La création d’entreprise, nouveau pansement Pôle emploi pour enrayer le chômage?

Le nombre de demandeurs d’emploi pour septembre sera connu ce 25 octobre. Pôle emploi s’est fixé comme objectif d’accompagner 70 000 chômeurs vers la création d’entreprise d’ici la fin de l’année. Une nouvelle prestation Activ’Créa est destinée à convaincre les plus hésitants.

Alors que le taux de chômage peine toujours à baisser, Pôle emploi veut désormais inciter davantage de demandeurs d’emploi à créer leur entreprise. D’ici fin 2016, l’opérateur public s’est fixé comme objectif d’amener 70 000 personnes sur le chemin de l’entrepreneuriat. Pour y parvenir, il a lancé le dispositif Activ’Créa en juillet dernier.

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Effectuée par des prestataires extérieurs, différents selon les territoires, cette prestation existait dans le passé sous d’autres appellations. Mais selon une étude parue début octobre, ces dispositifs d’accompagnement à la création d’entreprise étaient très peu utilisés.

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Tout l’enjeu donc, pour Pôle emploi, est de persuader certains chômeurs à franchir le pas. « L’intérêt, c’est de faire émerger toutes les idées que vous avez, rassure une conseillère Pôle emploi, devant un peu plus d’une douzaine de demandeurs d’emploi, à Versailles (Yvelines) en ce début octobre. Pour intégrer Activ’Créa, vous n’avez pas besoin d’idée fixe. Il n’y a pas d’obligation de créer une entreprise à la fin de la prestation ». S’en suit une revue des services auxquels ces potentiels entrepreneurs auront accès. Notamment, « un entretien de diagnostic qui dure 1h45 » suivi de « 10 contacts minimum » avec des experts de la création d’entreprise. Ils peuvent prendre la forme d’entretiens individuels, ou alors d’ateliers collectifs. Le parcours dure trois mois maximum.

« On ne juge pas l’idée »

Pour Cédric, les premiers contacts ont été très positifs. Suite à une rupture conventionnelle avec son ex-employeur, fin 2015, il a décidé d’abandonner le salariat. A 41 ans, il veut créer une entreprise autour de sa passion, la musculation. Problème: il ignore tout des démarches à suivre. « Le conseiller détecte si l’idée est bonne, et il fait preuve de beaucoup de pédagogie, juge-t-il. Comme vous n’avez jamais fait, vous avez peur. Si vous empruntez et que vous vous plantez, il se passe quoi? ». Le jeune créateur connaît désormais la marche à suivre pour concrétiser son projet: identifier ses concurrents et des clients potentiels, l’importance de bien chiffrer son budget, et les pièges à éviter. Il a déjà assisté à deux formations, l’une portant sur la recherche d’investisseurs et l’autre sur les différents statuts juridiques d’entreprise. Il se donne jusqu’à la fin de l’année pour décider de lancer ou non son affaire.

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« On ne juge pas l’idée, précise David Kennedy, responsable de formation chez Nuevo, le sous-traitant vers lequel le Pôle emploi de Versailles dirige ses candidats à l’entrepreneuriat. Ce n’est pas tant l’idée qui fait qu’on réussit que de travailler son projet ». Par exemple, si monter un food truck est plutôt une bonne idée en soi, lancer son business peut être plus compliqué qu’il n’y paraît, à cause des autorisations à obtenir par exemple. Etre déterminé à surmonter ou contourner ces obstacles compte. Lors de l' »entretien de diagnostic », ce professionnel sera donc surtout attentif à la motivation. Pour poursuivre dans Activ’Créa, il faut être prêt à engager des démarches rapidement, c’est-à-dire vouloir monter sa boîte dans les mois qui suivent.

Une course contre la montre?

Et surtout, il faut s’accrocher! Il va falloir apprendre à faire son étude de marché ou son business plan tout seul. « Pour quelqu’un qui n’a pas un bagage scolaire ou qui n’a pas une facilité à être autonome, ça peut être difficile à suivre. S’il l’on n’est pas au fait de ce que veut dire un bilan, l’actif, le passif, c’est un peu ardu », juge Pierre, 34 ans, un ex-opticien qui va lui créer une entreprise dans l’électricité domotique.

Une opinion que partage Sophie. Début septembre, elle a assisté à un premier atelier sur les recherches de financement auprès des banques. « Je suis vite larguée, mais ça m’intéresse énormément », raconte cette femme de 54 ans. Ex-décoratrice dans une enseigne de loisirs créatifs, elle veut devenir démonstratrice indépendante dans les salons professionnels. Toutefois, elle s’inquiète que les ateliers collectifs n’apportent pas toutes les réponses à ses questions. Autre déconvenue: parmi les dix « rencontres » promises avec des référents, « il y en aura sûrement sept par téléphone. Les jeunes sont plus habitués à Skype, aux mails mais moi… J’ai besoin de voir les gens. Les rares fois où je le pourrai, il va falloir que je prépare bien mes questions! ».