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. À l’heure du ras-le-bol des policiers, qui s’estiment assaillis par des missions moins prioritaires, elle ne juge « pas judicieux de mobiliser les forces de l’ordre pour un projet qui n’est pas défendable ». Avec 45 % de cote de popularité, une denrée rarissime à gauche, elle a matière à réfléchir.