Pologne: l’UE va se pencher sur le respect de l’Etat de droit

Bruxelles – L’Union europenne va lancer une premire tape d’valuation contre la Pologne dans le cadre d’une procdure, encore jamais utilise, visant faire face toute menace contre l’Etat de droit au sein d’un Etat membre, aprs le vote d’une loi controverse sur les mdias publics.

L’UE brandit ainsi la menace d’un recours à une procédure mise en place en mars 2014, « outil d’alerte précoce » – selon le vocabulaire alors employé – pour se prémunir contre des « menaces systémiques envers l’Etat de droit« , dont le gouvernement conservateur polonais issu des élections de mi-novembre pourrait être le premier à faire les frais.

Pour sa rentrée, la Commission, à la demande de son président Jean-Claude Juncker, va organiser une discussion sur la situation de l’Etat de droit en Pologne.

« Le débat à la Commission le 13 janvier ouvre la phase d’évaluation du cadre pour l’État de droit introduit en mars 2014. Il est à ce stade trop tôt pour spéculer sur les prochaines étapes possibles« , a expliqué à l’AFP un porte-parole de la Commission, qui confirmait les déclarations de l’un de ses membres, l’Allemand Günther Oettinger, au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).

Depuis quelques jours, l’exécutif européen multipliait les avertissements. Le vice-président Frans Timmermans a pris la plume à deux reprises « pour demander des renseignements » sur les nouvelles lois portant sur le Tribunal constitutionnel dans un premier temps, et plus récemment sur les médias publics.

« La liberté et le pluralisme des médias sont cruciaux dans une société pluraliste d’un Etat membre respectueux des valeurs communes sur lesquelles l’Union est fondée« , a-t-il écrit au ministre polonais des Affaires étrangères Witold Waszczykowski, dans une lettre en date du 30 décembre que l’AFP a pu consulter.

– ‘Guérir notre pays’ –

« Nous voulons simplement guérir notre pays de quelques maladies afin qu’il puisse se remettre« , a répondu ce dernier dans un entretien au journal allemand Bild à paraître lundi.

La nouvelle loi a été voté par les deux chambres polonaises les 30 et 31 décembre, dans la précipitation et malgré les protestations internationales.

Elle assure aux conservateurs, de fait, le contrôle des médias publics: les nouvelles dispositions font expirer immédiatement les mandats des instances dirigeantes actuelles de la télévision et radio publiques, laissant au ministre du Trésor la compétence de nommer et révoquer les nouveaux patrons.

« Je suis désolé mais durant les huit dernières années (du gouvernement libéral précédent, ndlr), nous n’avons eu de pluralisme dans les médias même pas pour un sou, et pas un seul commissaire européen, pas un seul député européen ne l’a déploré« , a rétorqué à la télévision privée TVN24 Marek Magierowski, le chef du bureau de presse de la présidence polonaise.

« Nous remplaçons les chefs de groupes de médias parce qu’avant tout la télévision publique et, en partie aussi, la radio publique sont devenues jusqu’au fond des médias du parti » libéral, a-t-il ajouté. Il n’a ensuite pas exclu que le président Andrzej Duda puisse signer dès lundi la loi.

En tête des voix discordantes en Europe, l’Allemagne a vu ses relations avec le gouvernement dirigé par le parti Droit et Justice (PiS) rapidement se dégrader, alors même que la chancelière Angela Merkel avait félicité « chaleureusement » la Premier ministre Beata Szydlo lors de sa nomination.

Le 14 décembre, l’Allemand Martin Schulz, président sociale-démocrate du Parlement européen, avait parlé de « coup d’Etat » et de situation « dramatique » en Pologne après les premières mesures prises par le nouveau gouvernement.

Plus largement, les relations entre Berlin et Jaroslaw Kaczynski, le chef du PiS connu pour sa germanophobie, sont compliquées. Il a, au fil des années, accusé Mme Merkel de vouloir « la soumission de la Pologne » dans un livre en 2011 ou encore comparé en 2007 l’Allemagne actuelle avec celle du début des années 30, juste avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir.

La nouvelle procédure sur le cadre pour l’Etat, prévoit, en théorie, une recommandation de la Commission dans un deuxième temps, si le problème n’a pas trouvé de solution satisfaisante lors de la phase d’évaluation.

Les ambitions du Christofle, maître de l’argent

Ceux qui croient encore que Christofle ne fait que des couverts de grand-mère ou des plateaux en argent risquent d’avoir un choc en poussant la porte de l’une de ses boutiques. Candélabres futuristes et cubiques, couverts aux lames gravées au laser, disques durs d’ordinateur…, on est bien loin de l’image d’Épinal qui cantonnait la griffe aux listes de mariage. « Nous équipons aussi bien les palais que les branchés », glisse Olivier Frémont, le nouveau président de Christofle. En effet, l’orfèvre joue sur tous les fronts en se diversifiant doucement mais sûrement.

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Près de deux cents ans d’existence

Malgré près de deux cents ans d’existence, le chantre des arts de la table propose des collections d’une folle modernité. Un éventail qui va de la petite cuillère à fraise, pour les puristes, aux accessoires de déco, en passant par les bijoux, un nouvel axe fort dans son développement.

La griffe, qui mise sur cet univers, vient d’ouvrir une boutique qui lui est entièrement consacrée. Dans cet écrin niché rue du Four, au cœur de Saint-Germain-des-Prés, on peut découvrir des collections inspirées, mélangeant les bijoux en argent, en or ou même pavés de diamants. De quoi ravir une clientèle nouvelle, hétéroclite, moins bourgeoise et plus jeune.

Cette diversification est amplifiée par l’énergie débordante du directeur artistique de la maison depuis 2013. Stéphane Parmentier, qui a fait ses armes chez Lanvin, Karl Lagerfeld et Givenchy, avant de devenir architecte d’intérieur, revisite les collections Christofle avec un côté résolument moderne et un supplément d’âme : « Je veux qu’on regarde la marque sous un autre angle. Ma mission est d’apporter une modernité durable. Prenez les couverts Malmaison. Avec leur côté très rock, contemporain, ils prouvent qu’une marque forte arrive à être sur le fil du rasoir et à naviguer. »

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Designers de renom

La griffe multiplie les collaborations avec des designers, du Studio Putman à Marcel Wanders, en passant par Ora-ïto. « Il faut trouver un juste équilibre. Nous disposons de gens formidables qui fouillent dans les archives comme dans un grenier familial. Ce sont ces forces vives qui s’approprient la marque et son patrimoine », confie Olivier Frémont.

La stratégie consiste aussi à viser toutes les bourses. En janvier, Christofle va lancer une collection avec le designer ultra-coté Éric Schmitt qui commencera à 120 euros. « Le renouveau passe aussi par des collections plus branchées, nos bijoux et le Mood », lâche Stéphane Parmentier. L’objet qui signe la nouvelle identité de la marque est sans conteste le Mood, « bébé » d’Olivier Frémont. Sous le couvercle de cet œuf en acier se trouve la ménagère 3.0. Comme à la cantine mais en version chiquissime, il s’agit de piocher son couvert dans cet œuf disposé sur la table. Avec cette trouvaille, Christofle bouleverse les codes habituels et réinvente la table de demain. « Il s’agissait de replacer les couverts dans notre quotidien avec un packaging sexy et fonctionnel qu’on ait envie de poser sur un plan de travail à côté de sa machine à café design. Nous sommes dans l’ère du mix and match, l’art de mélanger les styles. On entre dans une dimension plus décorative et moins formaliste que du temps de nos parents. À nous d’arriver à twister nos racines », détaille le président de Christofle. « Christofle est une marque très intime, avec une dimension de beau populaire qui infuse les histoires familiales avec des timbales et des coquetiers qu’on se transmet. Nos produits sont accessibles sans transiger sur la qualité », poursuit Stéphane Parmentier.

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Made in Normandie

En effet, chaque pièce d’orfèvrerie est façonnée à Yainville, en Normandie, par des artisans chevronnés et plusieurs Meilleurs Ouvriers de France. Il y a près de deux cents ans, Charles Christofle, le fondateur, avait déjà le sens de la formule en répétant à l’envi : « Une seule qualité, la meilleure ! » Sous l’impulsion de ses éminences grises et créatives, l’orfèvre parvient à brouiller les pistes et à surprendre avec des collections dans l’air du temps. De quoi illustrer la devise des Arts décoratifs : le beau dans l’utile. « Et décomplexer l’usage de l’argent au quotidien », conclut en souriant Olivier Frémont.

#TwitterAgainstWomen, un hashtag pour que le cyberharcèlement ne soit plus impuni

Une simple recherche dans la barre du réseau social, et ce sont des centaines de tweets ouvertement misogynes, incitant à la violence physique et sexuelle envers les femmes, qui s’affichent. Pour que les auteurs de ces messages n’agissent plus en toute impunité, le collectif Féministes contre le cyberharcèlement a lancé ce dimanche une campagne incitant Twitter à s’engager contre le sexisme décomplexé de certains internautes via le hastag #TwitterAgainstWomen (#TwitterContreLesFemmes en français).

Dans un communiqué, le collectif dénonce le silence «complice» du site qui, en faisant preuve «de laxisme dans sa modération», laisse prospérer «la culture du viol et la normalisation de la violence misogyne et raciale» sur le Web, les attaques visant souvent des jeunes femmes noires ou maghrébines.

Nous réclamons par ce communiqué une réaction de @TwitterFrance face au cyber harcèlement, RT #TwitterAgainstWomenpic.twitter.com/htlnXsWCe9

— FeminismVsCyberBully (@VsCyberB) January 3, 2016

«Des victimes très jeunes, vulnérables et isolées»

«Les victimes sont souvent très jeunes, vulnérables et isolées ; elles n’ont que rarement conscience de leurs droits», peut-on lire dans le texte, qui souligne que ces violences virtuelles «majoritairement impunies» ont des conséquences bien réelles, pouvant aller jusqu’à la dépression ou même le suicide. Selon le collectif, Twitter aurait pourtant les moyens de censurer les messages sexistes, passibles d’une peine de six mois de prison et de 22 500 euros d’amende en suspendant les comptes des auteurs, comme cela a été le cas récemment avec un compte «spoilant le dernier Star Wars». Le compte en question aurait en fait été suspendu à cause d’une photo de profil jugée violente.

Le mot-clé #TwitterAgainstWomen est devenu l’un des plus populaires dimanche, des centaines d’internautes, hommes et femmes, l’utilisant pour partager des publications ouvertement misogynes et pourtant toujours accessibles en ligne. Le collectif à l’origine de la campagne a aussi invité ses soutiens à changer leur photo de profil pour la remplacer par un logo reprenant le petit oiseau bleu de Twitter.

La misogynie est omniprésente…et @TwitterFrance continue de fermer les yeux. #TwitterAgainstWomenpic.twitter.com/bXdWHTjyCz

— Hérétique (@Sansdieux) January 3, 2016


En novembre, Libération publiait le témoignage de Kelly, 14 ans, cyberharcelée, à relire ici.

LIBERATION

Une barge à la dérive en mer du Nord menace un gisement de BP

Oslo – Une immense barge drivait jeudi vers le gisement ptrolier Valhall en mer du Nord, exploit par le groupe BP qui a vacu par prcaution plusieurs dizaines d’employs.

Les amarres de la barge, longue de 110 mètres et large de 30, ont cédé par gros temps mercredi soir dans les eaux britanniques en direction de la Norvège.

« La barge dérive désormais plus lentement et sa trajectoire a un peu évolué, dans un sens plus favorable« , a indiqué à l’AFP Jan-Erik Geirmo, porte-parole de BP Norvège, peu avant 09H30 (08H30 GMT).

Un remorqueur a été dépêché pour tenter de stabiliser la barge mais la tempête rendait les opérations périlleuses.

150 employés du groupe ont été évacués par hélicoptère vers des plateformes des gisements voisins Ula et Gyda. 85 personnes ont été maintenues sur place.

Entré en production en 1982, le gisement Valhall est détenu à 35,95% par BP et 64,05% par la filiale norvégienne du pétrolier américain Hess Corporation.

Sa production moyenne devrait atteindre en 2015 près de 39.000 barils par jour pour des réserves estimées à 248,1 millions de barils et 6,95 milliards m3 de gaz.

Joyeuses fêtes – Les homards de Bretagne de Vincent Doucet

Ses cinq bateaux avec un seul homme à bord s’aventurent de mars à décembre deux fois par semaine entre Cherbourg et Brest pour remonter à marée basse les casiers qu’ils ont déposés au fond de l’eau quelques jours auparavant. Du nord du Cotentin à la pointe de Bretagne en passant par la Manche, Vincent Doucet s’adonne à la petite pêche artisanale à l’ancienne pour ses homards qui doivent « avoir la carapace dure, être pleins et posséder des antennes impeccables ».

Les crustacés, qui pèsent entre 600 grammes et 1 kilo pièce, rejoignent ensuite Plérin, dans les Côtes-d’Armor, pour se dégourdir les pinces dans des viviers remplis d’eau de mer filtrée à 8-10 °C, température identique à celle de leur milieu naturel. Une séance de thalasso de soixante-douze heures avant de rallier leur destination finale : les plus grandes tables de l’Hexagone.

Les Viviers d’Arvor, 29, rue Hélène-Boucher, Plérin (Côtes-d’Armor).

02.96.73.96.81.

La Grande Maison - Robuchon © Julien Faure DRLa Grande Maison - Robuchon © Julien Faure DR
Joël Rebuchon, La Grande Maison, à Bordeaux. © Julien Faure DR

La recette de Joël Robuchon, chef de La Grande Maison, Bordeaux

Homard au sauternes

Pour 4 personnes

Au marché

2 homards de 800 grammes à 1 kilo pièce de Vincent Doucet, 2 grosses carottes, 1/2 concombre, 8 gros champignons, 80 cl de sauternes « de ma Fille » Bernard Magrez, 12 cl de jus d’orange, 150 g de beurre, 4 fines tranches de gingembre frais, 20 filaments de safran, 2 cuillères à soupe de persil plat haché, 1/2 citron, sel, poivre du moulin.

Au fourneau

Avec une petite cuillère à pomme parisienne de 5 millimètres de diamètre, préparer 80 miniboules de carotte, autant de concombre et de champignon. Arroser les champignons avec du jus de citron. Réserver. Tailler le gingembre en fine julienne. Réserver.

Passer les homards sous l’eau froide. Dans un autocuiseur, réunir les homards, le sauternes, le jus d’orange, le beurre, les miniboules de légumes, le gingembre et le safran. Disperser quatre pincées de sel et généreusement du poivre. Fermer la cocotte. Mettre sur feu vif. Compter trois minutes à partir de la mise sous pression. Laisser quatre minutes hors du feu avant d’ouvrir.

Sortir les homards. Les fendre en deux dans le sens de la longueur. Éliminer le boyau noir et la poche sableuse de la tête. Ramener à ébullition le jus de cuisson et le réduire d’un tiers. Rectifier l’assaisonnement.

Dressage

Sur une grande assiette chaude, disposer une queue de homard et harmonieusement 20 miniboules de chaque légume. Napper l’ensemble du jus de cuisson. Parsemer de persil.

Autour du Homard à La Grande Maison © Rodolphe ESCHER DRAutour du Homard à La Grande Maison © Rodolphe ESCHER DR
Autour du Homard à La Grande Maison © Rodolphe ESCHER DR

Les vins d’Estelle Touzet

Budget raisonnable : meursault Ballot Millot, 2013. « Un chardonnay sur un jeune millésime à la fois dense et généreux. »

Budget de fêtes : Château Rieussec 1990 ou 1997. « Un sauternes complexe et enivrant qui révèle des notes d’orange confite. »

Corse : il suffisait d’une étincelle

Il y a quelque chose de pourri au royaume d’Ajaccio. Depuis quatre-vingt-seize heures flotte une odeur rance dans les rues de la cité impériale. Des effluves nauséabonds produits par des tensions lentement macérées. Dimanche, le préfet de Corse a décidé de mettre un terme aux débordements, en interdisant les manifestations qui se déroulent depuis trois jours dans le quartier des Jardins de l’Empereur. Manifs organisées contre l’agression planifiée, dans la nuit de jeudi à vendredi, d’une équipe de pompiers venus éteindre un feu allumé à dessein.

Les auteurs de l’incendie ? «Quelques voyous qui posent problème depuis des années», d’après le député et maire (LR) de la ville, Laurent Marcangeli. En plus du feu, des jets de pierres, des coups de clubs de golf dans le pare-brise des pompiers, et des insultes – «Sales Corses, dégagez du quartier» – balancées par des individus que les services d’enquête ne sont pas encore parvenus à identifier. Deux personnes ont néanmoins été placées en garde à vue, sans que leur implication, dimanche en fin d’après-midi, n’ait été établie formellement.

Cette triste première en Corse, où les soldats du feu sont «sacrés», a suscité une intense émotion. Mais l’élan de solidarité s’est rapidement transformé en vindicte populaire, dirigée contre la population des Jardins de l’Empereur en particulier, et les musulmans en général. Une dizaine de manifestants s’en sont ainsi pris à une salle de prière et à un vendeur de kebab, situés non loin de ce quartier populaire qui abrite une importante population d’origine immigrée. Dans les rangs des manifestants, les «Arabi Fora» («Les arabes, dehors») et les «On est chez nous» ont supplanté le soutien aux pompiers.

A l’origine de cette flambée de violence, il y a, bien sûr, l’agression des pompiers. «Quelque chose de très grave, que l’on n’avait jamais vu ici, et que l’on assimile à ce qui se passe dans les banlieues sur le continent», témoigne Charles Voglimacci, président du service départemental d’incendie et de secours. Mais au-delà de cet épisode précis, «on sent des années de rancœur», estime un Ajaccien. Une rancœur dirigée vers les Jardins de l’Empereur, quartier de 3 000 âmes marqué par la pauvreté, le chômage, et dont la population est majoritairement issue d’Afrique du Nord. Un quartier sur lequel police et justice assurent garder un œil, notamment concernant les risques de repli communautaire et de radicalisation, liés à l’enclavement du quartier et au phénomène de «ghettoïsation à petite échelle». Pour autant, les statistiques démentent jusqu’à présent cette inquiétude : 30 faits de délinquance ont été déclarés l’an dernier à l’Empereur, 3 000 dans l’ensemble la ville.

«Fantasme»

Il n’empêche, le quartier fait peur à une frange de la population, déterminée à «ne pas laisser le problème des banlieues s’installer en Corse». «Il y a une part de fantasme. Par exemple, le lendemain des attentats du 13 Novembre, la rumeur a couru qu’une farandole avait été organisée à l’Empereur. Ce qui s’est révélé totalement faux», déplore Laurent Marcangeli. L’élu pointe toutefois «une situation mal gérée» dans le quartier. «Depuis deux ou trois ans, la situation évolue. Les assistantes sociales témoignent de ce changement : les hommes refusent plus fréquemment de leur serrer la main qu’auparavant, les femmes se voilent davantage.»«Nous n’avons pas l’habitude de voir ce genre de choses en Corse. La vie du quartier est devenue plus tendue au fil des ans. Des femmes voilées de la tête aux pieds, des hommes en jellaba, cela alimente le sentiment diffus de division de la société insulaire, et crée une angoisse», témoigne une ancienne enseignante à l’école de l’Empereur.

En Corse, comme ailleurs, l’actualité de 2015 a exacerbé les tensions au sein de la population. Non-musulmans contre musulmans, ces derniers endossant le costume de boucs émissaires devant le risque d’une prétendue «islamisation» de l’île. «L’expression islamophobe est facilitée par le contexte international et national belliqueux», analyse la sociologue du Centre d’analyse et d’intervention sociologiques Marie Peretti-Ndiaye, auteure d’une thèse sur le racisme en Corse. Depuis plusieurs mois, la section corse de la Ligue des droits de l’homme tire ainsi la sonnette d’alarme «face à la succession d’événements qui mettent en accusation les étrangers, surtout s’ils sont arabes et musulmans». De fait, ces derniers mois ont été marqués par quelques épisodes peu glorieux aux quatre coins de l’île. En juin, une école de Prunelli-di-Fiumorbo, dans l’est de la Corse, décide de faire chanter Imagine de John Lennon aux enfants pour la kermesse de fin d’année. Dans cinq langues, dont l’arabe. Une version musicale du «vivre-ensemble» qui déplaît à certains parents, au point qu’ils menacent de perturber les festivités. Bilan : deux institutrices «dégoûtées» et une kermesse annulée. A la rentrée des vacances d’été, une manifestation «antimigrants» est organisée à Bastia par Jean-François Baccarelli, homme politique inclassable, président de l’Alliance écologiste dans l’île et candidat aux dernières municipales dans la seconde ville de Corse. Presque 200 personnes participent au rassemblement et brandissent une pancarte évocatrice «Hollande, les immigrées dans ton cul». Quelques jours plus tard, retour à Ajaccio. La célébration de l’Aïd el-Kebir sur un terrain prêté par la municipalité d’Ajaccio est annulée par les représentants locaux du Conseil français du culte musulman, pour ne pas «créer de problème». «Il me semblait tout à fait normal que les musulmans d’Ajaccio puissent célébrer l’Aïd, ils n’ont pas à vivre leur foi clandestinement», raconte Laurent Marcangeli. Une délégation de jeunes gens, autoproclamés défenseurs des «racines chrétiennes de la Corse», tendance extrême droite, demande à être reçue à la municipalité. «Ici, nous sommes en terre chrétienne, nous n’avons rien contre les musulmans, mais ils n’ont qu’à prier chez eux», expliquent les intéressés. Le maire coupe court : «J’ai bien évidemment refusé de les recevoir, je ne discute pas avec les fachos.»

«Défiance»

Le discours de rejet, cependant, fait son chemin. Notamment sur les réseaux sociaux, où fleurissent des théories du complot et une mise en cause des autorités locales et nationales face au «problème de l’islam radical». «Elles trouvent malheureusement un écho auprès d’une population qui n’a pas ces idées-là, mais qui adhère à une partie du message», constate Laurent Marcangeli. «Dans le cas des événements de ces jours-ci, analyse Marie Peretti- Ndiaye, les discours des manifestants indiquent clairement qu’il se joue quelque chose autour du rapport au maintien de l’ordre, comme s’il revenait aux citoyens de l’assurer. Cette expression de défiance vis-à-vis des institutions paraît favorable au racisme.» Pour autant, la chercheuse rejette l’idée d’un racisme spécifique à la Corse : «La société corse est soumise à des changements importants et les manifestations du racisme s’adaptent à ces changements, ici comme ailleurs.» Au niveau national, la négation de la spécificité insulaire a pourtant du mal à passer. «Comme d’habitude, on fait la une et les médias ne retiennent que le pire. Le message de soutien aux pompiers a été totalement occulté par les idiots qui crient « Les arabes, dehors »», peste une jeune Ajaccienne. Les nationalistes, fraîchement élus à la tête de l’Assemblée de Corse, ont également été pointés du doigt par les analystes continentaux. «Sur Radio France, on m’a demandé s’il y avait un lien entre l’accession des nationalistes au pouvoir et les manifestations à l’Empereur. Je ne vois pas le rapport», s’étonne Laurent Marcangeli. «Les personnes qui n’attendaient qu’une étincelle pour que la situation s’embrase se réclament d’un certain corsisme, mais ils semblent davantage liés à des groupuscules d’extrême droite», selon l’édile. «Le score du FN, porté par des têtes de liste inconnues et qui ne connaissent rien aux dossiers locaux, est d’ailleurs inquiétant. Le parti frontiste a fait 2 700 voix à Ajaccio, ce qui est un chiffre très important», note un observateur de la politique insulaire.

«Tolérance»

Le président de l’Assemblée et celui du Conseil exécutif se sont pourtant pliés à l’exercice. Le premier, Jean-Guy Talamoni, pour qui la piste indépendantiste est «farfelue», a rappelé que «la Corse avait instauré la tolérance religieuse au XVIIIe siècle et n’avait déporté aucun Juif pendant la Seconde Guerre mondiale». Gilles Simeoni a, pour sa part, estimé que «ces actes racistes sont totalement contraires à la Corse que nous voulons construire». Dans son discours d’installation à la tête de l’exécutif, il avait déjà tenu un discours d’ouverture, parlant d’un «peuple corse ouvert, fraternel, solidaire, désireux de continuer à intégrer, comme il l’a fait depuis des siècles, celles et ceux qui, quelle que soit leur origine, leur religion ou leur couleur de peau, choisissent de vivre dans cette île, d’en apprendre la langue, d’en partager les passions, les rêves et les espoirs». Un programme qui sera manifestement plus compliqué que prévu à tenir.

Par Kael Serreri Correspondance en Corse

La Chine expulse une journaliste française en poste à Pékin

Pkin – La correspondante Pkin de l’hebdomadaire franais L’Obs, Ursula Gauthier, a annonc avoir t informe vendredi par les autorits chinoises qu’elle serait de facto expulse le 31 dcembre, devenant le premier journaliste tranger subir ce sort depuis 2012.

Le ministère français de la Culture a rappelé son « attachement à la défense de la liberté d’expression » et dit chercher les voies d’un « dialogue » avec la Chine, qui permettrait de trouver une solution d’ici le 31 décembre.

En poste dans la capitale chinoise depuis six ans, Mme Gauthier est l’objet depuis un mois de virulentes attaques de la part de médias d’Etat et d’officiels à la suite d’un article sur la politique décrite comme répressive suivie au Xinjiang, vaste région en majorité musulmane de l’ouest de la Chine.

Le ministère chinois des Affaires étrangères lui a téléphoné vendredi pour l’informer que, faute d' »excuses publiques » de sa part, sa carte de presse ne serait pas renouvelée, a déclaré la journaliste à l’AFP.

« On m’a confirmé que si je ne faisais pas publiquement amende honorable (…) tout en me désolidarisant des ONG » étrangères ayant pris sa défense, « ma carte de presse ne sera pas renouvelée et mon visa expirera le 31 décembre« , ce qui l’obligera à quitter le territoire chinois, a-t-elle raconté.

Ursula Gauthier avait déjà signifié aux autorités que de telles excuses étaient à ses yeux « hors de question » et « impensables« . Le refus de renouveler un visa de journaliste vaut expulsion.

C’est le premier correspondant étranger en Chine à faire l’objet d’une telle mesure depuis l’expulsion en 2012 de Melissa Chan, qui travaillait pour la chaîne de télévision Al Jazeera.

L’article mis en cause -publié sur le site internet de L’Obs et intitulé « Après les attentats, la solidarité de la Chine n’est pas sans arrière-pensées« – se penchait sur la réaction de Pékin après les attaques meurtrières du 13 novembre à Paris.

Ursula Gauthier y décrivait les mesures répressives et la politique « antiterroriste » des autorités chinoises au Xinjiang, région en proie depuis deux ans à une recrudescence de violences. C’est le berceau de la minorité musulmane turcophone des Ouïghours, dont beaucoup dénoncent des discriminations ethniques, culturelles et religieuses grandissantes à leur encontre.

Le texte a suscité la vindicte des autorités chinoises, qui ont considéré qu’il revenait à justifier les violences survenant au Xinjiang, qu’elles qualifient invariablement d' »actes terroristes« .

Deux journaux officiels, le Global Times (lié au Parti communiste) et le China Daily, ont rédigé des éditoriaux incendiaires dans lesquels ils reprochent à la journaliste d’user de « deux poids deux mesures » en ce qui concerne le terrorisme.

Cette virulente campagne très orchestrée s’est accompagnée sur de nombreux sites internet et forums de milliers de commentaires, souvent injurieux, voire menaçants, d’internautes chinois.

– ‘Diffamation et intimidation’ –

« L’article a critiqué l’action antiterroriste de la Chine, dénigré et diffamé les politiques chinoises, provoquant la vive indignation du public chinois« , a déclaré début décembre Mme Hua Chunying, porte-parole de la diplomatie chinoise, au cours d’un point de presse régulier.

La journaliste a été convoquée par trois fois au département du ministère des Affaires étrangères chargé des médias étrangers.

« Après la mise au pas générale de la presse chinoise » depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, Pékin entend avec cette expulsion « intimider les correspondants étrangers, notamment sur les questions concernant les minorités, particulièrement au Tibet et au Xinjiang« , estime Ursula Gauthier.

Les journalistes étrangers en Chine subissent fréquemment pendant leurs reportages des entraves de la part des forces de l’ordre, empêchés de se rendre dans certaines régions ou de rencontrer des sources sur des sujets « sensibles« .

Les autorités françaises, en la personne de l’ambassadeur à Pakin Maurice Gourdault-Montagne, sont intervenues pour tenter de faire revenir les autorités chinoises sur leur décision.

A Paris, le ministère de la Culture a indiqué être « en lien étroit avec le ministère des Affaires étrangères pour essayer de trouver les voies d’un dialogue qui permette de trouver une solution favorable d’ici le 31 décembre« .

« Il y a encore une semaine pour que le dialogue s’instaure et pour éviter l’expulsion« , a-t-il noté.

Ursula Gauthier a par ailleurs remis une lettre d’explication, restée sans suite, au Global Times.

Rapidement, le Club des correspondants étrangers en Chine (FCCC) s’était déclaré « profondément inquiet des tentatives d’intimider » la Française.

Reporters sans frontières (RSF) avait pour sa part vivement dénoncé le « lynchage médiatique » et la « campagne de diffamation et d’intimidation » visant la journaliste, et accusé les responsables chinois d’avoir « autorisé un déferlement de haine et d’agressivité (…) afin de servir leur propre rhétorique« .

Ursula Gauthier, qui parle couramment le chinois, avait déjà passé 10 ans en Chine, de 1979 à 1989, avant d’être accréditée en 2009 pour « L’Obs« , anciennement le Nouvel Observateur.

Joyeuses fêtes : que deviennent nos bonnes résolutions ?

 

Adieu, la brioche qui déborde des hanches, les réveils difficiles et la nourriture trop grasse, trop sucrée ou trop salée. En 2016, les Français ont décidé de chausser leurs baskets, de se coucher plus tôt et de manger cinq fruits et légumes par jour. Vraies décisions ou paroles en l’air ? Réponse en 2017.

Selon une étude YouGov basée sur un échantillon de 1 012 personnes, 67 % des Français ont pris de bonnes résolutions pour cette nouvelle année. Parmi eux, ils ne seront que 10 % à tenter d’en appliquer plus de trois. Un tiers des interrogés déclare vouloir perdre du poids quand un quart espère retrouver la forme et dépenser moins d’argent. Seize pour cent essaieront d’arrêter de fumer et de voir plus souvent leur famille et leurs amis.

Grands perdants des résolutions, seuls 8 % des sondés indiquent envisager de changer de travail et de faire du bénévolat, et 5 % soutiendront une bonne cause. 2016 ne semble visiblement pas être placée sous le signe de la philanthropie.

5 % des Français pensent abandonner dès le premier jour

Vouloir changer ses mauvaises habitudes, c’est bien ; le faire, c’est mieux. Sur le panel de personnes interrogées, seulement 15 % affirment ne pas envisager d’abandonner leurs bonnes décisions. Si 39 % ne savent pas à quel moment le temps aura raison de leur bonne volonté, 5 % sont persuadés de céder dès le premier jour. Un constat mitigé.

Alors, bien que devenues un élément à part entière dans le folklore des fêtes de fin d’année, les bonnes résolutions sont un moyen de faire table rase des mauvaises habitudes accumulées. Pas de panique, le plus important n’est pas de toutes les tenir, mais, au moins, d’essayer. La version moderne de la célèbre phrase du baron Pierre de Coubertin : « L’important, c’est de participer ! »

La Bourse de Paris retrouve de la vigueur après plusieurs jours difficiles (+2,34%)

Paris – La Bourse de Paris a termin en forte hausse mercredi (+2,34%), retrouvant de la vigueur grce au rebond des matires premires, dans une sance peu anime en cette priode de ftes.

L’indice CAC 40 a pris 106,93 points à 4.674,53 points, dans un volume d’échanges faible de 2,8 milliards d’euros. La veille, il avait grignoté 0,05%.

Le marché parisien a commencé la séance en nette hausse dans la matinée, avant de gagner encore plus de terrain. Il a été aidé par la bonne tenue de Wall Street qui gardait le cap en début de journée, au lendemain d’une séance très favorable.

« Le marché signe un rebond technique dans une séance sans grand volume d’échanges et après être tombé récemment pas très loin des 4.500 points« , relève Andrea Tuéni, analyste chez Saxo Banque.

Le CAC 40 a relevé franchement la tête après plusieurs séances difficiles en raison notamment de la chute des prix du baril de pétrole.

« Le rebond des cours du pétrole permet au marché de s’offrir un bol d’air« , selon M. Tuéni.

Le prix du baril a ouvert en hausse à New York et a même accéléré après la publication des stocks de pétrole brut aux Etats-Unis qui ont fortement baissé la semaine dernière, contrairement aux attentes.

La hausse de l’indice CAC 40 s’effectue en outre dans un marché en grande partie déserté par les investisseurs à l’approche des fêtes de Noël. La semaine s’achèvera d’ailleurs jeudi par une demi-séance.

Parmi les valeurs, le secteur des matières premières s’est distingué sur le marché parisien, à commencer par ArcelorMittal (+11,08% à 4,17 euros), alors que la Chine veut faire de la réduction de son surplus d’acier une priorité sur les cinq prochaines années, selon des informations de presse.

Par ailleurs, Total a pris 3,19% à 42,12 euros, Technip 5,88% à 47,90 euros et CGG 9,75% à 2,74 euros.

Les valeurs industrielles ont tiré le marché vers le haut à l’image de LafargeHolcim (+3,87% à 46,66 euros), Schneider Electric (+3,62% à 53,84 euros), Engie (+3,64% à 16,51 euros) et Renault (+2,68% à 94,34 euros).

Areva a avancé moins vite que le marché (+1,27% à 5,59 euros). L’agence de notation financière Standard and Poor’s a abaissé sa note de crédit à long terme d’un cran à « B+« , après que le groupe nucléaire a annoncé l’anticipation d’une forte perte en 2015.

Carmat a pris 3,27% à 41,00 euros. Le troisième patient implanté d’une prothèse du coeur artificiel de la société est subitement mort d’un arrêt respiratoire vendredi dernier, mais la prothèse n’est pas impliquée dans son décès, qui serait lié à une insuffisance rénale chronique.

Cac 40 (Euronext)